Personnalité Borderline...

dom1111 Messages postés 1 Date d'inscription lundi 2 mai 2016 Statut Membre Dernière intervention 2 mai 2016 - 2 mai 2016 à 00:31
begonie Messages postés 87328 Date d'inscription mardi 13 avril 2010 Statut Modérateur Dernière intervention 24 novembre 2024 - 2 mai 2016 à 07:06
Mon amie souffrait de cette maladie et s’est suicidée…

Depuis ce jour-là, je cherche à comprendre son geste.
Je l’aimais…

Elle avait réussi à maîtriser ses émotions et lorsque nous nous sommes rencontrés, j’ai été très marqué par son enthousiasme et sa joie de vivre…


« Avoir une personnalité borderline n’est pas un drame en soi… car après avoir acquis une bonne conscience de ses vulnérabilités, les traits de personnalité d’hier générateurs de difficultés (trouble relationnel, chaos intense, sentiment de vide, rage, etc.) deviennent des générateurs de potentialités (intelligence émotionnelle, hypersensibilité, passion, authenticité, spontanéité, compassion, etc.). »
— Prof. Évens Villeneuve,Chef du Programme de traitement des Troubles sévères de personnalité, Institut universitaire en santé mentale Robert-Giffard (CA) "


Ainsi, elle connaissait son état et avait réussi à contrecarrer sa maladie, en faisant beaucoup de voyages, en sortant sans cesse, en lisant, en allant voir des expos, en allant au cinéma, en faisant du sport, etc…

Elle " bougeait " sans cesse.

C’est ce qui m’a plu chez elle et elle m’a entraîné dans sa vie. Je l’ai suivie par amour. Nous étions très heureux ensemble et vivions des moments intenses, dans tous les domaines, ainsi que sur le plan sexuel.

Elle était épanouie, heureuse, pleine de vie.

Une impression de vivre dans un TGV de la vie avec elle.

À plusieurs reprises, j’ai vu qu’elle pouvait avoir des réactions impulsives et j’ai mis cela sur le compte de sa personnalité. Parfois, elle ressentait un " malaise ", dans la foule, pensant que quelqu’un qui frottait son nez se moquait d’elle. Il lui arrivait aussi de faire des crises de panique où elle n'arrivait plus à faire la part de choses...
Bref, il y a eu des moments particuliers qui aurait dû me mettre " la puce à l’oreille " .

Je n’ai jamais imaginé qu’elle souffrait de cette maladie…

ET ELLE NE M’EN A JAMAIS PARLÉ, NE ME L’A JAMAIS AVOUÉ…


Bref, l’amour, notre relation forte, notre façon de vivre ne m’a pas permis de " détecter " sa maladie.

Et c’est tout le drame de notre histoire, entre son silence et ma naïveté, s’est construit le drame de son suicide.

« Germaine Guex insiste sur ce qu’elle appela d’abord la névrose d’abandon (1950), puis syndrome d’abandon, pour décrire l’état d’enfants alors appelés caractériels, terme qui recouvrait plus une contre-attitude qu’une réelle volonté explicative. Il s’agissait d’enfants qui avaient généralement subi un abandon plus ou moins précoce qui se manifestait par une insécurité affective et un besoin constant d’obtenir à tout prix des preuves d’amour pour assurer une certaine sécurité (avidité affective insatiable). L’abandonné écrivait-elle, aspire au sentiment de fusion avec un autre être (la mère) et non au sentiment de relation qu’il ne conçoit même pas. Elle rejoint ainsi les observations d’Hélène Deutsch à propos des personnalités de type borderline. G. Guex souligne aussi que ces personnes ne supportent guère la cure type analytique mais qu’il faut aménager un cadre qui soit adapté à leur niveau de fonctionnement. Le cruel paradoxe de ce dispositif défensif est que l’avidité se conclut souvent pour le sujet par des rejets réels, tellement le besoin exprimé tyrannise les objets ( personnes ) ».


Oui, à un certain moment, j’ai éprouvé une sorte " d’emprisonnement " et un besoin de prendre du temps pour moi, de liberté, de voir d’autres personnes, et je l’ai exprimé à mon amie.

Et ça a été le début de notre fin…

Tout d’abord, elle a immédiatement et impulsivement décidé de partir de la maison et après une discussion longue, j’ai fini par comprendre qu’elle avait alors décidé de partir pour se suicider. J’ai réussi, je ne sais comment, à la retenir et elle a fini par admettre qu’il nous fallait aller voir un psy.

À partir de là, notre relation a basculé dans une sorte de cauchemar duquel est advenu son suicide.

