La vie rêvée des étudiants en médecine 2

Barnouic - 6 avril 2012 à 16:03
 Barnouic - 8 avril 2012 à 17:17
Ou la premiere année de médecine vue par ceux qui y ont échappé


Chaque année, plusieurs centaines d'étudiants échouent à passer en deuxième année de médecine et sont nombreux à redoubler. Pour ceux qui craquent en cours de route ou n'accèdent pas en Pcem2, l'école d'ingénieur ECE leur propose de se réorienter sans perdre une année de plus.

"Rater médecine, c'est dur à encaisser, c'est comme faire un deuil. On se dit qu'on a bossé pendant un an et demi pour pas grand-chose. Aujourd'hui je prends finalement un nouveau départ." Vivien a 19 ans et depuis un mois il a repris les cours... En école d'ingénieur. Etre médecin, c'était pour lui une vocation. Issu d'une famille de professionnels de santé, il avoue "avoir rêvé" de ce métier. "On soigne des vies, on se donne corps et âme pour des gens, c'est ça qui m'a poussé vers la médecine. Au final, ce n'est pas ce qu'on croit. Il y a beaucoup de théorie, notamment en P1 et surtout beaucoup de compétition".
Souvenir amer
Malgré un bon classement (400ème sur 1607), il n'a pas tenu le choc et garde un souvenir amer de cette période. "L'ambiance oppressante fait qu'on se sent mal. C'est ce qui m'a donné envie de tout quitter" explique-t-il. L'ambiance, c'est aussi ce qui a fait craquer Ariane, inscrite dans la même promo que Vivien. Elle était bien classée mais "c'est le côté psychologique qui n'a pas tenu" confie-t-elle avant d'ajouter : "l'atmosphère en médecine est très particulière. Ne serait-ce que de penser que l'on peut se faire voler ses polys, ça met une mauvaise ambiance !"
Aujourd'hui pour Ariane, les années de médecine ne sont plus qu'un mauvais souvenir. Et bien qu'elle ait encore des "regrets" de ne pas avoir fait le métier de ses rêves, en discuter avec ses camarades de classe lui permet de relativiser.

Depuis un mois Vivien et Ariane ont donc repris les cours. Une rentrée en plein milieu de l'année très prisée par les étudiants qui ont échoué en médecine et qui représentent plus de 80 % de leur promotion. Pendant 6 mois et pour 5 500 euros, ils vont suivre un programme intensif qui leur permettra de passer directement en deuxième année d'école d'ingénieur. "C'est vrai que le rythme de travail est compliqué mais l'avantage quand on a été étudiant en médecine c'est qu'on a l'habitude de travailler. Du coup il suffit d'être sérieux, d'écouter en cours et de faire le travail que l'on nous demande pour que tout se passe très bien" juge Jérémy, élève de deuxième année. Contrairement au concours de médecine, il y a une grande solidarité et beaucoup d'entraide entre les étudiants.

C'est Pascal Brouaye et Nelly Rouyres, respectivement directeur et directrice adjointe de l'ECE, qui ont créé ce programme de réorientation baptisé Prepac. L'idée est venue d'un constat : "nous avions beaucoup d'étudiants en médecine qui s'inscrivaient en première année. Nous nous sommes dit que c'était dommage qu'ils repartent à zéro après deux ans d'études, donc nous avons voulu leur proposer une alternative", expliquent-ils. Une idée brillante puisque quatre ans après la création du programme, l'effectif a doublé. "En 2009, il y avait 18 inscrits. Cette année, ils sont 52" se réjouit Pascal Brouaye.
"Contente de ne pas être à leur place"
Valentine est une ancienne du programme Prepac. Aujourd'hui en quatrième année, elle ne cache pas sa joie. "C'est génial qu'ils aient inventé ça. Avant quand on voulait se réorienter après la médecine on allait soit en fac de bio, soit il fallait repartir de zéro. Je termine mes études l'année prochaine et je sais qu'avec mon diplôme, je pourrais faire pleins de choses". L'étudiante ne regrette son choix pour rien au monde.
"Cela n'a pas été facile de se décider à arrêter la médecine car c'était pour moi une vocation, mais aujourd'hui je suis très heureuse. J'ai de très bonnes amies qui y sont encore et je suis très contente de ne pas être à leur place. Etre étudiante pendant 10 ans, ça n'était pas pour moi", analyse-t-elle. Depuis qu'ils sont en école d'ingénieur, les étudiants retrouvent la vie sociale qu'ils avaient perdue alors qu'ils étudiaient la médecine.
Sentiment d'injustice
"La différence est incomparable, je voit beaucoup plus de gens. Quand j'étais en P1, je ne sortais plus de chez moi" déclare Ariane. Et elle n'est pas la seule. Vivien a fait le calcul. "En un mois de Prepac, j'ai plus d'amis qu'en un an et demi de médecine". Une formule gagnant gagnant, autant pour les élèves que pour la direction. "Les anciens étudiants de médecine sont parfaits. Ils ont un très bon niveau, de très bonnes méthodes de travail", constate Nelly Rouyres.
Et Pascal Brouaye de noter : "les conditions de travail en médecine sont scandaleuses. On a du mal à imaginer que les étudiants que l'on récupère ne pourraient pas être de bons médecins. Ils ont vraiment de très bons dossiers". Ce n'est pas le jeune Vivien qui viendra la contredire. Comblé depuis qu'il est en Prepac, le concours de médecine restera pour lui synonyme d'un fort sentiment d'injustice.

