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1 mai 2015 à 22:48
begonie
Messages postés87244Date d'inscriptionmardi 13 avril 2010StatutModérateurDernière intervention16 novembre 2024
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2 mai 2015 à 08:23
Bonsoir,
suite à une IVG (par aspiration), qui est clairement à la source de ma perte de libido, je n'arrive plus à considérer le sexe de manière "normale".
Cette IVG, que mon compagnon m'a réellement aidée à supporter, a été la seule décision que nous pouvions prendre. A ce jour, et malgré nous, nous ne sommes pas en mesure d'accueillir correctement un enfant.
Avant, notre vie sexuelle était vraiment épanouie, et ne cessait de nous faire nous aimer d'autant plus en nous découvrant un peu plus tous les jours. Mais, depuis les quelques longues et dures semaines où j'ai été enceinte, et même une fois l'intervention passée, je n'éprouve plus aucun désir. J'en suis très amoureuse, et j'ai même la conviction que ce sera lui le père de mes enfants. Quand je le regarde, je le trouve toujours aussi beau et attirant. Pourtant, je n'arrive que difficilement à accepter des gestes sensuels et sexuels de sa part. Je vois bien, malgré ses efforts et son optimisme, que ça lui pèse. Alors, j'essaie de faire au mieux pour contourner l'acte en soi, tout en "le soulageant" tout de même (entre inconnus, après tout, autant se donner quelques détails, surtout si quelqu'un peut nous aider ! ;) ). D'ailleurs, je dois avouer retrouver la sensation d'excitation quand nous nous retrouvons dans ces moments si intimes. Mais je n'ai aucune envie qu'il me touche. A deux reprises, nous avons réussi à faire l'amour. A ce moment-là, soit je ne ressens strictement rien, à part ses va-et-viens, que je sens, certes, mais le plaisir n'est pas au rendez-vous. Soit, rapidement, ça devient douloureux car je suis très stressée (à l'idée de contracter une infection, ou de saigner encore, ...).
Parfois, j'essaie de dépasser mes (nouvelles) limites. J'achète de la lingerie par surprise, ou je le rejoins sous la douche. Nous avions déjà l'habitude de ces petites attentions, avant cette douloureuse étape. Mais quand je fais ça aujourd'hui, ce n'est plus avec une idée coquine et amoureuse derrière la tête. Aujourd'hui, c'est en prenant sur moi et en me disant que je peux le faire, pour lui, et que pour tout s'arrange. Un peu comme si j'aurais aimé qu'après cette intervention, le sexe n'existe plus.
Constatant très vite ce manque de désir sexuel, je me suis beaucoup renseignée sur Internet. J'ai lu des dossiers médicaux qui m'ont paru sérieux, expliquant que la plupart des femmes, après une IVG, assimilent l'acte sexuel, par déduction, à la mort. C'est peut-être ce qu'il m'arrive, mais j'ai du mal à l'exprimer. Personnellement, il me semble toucher du doigt deux sensations très compliquées à supporter et à faire entendre à mon compagnon.
D'une part, je n'ai pas envie qu'il me touche. Bien que j'aie été opérée il y a bientôt un mois, ma poitrine est sensible, et je ressens toujours quelques douleurs dans les ovaires, ou l'utérus... Enfin bref, les fameuses douleurs "en bas du ventre" quand nos hormones font leur travail. Et, de par ces douleurs, mon corps... ne m'intéresse plus. Je ne le vois plus comme le corps d'une jeune femme, mais plutôt comme un champ de bataille. Et c'est très, très dur à faire entendre à un homme, d'autant plus quand c'est celui qui vit à nos côtés tous les jours, et qui, à chaque refus, nous rappelle combien on est à ses yeux "la plus belle", combien notre corps l'attire. Oui mais, pas à moi, ce corps me fait plus mal, physiquement et moralement, qu'autre chose, alors j'aimerais qu'on le laisse tranquille.
Ensuite, je dois avouer me sentir profondément coupable. Sans doute, d'avoir le sentiment d'avoir tué un bébé. Mais oui, je sais, c'en n'était pas un, c'était un foetus. Seulement, c'était le mien, le notre. Alors la valeur affective entre en jeu. Je culpabilise énormément aussi, de mon attitude, pendant la grossesse. Je ne me rappelle pas bien de ces quatre semaines, à vrai dire ; parce que j'ai découvert que j'avais un don : celui de disparaître, de m'effacer, dès que quelque chose me contrariait. Arrivée à chaque rendez-vous médicaux, heureusement que j'y étais systématiquement accompagnée de mon compagnon ou de ma meilleure amie : je n'entendais plus, et étais là sans l'être. Mais, tout ce que je sais, c'est que j'ai clairement été odieuse avec lui, et il est resté là, patient, aimant et dévoué, à attendre que mes colères passent... pour être remplacées par des secousses de larmes. Maintenant, je culpabilise encore, mais de ne plus me sentir capable d'avoir le rôle d'une vraie femme, en faisant l'amour à celui que j'aime. Et en même temps, c'est comme si j'avais l'impression de ne plus mériter le droit à ce plaisir charnel, dans ce corps repoussant et digne d'une scène de crime.
On m'a déjà retiré une immense partie, qui aurait pu faire de moi une femme accomplie, amoureuse et maternelle. Et voilà que je m'aperçois que l'on m'a, par la même occasion, aspiré tout désir pour l'homme que j'aime. Je ne peux plus lui manifester cet amour sans limite qu'il mérite. Et j'aimerais vivement que l'on m'aide.
Je réfléchis à consulter mon généraliste, et un psychothérapeute, pour régler tout cela avec des solutions peut-être un peu scientifiques et pragmatiques. Mais, si parmi vous, quelqu'un a vécu ce que nous vivons aujourd'hui, et a une ébauche de conseils à nous adresser, ce serait un vrai soulagement.
