Autiste Asperger et difficulté à casser la routine
Dawn81
Messages postés5Date d'inscriptionmercredi 12 novembre 2014StatutMembreDernière intervention 1 décembre 2014
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Modifié par Dawn81 le 1/12/2014 à 10:30
Dawn81
Messages postés5Date d'inscriptionmercredi 12 novembre 2014StatutMembreDernière intervention 1 décembre 2014
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1 déc. 2014 à 10:40
Bonjour,
j'ai 33 ans et j'ai toujours été différente des autres. Il a fallu attendre 30 ans pour avoir enfin un nom sur ma différence : je suis autiste Asperger. Pour ceux qui ne connaissent pas, Asperger est une forme d'autisme très particulière qui impacte surtout la dimension sociale. C'est parfois décrit comme une absence de sens social. Il n'y a pas de retard mental (au contraire), mais cette absence de sens social et la façon dont on se sent en permanence agressé par les autres (le bruit, la lumière, le stress ambiant...) peuvent nuire à notre vie quotidienne.
Pour ma part j'ai passé 30 ans à refuser les étiquettes qu'on me collait (trop timide, dépressive, agoraphobe, phobique sociale... petite on a même essayé de me faire dire que mes parents étaient maltraitants, ce qui était un énorme mensonge !) et j'ai réussi à compenser. Je n'ai pas fait d'études mais je suis entrée tôt dans la vie active, j'ai eu la chance de trouver un domaine relativement protégé, sans trop de liens avec l'extérieur (travail administratif) et depuis peu j'ai réussi à obtenir le statut de fonctionnaire sur ce même poste. Je travaille depuis bientôt 12 ans, j'ai acheté un appartement en 2010 et je considère qu'à ce niveau j'ai beaucoup de chance.
Reste les autres difficultés, cachées, celles qui me fatiguent au quotidien.
Déjà, je ne conduis pas. J'ai pris des cours, je ne peux pas, c'est impossible. Je suis déjà mal à l'aise à pied. En voiture c'est multiplié par dix. J'ai des difficultés de coordination, liées aussi à Asperger (j'ai longtemps cru que j'étais juste plus empotée que la moyenne). Au quotidien, ça ne me gêne pas de ne pas conduire. J'habite en centre-ville, je fais mes courses près du travail, j'aime marcher (2 à 3 heures par jour) même si à certains moments je frôle la crise d'angoisse parce que mes sens sont en surcharge. Je sais pourtant que dans les années à venir, ça pourrait devenir gênant, notamment si je venais à devoir prendre soin de mes parents... Je me console en me disant qu'il y a le bus et le taxi... Je ne me sens pas de conduire, je serais un danger pour moi et les autres...
Je n'ai pas de vie sociale. Du tout. Je n'ai jamais eu d'amis. A l'école je traînais avec des camarades aussi paumés que moi, juste pour donner le change et avoir la paix avec le corps enseignant. Les instits me forçaient souvent à quitter mes livres adorés pour jouer à des choses que je détestais (ballon, élastique, corde à sauter, marelle...). Donc en grandissant j'ai adopté des stratégie "d'endormissement", comme je dis. Je passais du temps avec des enfants rejetés, les profs me trouvaient gentille de faire ça (j'étais en lycée privé)... Mais de vrais amis, je n'en ai jamais eus. J'avais (et j'ai encore) des activités très solitaires. Puzzles, télé, livres, informatique, jeux vidéos.
Je n'ai jamais eu de vie amoureuse. J'ai 33 ans et je suis vierge, probablement asexuelle car je n'ai jamais eu l'ombre d'un désir et le contact physique rapproché m'est insupportable. Depuis quelques mois je tente de m'intéresser à cet aspect mais je cherche des hommes comme moi, solitaires, pas fêtards, calmes, réservés, cultivés. Pas facile ! Même si en ce moment j'ai un contact assez prometteur, rencontré via un site pour asexuels justement...
