Facéties roumaines
BARNOUIC
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Dr Paul Lemeut Messages postés 96 Statut Contributeur -
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Le toubib jette l'éponge
<http://memorix.sdv.fr/5c/www.lamontagne.fr/infoslocales/riom_articles/526666724/Position1/default/empty.gif/35323765383461393438343639346530?>
Arrivé de Roumanie en août pour exercer aux Ancizes-Comps, le médecin jette l'éponge en décembre. Problème, il est parti à la sauvette faisant fi des 40.000 euros déboursés pour son recrutement.
Dring ! Cinq fois, dix fois, quinze fois. Depuis le 20 décembre, le téléphone du docteur Stanculescu sonne dans le vide. Depuis trois semaines, la porte de son cabinet médical des Ancizes-Comps (1.800 habitants) dans le Puy-de-Dôme reste close à la cinquantaine de patients qui lui ont fait confiance depuis août et son arrivée dans les Combrailles en provenance directe de Roumanie.
Ce matin, c'est dans une petite commune du Loir-et-Cher, où il devait normalement débuter ses consultations le 12 janvier, qu'ils devront le contacter pour récupérer leur dossier médical. Informations confidentielles que le toubib a embarquées en même temps que tout le matériel du cabinet, payé par la commune via une association.
Car l'indélicat a déménagé précipitamment le week-end du 20 décembre sans avertir personne. Ni l'Association pour la recherche et l'installation de médecin européen (ARIME) qui l'a recruté dans son pays et fait venir en France. Ni le maire des Ancizes-Comps, Pascal Estier, qui a rémunéré 40.000 euros la dite association pour lui trouver un médecin généraliste.
"Il m'a menti pendant des mois"
« Après le décès du docteur Rieu, il y a un peu plus d'un an, après avoir pris contact avec les deux autres praticiens de la commune (âgés de 78 ans pour l'un et de plus de 50 ans pour l'autre, NDLR) et m'être entendu dire qu'ils ne pensaient pas assurer leur succession, je ne voulais pas qu'un jour aux Ancizes l'offre de soins soit insuffisante ». Aucun des quatre-vingts courriers qu'il envoie à de jeunes diplômés français n'a abouti, « J'ai donc eu recours aux services de cette association » (*). Aujourd'hui, l'élu se sent bafoué. « Sur quatre mois ici, le docteur Stanculescu m'a menti pendant deux mois... pendant qu'il cherchait une meilleure place ailleurs au lieu de développer sa clientèle ici ».
Son cabinet aux Ancizes-Comps lui aurait servi « de base arrière et de points d'appui à une stratégie parallèle organisée dès votre arrivée », lui écrit, amer, le maire, prêt à engager des poursuites pour abus de confiance.
Manque de confraternité
Joint par La Montagne dans le Loir-et-Cher, le médecin roumain s'est refusé à donner des explications sur son départ. Le maire de sa nouvelle commune d'accueil (1.500 âmes, également en panne de médecin mais à 15 kilomètres de Tours et 170 de Paris) refuse de parler d'un « débauchage » de praticien.
« Le Conseil général a lancé un appel d'offre. Le cabinet de recrutement Revitalis Conseil a été retenu. Après un diagnostic médical, il nous a présenté ce médecin. Point. » Ce serait donc Revitalis qui aurait déshabillé Paul pour habiller Jacques ? « Non ! Ce médecin allait rentrer en Roumanie parce qu'il ne travaillait pas assez aux Ancizes. Il nous a dit avoir deux patients par jour et presque plus d'économies. Avant qu'il parte en Roumanie, nous lui avons demandé de réfléchir à un autre poste », réfute le directeur de Revitalis Conseil. Pour lui, « C'est une triste histoire pour la commune des Ancizes. Le potentiel n'était pas avéré. Ou, en tout cas, le terrain n'était pas préparé », faisant clairement allusion au manque de confraternité dont lui lui aurait fait part le médecin roumain (*).
