Visites médiatisées et conséquences

Rob9652 Messages postés 1 Date d'inscription   Statut Membre Dernière intervention   -  

Bonjour à tous,

 

Mon nom n’a pas d’importance. Ce qui compte aujourd’hui, c’est le témoignage d’un père parmi tant d’autres, pris dans un système qui protège insuffisamment le lien paternel et qui peut, un jour, concerner n’importe quel homme aimant ses enfants.

 

Mon histoire ressemble à celle de nombreux pères.

Un divorce qui devait être classique, une séparation, puis très vite une escalade d’attestations, de prises de position et d’accusations mensongères.

Pendant dix ans, j’ai élevé mes deux enfants en garde alternée 50/50, dans un climat tendu mais en restant présent, investi, responsable. Dix ans à assumer, coûte que coûte, mes devoirs de père.

 

En France, avec deux jeunes enfants, j’ai mené un combat long et épuisant : dix années de procédures, de compromis, de sacrifices financiers, jusqu’à obtenir une liquidation et conserver, tant bien que mal, la garde alternée. J’ai accepté de laisser à mon exfemme un grand appartement de plus de 150 m² pendant que je vivais dans un logement bien plus modeste, parce que ma priorité restait l’équilibre de mes enfants.

En retour, j’ai découvert, au fil du temps, un déferlement d’attestations hostiles, y compris de la part de personnes très proches, sollicitées et influencées pour dresser contre moi un portrait qui n’était pas le mien. Voir ces écrits a été une véritable chute libre. Mais j’ai continué à me battre dignement, convaincu que la vérité finirait par être entendue.

 

Mon exfemme n’a jamais renoncé à demander la garde exclusive. Après des années de démarches, elle a fini par convaincre la justice que j’étais un danger psychologique.

Mes enfants ont été entraînés dans un parcours lourd : suivis psychologiques, entretiens multiples, regards méfiants de certains professionnels, attestations à répétition. Petit à petit, j’ai vu se construire autour de nous un dossier où chaque doute était interprété contre le père. Malgré mes efforts, malgré l’aide d’avocats, j’ai fini par perdre la garde.

 

Un an plus tard, j’ai choisi de me présenter seul devant la juge aux affaires familiales, sans avocat, pour défendre mon honneur et, surtout, la relation avec mes enfants. Je n’avais rien à cacher, rien à me reprocher. Je pensais qu’un père parlant calmement, en vérité, pourrait être entendu. Ce fut l’inverse : une audience où je me suis senti jugé, humilié, enfermé dans une image qui ne correspondait pas à la réalité de mon rôle de père.

À l’issue de ce processus, ma garde a été supprimée et remplacée par des visites médiatisées, une heure, toutes les deux semaines, dans un cadre surveillé.

 

Ces visites médiatisées ont été un choc pour moi et pour mes enfants.

Imaginez : une petite pièce, deux professionnels qui observent chaque geste, chaque parole, comme si vous étiez un danger potentiel. Des enfants mal à l’aise, qui n’osent plus être euxmêmes, qui finissent par vivre la rencontre avec leur père comme une sorte de « permission spéciale », presque comme une sortie de zoo.

Pendant plus de six mois, j’ai vu mes enfants changer. Ils arrivaient parfois en retard, parfois les visites étaient annulées. Ils devenaient plus froids, plus distants, oubliant peu à peu nos souvenirs communs. J’ai même créé un album pour garder une trace de nos moments de bonheur, mais le système dans lequel nous étions pris ne laissait plus de place à la spontanéité ni à l’affection naturelle.

 

J’ai tenté de faire entendre que ces visites étaient destructrices : pour moi, qui me sentais captif et suspect ; pour eux, trop jeunes pour comprendre pourquoi voir leur père devait se faire sous surveillance. On demande à un parent d’être solide, presque inhumainement solide, pour supporter cette épreuve sans se briser.

