Salut,
J’ai eu une expérience homo on va dire « soft » dans l’adolescence. Mais je ne suis jamais resté étranger aux hommes qui, plus que les femmes, attirent mon regard. Je suis pourtant marié depuis 10 ans et j’ai deux enfants. Le contexte socio-éco du moment est difficile, le couple est soumis aux épreuves de l’environnement, mais j’aime ma femme et je crois que ceci est réciproque. Pourtant, je demeure vraiment insatisfait de la vie. Hier, j’ai franchi le pas. C’est la raison pour laquelle je lis ce type de forum. J’ai rencontré un homme marié père de deux petites filles, dans un hôtel assez glauque faute de mieux. L’instant a été agréable, non sans « zoom arrière » sur la scène, l’environnement, « c’est toi ça ? » par effet de conscience. Mais finalement, c’est assez banal de coucher avec un homme, mes fantasmes se sont en grande partie dégonflés, je me suis reproché d’avoir attendu si longtemps pour franchir le pas. J’ai moins de pression sur les poumons : « c’est fait ».
Evidemment la culpabilité est bien là et c’est autre chose qui commence maintenant. Je tente de me donner bonne conscience en me disant que si je trouve un nouvel équilibre, ma femme et ma famille en profiteront, argument qui ne peut sans doute pas faire face longtemps au grand vent de la vie…
Je suis hétéro (gourmand) avec ma femme au lit et passif dans cette première relation gay. Etrangement, j’ai eu l’impression de mieux percevoir ce que peut ressentir ma femme quand nous faisons l’amour mon copain et moi. Je ne parle évidemment pas sur le plan physique, mais de percevoir, de loin, ce que peut ressentir une femme face à l’homme. A la manière dont l’homme prend son plaisir, plaisir qu’elle peut le partager ou pas. De là à dire que je ferai mieux l’amour à ma femme grâce à ce type d’expérience, il y a gap que je ne franchirai pas. Je ne dis pas ça pour faire un écart (de plus ?) dans le pervers, mais par intuition qui pourrait m’aider à comprendre, si tant est que nous sommes dans le registre de la compréhension.
Nous avons discuté, mon compagnon et moi. Je craignais de faire dans le « cérébral », mais il vit dans la même situation. Il culpabilise aussi, il préserve sa vie de famille. Pour lui « bi » ne veut rien dire. Il pense que nous sommes gays à part entière, mais que nous avons avec plus ou moins de volonté, évolué sur ce tapis roulant de la vie qui nous conduit à nous marier et à avoir des enfants. Ceci étant, en mettant de côté la culpabilité, j’ai un sentiment de possible plénitude (le mot est sans doute trop beau), de vivre deux vies en une.
Que faire maintenant ? J’ai du mal à être sincère avec moi-même dans ce type de situation. Je peux préparer le terrain en parlant à ma femme de mon fantasme, sans lui avouer avoir passé le pas, se serait sans doute mieux que de lui faire tomber le ciel sur la tête ? Ne rien dire ? L’envie de parler vient de l’espoir (fou ?) d’être compris. Je vais jusqu’à me dire qu’en trompant ma femme avec un mec, je suis sur un autre registre, si je pousse le bouchon, je me dis que la faute est un peu plus relative. Terrible oscillation entre culpabilité et autojustification.
Le second rancard avec mon copain est déjà organisé pour le WE prochain, une histoire bien ficelée pour passer un après midi (sport et shopping) puis une nuit ensemble. J’ai le sentiment de vouloir aller au bout de mes envies, que peut-être une fois en avoir fais le tour, je pourrais reprendre une vie constructive avec ma femme. Ou considérer que la vie est chiante sous toutes ses latitudes ! Ou accentuer mon malaise. Ou gérer « au mieux » les deux ? Malgré les difficultés, je ne regrette pas. Mieux vaut les difficultés de la gestion d’une situation voulu que l’oppression, à vie, issue du refoulement de ce que l’on est. Je suis devant des choix, une femme, un homme, l’un, l’autre, les deux. Ceci vaut mieux que cette barre sur les poumons, celle du fantasme ou de l’envie non assouvi.
Si j’avais un conseil à donner à ce qui sont dans la même situation et qui vont « franchir le pas », ne vous égarez pas dans les milieux gays, des minets (même « bi ») abordez des hommes de votre âge, de votre situation.
Pour la suite, je n'ai pas de conseil ….A vous lire.
Merci.