Installation difficile
Le président de l'ARIME, Daniel Duval, trouve l'explication un peu courte. « On est venu nous le prendre. Il a été convaincu que ce serait mieux ailleurs. Il n'a pas préparé son départ tout seul ». Comme le maire des Ancizes, il ne nie pas que l'installation était difficile. Mais partout, « il faut au moins un an pour se faire une clientèle. La municipalité était prête à rallonger la mise à disposition gratuite du cabinet et du logement pour lui laisser le temps... ». Et même si ses difficultés professionnelles étaient avérées, pourquoi rompre de la sorte son engagement moral, partir en catimini ? Le médecin l'a promis, « Quand j'aurai réussi à reprendre ma carrière... dans six mois peut-être, je m'expliquerai ».
(*) Le docteur Batisse, joint par téléphone à son cabinet médical des Ancizes-Comps où il exerce avec son père a déclaré « ne pas avoir de commentaires à faire ni sur l'arrivée du médecin roumain, ni sur son départ ».
Cécile Bergougnoux
<http://memorix.sdv.fr/5c/www.lamontagne.fr/infoslocales/riom_articles/526666724/Position1/default/empty.gif/35323765383461393438343639346530?>
Arrivé de Roumanie en août pour exercer aux Ancizes-Comps, le médecin jette l'éponge en décembre. Problème, il est parti à la sauvette faisant fi des 40.000 euros déboursés pour son recrutement.
Dring ! Cinq fois, dix fois, quinze fois. Depuis le 20 décembre, le téléphone du docteur Stanculescu sonne dans le vide. Depuis trois semaines, la porte de son cabinet médical des Ancizes-Comps (1.800 habitants) dans le Puy-de-Dôme reste close à la cinquantaine de patients qui lui ont fait confiance depuis août et son arrivée dans les Combrailles en provenance directe de Roumanie.
Ce matin, c'est dans une petite commune du Loir-et-Cher, où il devait normalement débuter ses consultations le 12 janvier, qu'ils devront le contacter pour récupérer leur dossier médical. Informations confidentielles que le toubib a embarquées en même temps que tout le matériel du cabinet, payé par la commune via une association.
Car l'indélicat a déménagé précipitamment le week-end du 20 décembre sans avertir personne. Ni l'Association pour la recherche et l'installation de médecin européen (ARIME) qui l'a recruté dans son pays et fait venir en France. Ni le maire des Ancizes-Comps, Pascal Estier, qui a rémunéré 40.000 euros la dite association pour lui trouver un médecin généraliste.
"Il m'a menti pendant des mois"
« Après le décès du docteur Rieu, il y a un peu plus d'un an, après avoir pris contact avec les deux autres praticiens de la commune (âgés de 78 ans pour l'un et de plus de 50 ans pour l'autre, NDLR) et m'être entendu dire qu'ils ne pensaient pas assurer leur succession, je ne voulais pas qu'un jour aux Ancizes l'offre de soins soit insuffisante ». Aucun des quatre-vingts courriers qu'il envoie à de jeunes diplômés français n'a abouti, « J'ai donc eu recours aux services de cette association » (*). Aujourd'hui, l'élu se sent bafoué. « Sur quatre mois ici, le docteur Stanculescu m'a menti pendant deux mois... pendant qu'il cherchait une meilleure place ailleurs au lieu de développer sa clientèle ici ».
Son cabinet aux Ancizes-Comps lui aurait servi « de base arrière et de points d'appui à une stratégie parallèle organisée dès votre arrivée », lui écrit, amer, le maire, prêt à engager des poursuites pour abus de confiance.
Manque de confraternité
Joint par La Montagne dans le Loir-et-Cher, le médecin roumain s'est refusé à donner des explications sur son départ. Le maire de sa nouvelle commune d'accueil (1.500 âmes, également en panne de médecin mais à 15 kilomètres de Tours et 170 de Paris) refuse de parler d'un « débauchage » de praticien.
« Le Conseil général a lancé un appel d'offre. Le cabinet de recrutement Revitalis Conseil a été retenu. Après un diagnostic médical, il nous a présenté ce médecin. Point. » Ce serait donc Revitalis qui aurait déshabillé Paul pour habiller Jacques ? « Non ! Ce médecin allait rentrer en Roumanie parce qu'il ne travaillait pas assez aux Ancizes. Il nous a dit avoir deux patients par jour et presque plus d'économies. Avant qu'il parte en Roumanie, nous lui avons demandé de réfléchir à un autre poste », réfute le directeur de Revitalis Conseil. Pour lui, « C'est une triste histoire pour la commune des Ancizes. Le potentiel n'était pas avéré. Ou, en tout cas, le terrain n'était pas préparé », faisant clairement allusion au manque de confraternité dont lui lui aurait fait part le médecin roumain (*).