Le psy qu’elle avait déjà vu n’a rien vu de sa pathologie et a résumé son discours sur le suicide par " chantage affectif ". Il ne m'a pas mis en garde contre cette possibilité et a banalisé cet épisode.

À partir de là, j’ai continué à exprimer mes besoins et à les vivre.

Et cependant, pour elle, c’était impossible d’imaginer une relation plus distante avec moi.

Elle est entrée dans une déprime qu’elle a réussi à me cacher et dont je n’imaginais pas l’ampleur. Une après-midi, après avoir " espionné " mes moyens de communication, elle a vu que je commençais à me détacher d’elle.

Et dans la soirée qui a suivi, elle a décidé de mettre fin à ses jours.

Elle m'a avoué avoir espionné mon ordinateur et nous avons alors parlé durant une heure pendant laquelle elle m’a caché sa volonté d’en finir…

« Ils sont souvent conscients de l’intensité de leurs réactions émotionnelles négatives et, bien qu’ils ne puissent pas réguler leurs émotions, ils peuvent les cacher complètement. Cela peut avoir un impact négatif sur les individus souffrant de Trouble de personnalité borderline, car ces émotions avertissent leur entourage de la présence d’une situation problématique, mais ils ne les expriment pas. ».

Elle voulait quitter la maison, et le plus rapidement possible.
Ce soir-là, elle m’a berné, nous nous sommes embrassés, enlacés, et elle m’a dit de ne pas m’inquiéter, qu’elle partait chez quelqu’un mais en refusant de dire où. En partant, nous nous sommes promis de nous envoyer des SMS. Ce que nous avons fait.

Parmi ceux-ci (les SMS), un aurait dû me faire comprendre son choix. Je ne l’ai pas compris. Il était tard dans la nuit. Je me suis endormi.

En fait, elle avait décidé d’en finir. Ce qu’elle fit. Le lendemain matin, la police m’informait de sa mort par suicide avec des médicaments à 80 kms de notre lieu d’habitation.

Evidemment, aujourd’hui, avec le recul, je comprends tout cela, ses réactions, ses actes, sa décision et éprouve beaucoup de mal à vivre sans elle.

Je veux témoigner ici pour montrer que cette maladie est sournoise et que lorsqu’on pense la « maîtriser » , on reste néanmoins très fragile.

En tout cas je dirais à ceux qui savent leur maladie, qui l'ont identifiée, dites-le à votre ami ou amie lorsque vous les rencontrez. Par respect pour eux ou elles, et aussi pour leur permettre de faire un choix.
Dites-le aussi si vous le comprenez en étant déjà avec quelqu’un pour que celui-ci ou celle-ci puisse vous aider, si elle ou il le souhaite…

Aujourd’hui, je dois " vivre " avec sa mort suicidaire et la culpabilité qui en découle.

Ce n’est pas un cadeau d’amour. ( Elle disait m’aimer plus que tout ).
Elle me laisse avec ce drame sur les épaules. Avec tous ces remords qui me taraudent du matin au soir.

Dans un mot, elle me demande " pardon " pour son acte. Pardon qu’il est difficile d’accorder car son absence et surtout la manière dont elle a créé ce « vide » est dramatique pour celui qui reste…

dominique

1 réponse

begonie Messages postés 87328 Date d'inscription mardi 13 avril 2010 Statut Modérateur Dernière intervention 24 novembre 2024 9 097
Modifié par begonie le 2/05/2016 à 07:09
Bonjour.

Les troubles de la personnalité font partie des troubles les plus complexes aussi bien pour l'entourage que pour les professionnels de la santé.

Tu cites : " Aujourd’hui, je dois " vivre " avec sa mort suicidaire et la culpabilité qui en découle.

Ce n’est pas un cadeau d’amour. ( Elle disait m’aimer plus que tout ).
Elle me laisse avec ce drame sur les épaules. Avec tous ces remords qui me taraudent du matin au soir.
"

Et c'est maintenant toi qui doit prendre sur toi de rencontrer un(e) professionnel(le) de la santé, de préférence un(e) médecin-psychiatre, pour te permettre de sortir de ces sentiments de remords et de culpabilité et de pouvoir parler en direct de ce que tu as vécu, ce que tu vis maintenant et ce que tu risques de continuer à vivre si tu ne te donnes pas la permission d'en parler à l'endroit où tu trouveras une écoute, de l'aide et des réponses à tes questions en lien avec ce qui s'est passé avec ton amie.

N'attend pas et prend contact avec un CMP
( Centre Médico Psychologique ) proche de ton domicile.
Voici un lien vers une information et des adresses selon les régions en France : https://www.annuaire-inverse-france.com/e635-centre-medico-psychologique


Bonne journée, bonne soirée ou bonne nuit !
begonie 
0