La penurie s'urbanise............

barnouic - 6 mars 2012 à 11:28
 barnouic - 6 mars 2012 à 11:45
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Médecins généralistes : la pénurie s'urbanise

La campagne n'est plus la seule à être boudée par les médecins généralistes. Exemple à Olivet dans le Loiret.
Traversée par le Loiret, Olivet (45) est une commune attractive. 20.000 personnes ont fait le choix d'y vivre, des personnes aisées et vieillissantes. Mais la commune est boudée par les jeunes médecins et la pénurie s'est déjà amorcée : il y a seulement 11 généralistes dans cette commune, la troisième plus peuplée du Loiret.
La situation inquiète d'autant plus que, avec le papy-boom, elle ne devrait qu'empirer : 70% des médecins sont proches de la retraite.
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SAINT-QUENTINOIS - Avec un corps de métier vieillissant, le monde médical ne cache pas son inquiétude pour son renouvellement dans les années futures.

Si Saint-Quentin n'a pas à envier la moyenne nationale en terme de nombre de médecins généralistes, les praticiens locaux ne sont guère optimistes à l'heure actuelle. Pour beaucoup, la question de la retraite va bientôt se poser.
Au premier semestre 2009, la ville comptait 70 médecins généralistes libéraux, mais avec une moyenne d'âge de 52,7 ans supérieure aux niveaux régional et national.
Et certains cherchent déjà leur successeur. Jean-Jacques Pouré, représentant local de la Chambre syndicale des médecins de l'Aisne, en sait quelque chose. Quittant le monde des actifs dès la fin de l'année, il n'a encore trouvé personne pour prendre sa suite...

« La pénurie va arriver... »

« Le problème qui se pose pour le cabinet, c'est une question de vie ou de mort ! » Actuellement, ils sont quatre praticiens regroupés et paient ensemble les « charges fixes ». Et si l'un part, ces coûts seront « moins supportables par trois ». Pour le Dr Pouré, il faudrait envisager de les réduire : « On voudrait que les gens exercent en groupe mais on fait rien pour favoriser qu'ils exercent en groupe ! » Pour lui, c'est un problème général, « comme partout en Picardie, en France ». « Il y a très peu de médecins qui s'installent. Moins de dix libéraux par an. Dans cinq, six ans, ce sera encore pire. »
Et le problème se fait déjà ressentir « depuis deux ans ». « Ça commence à se voir dans le sens où le nombre de patients augmente. » Au point que certains médecins refusent de prendre de nouveaux arrivants. « Ici, on prend les nouveaux patients, assure Jean-Jacques Pouré. Pour l'instant, on arrive encore à satisfaire les demandes. » « La pénurie va arriver très, très vite, acquiesce Paul Gorez, qui exerce dans le quartier de Neuville. Aussi dans les villes. »

Manque d'anticipation ?

La difficulté de renouveler le personnel médical a plusieurs origines. L'un des points faibles de la Picardie reste son manque d'attractivité, estiment la plupart des professionnels de santé interrogés. Les jeunes diplômés ne se dirigent pas forcément à Saint-Quentin, si ce n'est pour faire leurs classes. « S'ils s'installent en libéral, ils vont dans des endroits où il fait beau », estime le Dr Pouré.
Beaucoup préfèrent également être salariés dans un hôpital ou une clinique. « C'est le statut [de libéral, NDLR] qui ne fait plus rêver. Avec un temps de travail trop important, une protection sociale inexistante, une retraite trop faible, un profil de carrière absent... [...] C'est le statut du médecin libéral généraliste qui n'est plus adapté à la société. »
Les jeunes ne seraient plus d'accord pour subir les mêmes contraintes que leurs aînés. De même pour les femmes, autre point d'accord entre les médecins Pouré et Gorez.
« Depuis une dizaine d'années, ce sont 60 % des femmes qui sortent des écoles, explique Paul Gorez. Et parmi elles, elles sont 15 % à faire du boulot sur le terrain. La féminisation n'a pas avantagé la médecine générale. » Voulant mener de front carrière et vie familiale, elles seraient moins prêtes à sacrifier le privé au professionnel.
Pourtant, au niveau national, le problème est connu. Des réformes ont déjà vu le jour mais leurs effets vont se faire attendre. Ainsi, le nombre d'étudiants à passer de première année en seconde (numerus clausus) a été relevé en décembre. De même pour la troisième à la quatrième année, etc. « Pour le numerus clausus, il va falloir attendre une dizaine d'années », selon Jean-Jacques Pouré.