Le souci, c'est que je me rends bien compte que si je veux essayer quelque chose sur le plan sentimental, il me faut remettre en cause une bonne partie de mon existence, qui est basée sur la routine. Chez moi il n'y a pas d'imprévus, il n'y en a jamais eu. Je ne sors jamais le soir. Pas davantage le midi (même si depuis quelques années je suis capable d'aller au restaurant 4 ou 5 fois par an... je suis par contre très crevée après ! manque d'habitude...). Je n'invite jamais personne chez moi, pas même mes parents, et je ne vais jamais chez personne. Je limite mes sorties à l'indispensable, à la limite ma seule sortie loisir c'est la librairie et la promenade de mon chien. J'ai toujours vécu en vase clos, depuis toujours. Je ne participais quasiment jamais aux sorties scolaires, aux spectacles de fin d'année, d'ailleurs j'évitais les dernières semaines d'école car je n'aimais pas l'ambiance festive, les jeux, le chahut. Mes parents essayaient de me forcer, mais j'en devenais malade, physiquement, et au final je gâchais l'ambiance et tout le monde en faisait les frais. Le résultat, c'est que maintenant je suis incapable d'affronter l'extérieur, sauf pour le travail (difficilement... le soir je suis extrêmement fatiguée alors que je ne fais rien d'épuisant)... Certains jours rien que le fait de voir du monde m'épuise. Et la fatigue intense me rend nerveuse, je m'imagine des tas d'horreur, des maladies graves style leucémie...! C'est ridicule mais incontrôlable.
Du coup je suis un peu perplexe quant à ce que je dois faire. Poursuivre dans mon "essai" sentimental (sachant que j'ai déjà dit à l'homme concerné que j'étais Asperger et que je n'avais aucune vie sociale) c'est prendre le risque de casser la routine (conseillée par ma psy, qui m'a dit que les Aspergers avaient besoin de repères stables pour se sentir bien... mais bon, ma routine à moi est sûrement extrême !) et de me sentir plus mal qu'autre chose... Ou rester seule, sachant que pour le moment je n'en ai jamais souffert...
Je sais bien que plus je laisserai ma routine s'installer et moins j'arriverais à en sortir. Pour être honnête, à mon âge je doute d'être capable d'en sortir vraiment...
Désolée pour la longueur, et merci à ceux qui auront eu le courage de tout lire !
Andy31200
Messages postés147140Date d'inscriptionmardi 1 octobre 2013StatutModérateurDernière intervention 4 novembre 202327 493 1 déc. 2014 à 10:32
Bonjour,
J' ai lu , tu es sur une bonne voie mais:
" Pour être honnête, à mon âge je doute d'être capable d'en sortir vraiment... " Non, l'age n'a rien à voir, en plus tu es jeune, ai confiance et bon courage
Dawn81
Messages postés5Date d'inscriptionmercredi 12 novembre 2014StatutMembreDernière intervention 1 décembre 201427 1 déc. 2014 à 10:40
Merci. :)
Ce qui me bloque c'est la sensation d'épuisement que je ressens à chaque interaction sociale. C'est assez fréquent chez les Aspergers, mais j'ai le sentiment que chez moi c'est puissance dix car je n'ai jamais eu l'habitude de sortir de ma bulle... J'ai posé la question à beaucoup d'Aspergers rencontrés via des associations ou des groupes de parole en ligne... Il y a quelques Aspergers comme moi, très solitaires et sans vie amoureuse, mais la majorité des Aspergers avec qui j'échange sont mariés, ont des enfants, des amis... Mais j'ai du mal à me projeter dans une vie "normale"... Quand je rentre chez moi et que je suis épuisée (mal à la tête 4 jours sur 5, vertiges, maux de ventre quand je sors le matin) je n'ai aucune envie (ni même l'énergie nécessaire) pour me rajouter une "charge" sociale derrière... c'est le cercle vicieux...