 

Un jour, j’ai pris une décision difficile : arrêter ces visites médiatisées.

Non pas par désamour, au contraire, mais parce que je refusais de continuer à exposer mes enfants à un dispositif stérile et toxique qui ne reconstruisait rien. Le père était réduit au rôle de figurant, utile seulement pour justifier, sur le papier, qu’un « lien » existait encore. Les accusations de départ – toutes classées sans suite – continuaient pourtant à justifier ce dispositif, comme si aucun réexamen réel n’était possible.

 

J’ai écrit à la juge pour expliquer ma décision, proposer d’autres modalités, demander simplement à voir mes enfants pour Noël. Je n’ai jamais reçu de réponse.

Aujourd’hui, les conséquences sont terribles : mes enfants ont été persuadés que je les avais abandonnés, que j’étais méchant, violent, indigne. Un jour, j’ai croisé mon fils dans la rue : il s’est enfui en courant vers sa mère pour lui demander quoi faire. Ma fille a refusé de me parler à la sortie de l’école, en disant que « c’est interdit par la juge ». Pour un père qui a tout donné, ce sont des blessures qui ne guérissent jamais.

 

Mon histoire n’est pas unique. Elle s’inscrit dans un contexte plus large.

En France, après séparation, la résidence principale est fixée chez la mère dans environ 60 à 75% des cas, contre 10 à 20% seulement chez le père ; le reste concerne la résidence alternée. Les juges et les services sociaux s’appuient encore souvent, consciemment ou non, sur des stéréotypes : la mère serait la figure naturelle du soin quotidien, le père surtout un soutien financier. Les arguments de « stabilité » et de maintien du logement – souvent celui de la mère – consolident ce déséquilibre.

Ce n’est pas la loi qui dit que la femme doit être surprotégée, ce sont des pratiques et des réflexes culturels profondément ancrés. De nombreux rapports appellent à une vraie coparentalité, mais sur le terrain, nous en sommes encore très loin.

 

Mon propos n’est pas d’attaquer les femmes ni de nourrir la haine.

Les femmes et les hommes sont égaux, et c’est une avancée essentielle. Mais dans le champ du divorce et de la garde des enfants, l’égalité reste trop souvent théorique. Quand une relation devient conflictuelle, certains pères se retrouvent enfermés dans un rôle de coupable par défaut, même en l’absence de preuves, même lorsque les procédures pénales sont classées sans suite.

 

Je partage cette histoire pour alerter et, peutêtre, aider d’autres parents à ne pas commettre les mêmes erreurs que moi :

– Ne jamais rester seul face au système.

– Documenter chaque échange, chaque décision.

– Se faire accompagner par des professionnels réellement formés à la coparentalité.

– Se battre pour des solutions qui protègent réellement l’enfant, et pas seulement l’image d’un dossier.

 

Ce texte ne demande ni pitié ni vengeance. Il porte une demande simple et profonde : que le rôle du père soit reconnu, respecté et protégé au même titre que celui de la mère. Qu’aucun enfant ne soit coupé d’un parent aimant à cause de mensonges, de stéréotypes ou de dispositifs qui finissent par briser plus qu’ils ne réparent.

 

En cette période de Noël, beaucoup de pères – et de mères aussi – vivront ces fêtes loin de leurs enfants, parfois pour de mauvaises raisons. Pour eux, pour leurs enfants, pour ceux qui entreront demain dans la spirale des séparations conflictuelles, il est urgent de repenser nos pratiques, nos réflexes, nos dispositifs.

Un enfant a besoin de ses deux parents. Un père présent, aimant et digne ne devrait jamais devenir un étranger dans la vie de ses propres enfants.

 

Si mon histoire peut aider ne seraitce qu’une seule personne à se sentir moins seule, à mieux se préparer, à demander plus de justice et plus d’équilibre, alors cette épreuve n’aura pas été totalement vaine.

J.

 

 

 

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