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2 réponses

DCI Messages postés 87149 Date d'inscription mercredi 30 avril 2008 Statut Modérateur Dernière intervention 18 avril 2024 37 344
6 avril 2012 à 16:11
Bonjour,

C'est une année conclue par un concours. Point.

Et ce n'est pas pire, loin de là, que les "Classes Prépas. aux Grandes Ecoles". Un nombre non négligeable d'étudiants ne tiennent dans ces milieux que grâce aux anxiolytiques ou antidépresseurs, lorsqu'ils ne s'arrêtent pas en cours de route.

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Bonjour DCI

....Au fait ça veut dire quoi DCI .............???????????

Un concours ...Point... enfin ce n'est tout de même pas ce que semblent en penser les étudiants qui s'expriment ...Et puis tu sais j'ai toujours la faiblesse de penser que traumatriser voire sadiser les étudiants et vouloir leur enseigner quelque chose n'était pas forcément deux objectifs tout à faits compatibles. Mais il est vrai que dans ce pays on n'en est plus a une contradiction prés

Alors c'est un concours... point c'est normal et dans la nature des choses ....non il y a peut être aussi autre chose a en dire

Pour ce qui est des classes prepa ça dure un an et ensuite les études sont tout de même plus courtes..et moins stressantes....et je n'ai pas le souvenir qu'on chante aux lauréats promus en fin de cursus cette litanie bien connue a l'eau de rose faite de nécessaire abnégation et de'indispensable désintéressement....dans la plus parfaite hypocrisie d'ailleurs...

Et tu ne voudrais tout de même pas non plus comparer le statut ou la remuneration et la carriere d'un médecin généraliste a gandelu avec ceux d'un ou enarque, d'un diplomé de HEC, ou d'un centralien fraichement nommé .

Pour ce qui est de comparer les rémunérations tu peux te referer aux grilles comparatives que je vous ai faites passer copiées depuis la presse ....notaires pilotes de ligne et haut fontionnaires

Tiens pour la petite histoire un pilote de ligne c'est en moyenne 560 heures de vol annuelles par an chez Air france , j'ai bien dit par an , pour un salaire net de 11200 mensuel....volià pour ce qui est des comparaisons.
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DCI Messages postés 87149 Date d'inscription mercredi 30 avril 2008 Statut Modérateur Dernière intervention 18 avril 2024 37 344 > Barnouic
7 avril 2012 à 11:47
DCI...
Tu as le choix... Dénomination Commune internationale... Ou Direct Common Rail Injection, etc..

Personnellement, je pense qu'il faut arrêter de "victimiser" les étudiants en Médecine. Quant à l'aspect durée et stress des études, au delà de l'année du concours, il faut bosser, c'est sûr. Et alors ?

Pour faire ce métier, il faut avoir un minimum de "coffre" et savoir faire face à toutes sortes de situations, stressantes pour beaucoup.