Installation difficile
Le président de l'ARIME, Daniel Duval, trouve l'explication un peu courte. « On est venu nous le prendre. Il a été convaincu que ce serait mieux ailleurs. Il n'a pas préparé son départ tout seul ». Comme le maire des Ancizes, il ne nie pas que l'installation était difficile. Mais partout, « il faut au moins un an pour se faire une clientèle. La municipalité était prête à rallonger la mise à disposition gratuite du cabinet et du logement pour lui laisser le temps... ». Et même si ses difficultés professionnelles étaient avérées, pourquoi rompre de la sorte son engagement moral, partir en catimini ? Le médecin l'a promis, « Quand j'aurai réussi à reprendre ma carrière... dans six mois peut-être, je m'expliquerai ».
(*) Le docteur Batisse, joint par téléphone à son cabinet médical des Ancizes-Comps où il exerce avec son père a déclaré « ne pas avoir de commentaires à faire ni sur l'arrivée du médecin roumain, ni sur son départ ».
Cécile Bergougnoux
1 réponse
De toute façon, les médecins roumains, et les autres étrangers, qui viennent en France ne viennent pas pour la médecine générale. Il est très étonnant qu'on en parle tant.
A paraitre en avril dans mon bouquin:
"Ces médecins représentent 4,7 % des médecins inscrits à l'ordre, les deux-tiers étant de nationalité européenne. Les deux premières nationalités sont les belges et les roumains avec 15 % environ chacune.
Ils sont en moyenne un peu plus jeunes que les médecins français et il y a parmi eux une proportion plus importante de femmes.
Ils sont attirés par les mêmes zones que les médecins français : préférence pour l'urbain avec un maillage sanitaire important.
Concernant la médecine générale, les données sont particulièrement intéressantes: seuls 33 % de ces médecins sont inscrits comme généralistes, taux particulièrement faible puisque, pour les médecins français, le taux est de 47 %.
Contrairement à une image d'Epinal, seulement 12 % de ces généralistes sont roumains, 14 % sont belges et un quart viennent du Maghreb.
Ces généralistes étrangers sont très majoritairement attirés par le salariat. 37 % d'entre eux exercent en libéral, contre 59 % pour les généralistes français.
Les données recadrent bien, au-delà des anecdotes, quelques réalités: La médecine générale française n'attire pas les médecins généralistes étrangers, ceux qui viennent préfèrent, comme les jeunes généralistes français, le salariat à l'activité en cabinet. "
Bien cordialement
A paraitre en avril dans mon bouquin:
"Ces médecins représentent 4,7 % des médecins inscrits à l'ordre, les deux-tiers étant de nationalité européenne. Les deux premières nationalités sont les belges et les roumains avec 15 % environ chacune.
Ils sont en moyenne un peu plus jeunes que les médecins français et il y a parmi eux une proportion plus importante de femmes.
Ils sont attirés par les mêmes zones que les médecins français : préférence pour l'urbain avec un maillage sanitaire important.
Concernant la médecine générale, les données sont particulièrement intéressantes: seuls 33 % de ces médecins sont inscrits comme généralistes, taux particulièrement faible puisque, pour les médecins français, le taux est de 47 %.
Contrairement à une image d'Epinal, seulement 12 % de ces généralistes sont roumains, 14 % sont belges et un quart viennent du Maghreb.
Ces généralistes étrangers sont très majoritairement attirés par le salariat. 37 % d'entre eux exercent en libéral, contre 59 % pour les généralistes français.
Les données recadrent bien, au-delà des anecdotes, quelques réalités: La médecine générale française n'attire pas les médecins généralistes étrangers, ceux qui viennent préfèrent, comme les jeunes généralistes français, le salariat à l'activité en cabinet. "
Bien cordialement