[Témoignage] Dépression post partum

???? Mon témoignage de maman : du doute à la sérénité ????

Bonjour à tous,

j’ai 28 ans lorsque j’accouche de mon deuxième enfant, ma petite fille. 

À se moment la je suis déjà maman d’un  petit garçon de 3 ans. Je vis avec le papa depuis 12 ans, et je travaille dans le médico-social auprès de personnes polyhandicapées.

Ma deuxième grossesse était très attendue. Tout s’est bien passé, même si l’accouchement a dû être provoqué après une fissure de la poche des eaux. L’arrivée de ma fille s’est faite dans la joie et la sérénité : j’étais plus expérimentée, plus confiante, moins stressée que pour mon premier enfant. Mais un mois après sa naissance, j’ai commencé à remarquer quelque chose qui m’a bouleversée : ma fille ne me regardait pas dans les yeux. J’ai d’abord essayé de me rassurer. J’en ai parlé autour de moi : au papa, à mes proches, au pédiatre. Ce dernier m’a dit que c’était normal à cet âge-là, qu’il ne fallait pas m’inquiéter… Mais moi, je n’arrivais pas à lâcher prise. J’ai cherché sur Internet, sur les forums (je passais des nuits entières sans dormir à chercher, scruter tous les témoignages possible…) et comme beaucoup de parents, je suis tombée sur le pire : autisme, retard, handicap. Je ne retenais que le négatif. Les jours et les mois ont passé, et ma fille ne semblait toujours pas tenir le regard… C’est à ce moment-là que je suis tombée dans une profonde dépression. Je ne dormais plus, je ne mangeais plus, je pleurais sans cesse. Toute mon attention, toute mon énergie étaient focalisées sur un seul point : quelque chose ne va pas chez ma fille.

J’ai consulté de nombreux professionnels : médecins, pédiatres, psychologues, pédopsychiatres… Mais je restais persuadée que le problème venait d’elle, et pas de moi.

Jusqu’au jour où on m’a posé un ultimatum :

« Soit vous commencez un traitement, soit on vous hospitalise. »

Cet électrochoc m’a fait réagir. J’avais un petit garçon de 3 ans à la maison, qui subissait malgré lui la tristesse et l’absence émotionnelle de sa maman. J’ai accepté de commencer les antidépresseurs. Ce n’était pas simple, les débuts ont été difficiles (effet secondaire : nausées, absences, vertiges…) mais peu à peu, le brouillard a commencé à se lever.

Cependant malgré le traitement, mes peurs restaient tout de même présentes… Pendant des mois, j’ai continué à scruter le moindre signe « anormal » : un mot qui tardait à venir, une marche un peu plus lente, un comportement différent de son frère…

Il m’a fallu près de deux ans pour accepter que tout allait bien……..

Et aujourd’hui, ma fille a 2 ans et 8 mois.

Elle est pleine de vie, curieuse, câline, un vrai petit caractère ! Elle parle, joue, rit, adore son frère, ses copines de crèche, et sait très bien se faire entendre (nos oreilles peuvent en témoigner ????).

Avec le recul, je me rends compte que j’ai traversé une dépression post-partum sévère, que j’ai niée pendant longtemps.

Je garde un pincement au cœur d’avoir manqué certains moments précieux, d’avoir infligé cette souffrance à moi-même et à mes proches.

Mais aujourd’hui, je suis fière du chemin parcouru, et surtout heureuse de pouvoir témoigner pour peut-être rassurer d’autres parents qui vivent la même angoisse.

Car je tiens tout de même à préciser que ma fille ne soutenais pas du regard (j’ai des vidéos et photos prise tout au long de ma dépression) mais pourtant : cela ne veut rien dire… surtout à cette âge ! Tout peu progresser ! Aujourd’hui encore elle ne maintient pas longtemps le regard mais je me suis rendu compte que moi non plus et que finalement pleins d’autres bébés et adultes ne maintiennent pas forcément le regard… 

Je veux le redire clairement :

Ne vous fiez pas aveuglément aux forums.

On y trouve surtout des histoires douloureuses, parce que ce sont souvent les parents en difficulté qui viennent chercher du soutien… Mais il y a aussi de très belles issues, comme la mienne. Pendant ma dépression, je gardais sur mon téléphone tous les témoignages positifs que je trouvais. Je les relisais chaque jour, encore et encore, pour garder espoir.

Si mon histoire peut, à son tour, vous apporter un peu de réconfort, alors tout cela aura eu un sens. Je sais à quel point c’est dur, je travaille dans le handicap, je sais la réalité que vivent certains parents, et j’ai une immense admiration pour eux.

À vous qui doutez, qui avez peur, qui cherchez des réponses : courage. Vous n’êtes pas seuls.

Et si certains d’entre vous ont besoin d’échanger, n’hésitez pas à m’écrire.

Je répondrai dans la mesure du possible, avec bienveillance et sincérité. Merci la vie, pour cette leçon de patience, de confiance et d’amour.

Je m’étais toujours promise que si finalement tout finirais bien, je viendrais à mon tour témoigner… aujourd’hui c’est chose faite.