DESEQUILIBRE ENTRE QUARTIERS
L'un des points que dénonce Paul Gorez, c'est le « déséquilibre » qui s'est créé dans la ville. « On a vu au fur et à mesure tous les médecins quitter les quartiers. » Si le centre-ville, au sens large, concentre la majorité des médecins, les quartiers disposent de deux à quatre médecins. Et le médecin avait déjà tiré la sonnette d'alarme il y a un an.
Pratiquant dans le secteur de Neuville, avec Philippe Fristot, il pose le problème de l'avenir du cabinet. Ils sont seuls dans ce quartier qui est « l'appendice du Faubourg d'Isle ». Ce dernier, lui, comptabilise quatre praticiens. Or, son confrère, le Dr Fristot, devrait prendre sa retraite d'ici trois à quatre ans. « On est à la recherche de successeurs. » Et les zones franches ne facilitent pas une meilleure répartition des médecins, selon lui. Or, la municipalité vient de resigner pour trois ans. « Au niveau national, il faudrait aider les Zus [Zone urbaine sensible, NDLR]. »
Etant en locatifs, les deux médecins ne subissent pas trop de charges, estime Paul Gorez. « Le problème, c'est qu'on paie tous les impôts. » A l'inverse d'autres quartiers. « C'est l'opportunité de la zone franche, estime pour sa part Jean-Jacques Pouré. Je vois pas pourquoi on profiterait pas de cette aubaine. »
Le découpage de ces secteurs géographiques se faisant au niveau national, la Ville n'intervient pas sur la répartition des professionnels de santé : « C'est le choix de chacun des médecins de s'installer », précise le cabinet du maire. Si le choix d'appliquer des politiques pour favoriser le commerce de certains quartiers n'est pas critiqué, Paul Gorez regrette que d'autres en pâtissent.



SEBONCOURT CHERCHE DOCTEUR
Dans les solutions recherchées pour combler le manque de médecins, plusieurs communes ont choisi de faire appel à des docteurs roumains, prêts à venir s'installer dans les zones les plus reculées.
En 2010, selon une publication du Conseil national de l'ordre des médecins, 100 % des médecins généralistes qui se sont installés dans l'Aisne sont diplômés de Roumanie.
Le maire de Seboncourt, Gérard Feuillette, en sait quelque chose. Après le départ du médecin de la commune, les habitants sont restés environ un an sans personne. En 2008, un praticien roumain accepte de s'y installer... Et les quitte six mois après. Sans explication.
La série n'est pas terminée. Un autre médecin a pris la suite, Peter Plag, mais a ensuite déménagé pour Bohain-en-Vermandois. Il avait motivé son départ en raison du manque de clientèle à Seboncourt.
La « clé » à trouver
« Depuis, je cherche, explique le maire. J'ai un cabinet médical à disposition et un appartement spacieux de 120 m2. » Pour Gérard Feuillette, la solution viendrait de la loi : « Il devrait y avoir un médecin pour tant d'habitants. » La ruralité pose le problème d'accès aux soins. « Il y a des personnes à mobilité réduite », rappelle le maire, et les médecins les plus proches se situent désormais à Bohain-en-Vermandois et Fresnoy-le-Grand.
Mais le fait de chercher des médecins à l'étranger ne convainc guère les généralistes locaux. « C'est du bricolage, estime Jean-Jacques Pouré. Ça peut pas compenser le problème actuel. »
Paul Gorez tempère : « Ça peut être une clé. Mais ça ne peut pas être la seule. [...] Le problème, c'est la barrière de la langue. » Au point que ces médecins ne mettent pas toujours le patient en confiance. Ainsi, une Saint-Quentinoise a fait vérifier son ordonnance aux urgences, de peur que le praticien ne l'ait pas bien comprise, raconte un gastro-entérologue.
Si le maire a reçu de nouvelles candidatures des pays de l'Est, il a été échaudé. Et attend désormais qu'un jeune diplômé accepte de rejoindre sa commune.
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