Peut être aussi n'est ce plus dans l'air du temps d'accepter de se mettre les mains dans le cambouis. Ce qui serait une (parmi d'autres), des explications du peu d'intérêt pour l'exercice en libéral de la Médecine Générale. Désintérêt ou fuite ?

Au delà de l'année préparatoire, les étudiants actuelles sont tout de même un peu mieux considérés que les gens de ma génération. En milieu hospitalier, on bossait souvent 24 heures en continu, sans repos compensateur et pour une poignée de cacahuètes.
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Dr Paul Lemeut Messages postés 102 Date d'inscription mardi 27 juillet 2010 Statut Contributeur Dernière intervention 16 décembre 2012 33
7 avril 2012 à 13:51
D'un point de vue d'économiste, la longueur des études des généralistes ne les pénalise donc pas si on fait le bilan à 60 ans. A contrario, cette longueur ne leur apporte pas de gain financier, mais un début de vie active un peu plus difficile financièrement.
Donc, risquer un concours particulièrement sélectif qui laisse en bord de route une grosse majorité des impétrants après deux années perdues, passer plusieurs années dans un bachotage difficile, servir de petites mains dans les services hospitaliers, n'apportent pas à un généraliste la garantie d'un meilleur revenu que le parcours universitaire classique vers un master 2.

Extrait de mon livre " Médecine générale - courage, fuyons! " qui doit beaucoup à la réflexion menée ici.

A titre perso, mon fils a fait deux ans sans réussir, il a mis du temps à s'en remettre vraiment, si c'est fait presque 10 ans plus tard.
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DCI Messages postés 87149 Date d'inscription mercredi 30 avril 2008 Statut Modérateur Dernière intervention 18 avril 2024 37 344 > Dr Paul Lemeut Messages postés 102 Date d'inscription mardi 27 juillet 2010 Statut Contributeur Dernière intervention 16 décembre 2012
7 avril 2012 à 14:21
"passer plusieurs années dans un bachotage difficile, servir de petites mains dans les services hospitaliers, n'apportent pas à un généraliste la garantie d'un meilleur revenu que le parcours universitaire classique vers un master 2. "

C'est un point de vue que l'on peut ne pas partager.
J'ai vécu tout cela.
J'en ai bavé ni plus ni moins que les autres de ma promo. ou des promos de cette époque.
J'ai été boursier et pion dans un internat pendant 6 ans pour avoir un maximum d'indépendance financière par rapport à ma famille.
Et je n'ai pas gardé de ces années de mauvais souvenirs. Loin de là.
J'ai bossé tout seul dans un village rural pendant presque 35 ans. Le "revenu" de mon travail a été plus que correct. J'ai conscience d'avoir été utile. Et d'avoir "vécu".
Et je n'ai jamais hésité à mettre les mains dans le cambouis lorsqu'il le fallait. Chose qui est beaucoup moins perceptible chez les générations actuelles de futurs ou jeunes médecins.
Peut être auront ils une vie plus soft que la mienne, mais, à mon avis, beaucoup moins enrichissante.
Et je ne regrette rien.
Il est vrai que j'ai aussi vécu les dernières années d'un libéralisme allant d'abord en se rétrécissant puis agonisant lentement et définitivement décédé à ce jour.
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Barnouic > DCI Messages postés 87149 Date d'inscription mercredi 30 avril 2008 Statut Modérateur Dernière intervention 18 avril 2024
7 avril 2012 à 17:30
Non mais punaise ce qui a d'extraordinaire avec avec la vieille garde c'est qu'elle met toujours un point d'honneur a s'être fait faire B.............

Je voudrais tout même te faire toucher du doigt que c'est exactement ce genre de raisonnement qui a envoyé la profession au fond du trou
Tu pourrais au moins regretter le champ de ruines que tu leur laisses, aux jeunes


Pour ce qui est de l'injection directe je préfère les pompes a rampe hélicoïdale ....c'est moins sophistiqué mais c'est beaucoup plus fiable .....si si crois moi ...............;-))
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On peut aussi comprendre , apres ces traitements qu'ils subissent, qu'en fin de cursus il devient de plus en plus difficile, pour les étudiants en médecine, de faire fibrer leur fibre altruiste ....les dents aussi ont eu le temps de pousser ..Ainsi va la nature humaine..et ça ce n'est pas le Serment d'Hippocrate qui peut y faire grand chose ....
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