Ça fait combien de temps que tu as fait cette ivg ?
Déjà laisse tomber l'idée de faire l'amour pour lui faire plaisir, c'est une très mauvaise idée... On fait l'amour pour soi, pas pour les autres...
Ce serait bien d'en parler avec un médecin psychiatre. Il va falloir apprendre à te pardonner et te re-approprier ton corps... Ça peut prendre du temps...
Bonsoir, et merci pour ta réponse.
Ca fait un peu plus de 3 semaines. C'est peu d'un côté, mais en même temps... j'aimerais pouvoir effacer cette étape, très vite, et avancer.
Je sais bien, c'est bon de le rappeler, bien sûr ! Il n'est pas insistant ou demandeur, n'a jamais dit "fais moi plaisir" dans ce contexte-là ; toutes les tentatives viennent de mon initiative ! Mais c'est sans doute maladroit, je n'en sais rien à vrai dire, je n'ai pas le recul, et bien évidemment pas l'expérience, pour en juger... !
Une thérapie avec un professionnel est sans doute le mieux à faire, c'est peut-être ce qui ressortira des prochaines réponses s'il y en a !
Mais, comme j'en ai témoigné dans un autre post d'une jeune fille évoquant les mêmes difficultés que moi, si je n'ai encore vu personne, c'est par sentiments de honte et de culpabilité.
J'ai honte d'avoir avorté, honte de souffrir et de m'en plaindre, honte de repousser un homme qui ne veut que m'aimer, et j'ai honte de vouloir envie de repasser à l'acte sexuel. Alors, oui, dit comme ça... peut-être va-t-il falloir que je m'en remette à des professionnels !
Encore merci pour ta réponse.
begonie
Messages postés87244Date d'inscriptionmardi 13 avril 2010StatutModérateurDernière intervention16 novembre 20249 091 1 mai 2015 à 23:40
Bonsoir.
Juste de passage .... je viens de lire la discussion.
Les professionnels de la santé ont la compétence, de par leur formation, d'accueillir les problèmes des gens et de les accompagner sans jugement.
Ton idée d'aller consulter auprès d'un psychothérapeute est plutôt utile.
Faut juste te renseigner auprès de quel(le) psychothérapeute tu pourras trouver l'écoute et le soutien qui correspond à ton mal-être.
Faudra donc d'abord chercher des renseignements/orientation peut-être chez ton gynécologue ou ton médecin habituel pour trouver un(e) psychothérapeute reconnu(e) et spécialisé(e) dans le domaine de l'accompagnement des personnes qui vivent une situation semblable à la tienne.
Faut surtout pas hésiter à te renseigner.
D3
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begonie
Messages postés87244Date d'inscriptionmardi 13 avril 2010StatutModérateurDernière intervention16 novembre 2024 2 mai 2015 à 01:28
Bonsoir
Merci à toi pour ces quelques lignes.
Je vais donc devoir me faire à l'idée : cette blessure-là ne sera pas guérie par le temps, mais par un traitement psychothérapique, alors.
Bonne fin de soirée.
begonie
Messages postés87244Date d'inscriptionmardi 13 avril 2010StatutModérateurDernière intervention16 novembre 20249 091 Modifié par begonie le 2/05/2015 à 08:24
Tout-à-fait.
Il y a plein de jeunes filles et/ou femmes qui ne vivent pas cette Intervention comme un traumatisme, d'autres, comme toi, paraissent très affectées et nécessitent un accompagnement par un(e) psy compétent(e).
Tu peux aussi te renseigner dans un Centre de Planning Familial de ta ville pour une orientation ou prendre contact dans un CMP (Centre Médico Psychologique) proche de ton domicile, donc dans des Centres officiels.
1 mai 2015 à 23:16
Ca fait un peu plus de 3 semaines. C'est peu d'un côté, mais en même temps... j'aimerais pouvoir effacer cette étape, très vite, et avancer.
Je sais bien, c'est bon de le rappeler, bien sûr ! Il n'est pas insistant ou demandeur, n'a jamais dit "fais moi plaisir" dans ce contexte-là ; toutes les tentatives viennent de mon initiative ! Mais c'est sans doute maladroit, je n'en sais rien à vrai dire, je n'ai pas le recul, et bien évidemment pas l'expérience, pour en juger... !
Une thérapie avec un professionnel est sans doute le mieux à faire, c'est peut-être ce qui ressortira des prochaines réponses s'il y en a !
Mais, comme j'en ai témoigné dans un autre post d'une jeune fille évoquant les mêmes difficultés que moi, si je n'ai encore vu personne, c'est par sentiments de honte et de culpabilité.
J'ai honte d'avoir avorté, honte de souffrir et de m'en plaindre, honte de repousser un homme qui ne veut que m'aimer, et j'ai honte de vouloir envie de repasser à l'acte sexuel. Alors, oui, dit comme ça... peut-être va-t-il falloir que je m'en remette à des professionnels !
Encore merci pour ta réponse.
1 mai 2015 à 23:40
Juste de passage .... je viens de lire la discussion.
Les professionnels de la santé ont la compétence, de par leur formation, d'accueillir les problèmes des gens et de les accompagner sans jugement.
Ton idée d'aller consulter auprès d'un psychothérapeute est plutôt utile.
Faut juste te renseigner auprès de quel(le) psychothérapeute tu pourras trouver l'écoute et le soutien qui correspond à ton mal-être.
Faudra donc d'abord chercher des renseignements/orientation peut-être chez ton gynécologue ou ton médecin habituel pour trouver un(e) psychothérapeute reconnu(e) et spécialisé(e) dans le domaine de l'accompagnement des personnes qui vivent une situation semblable à la tienne.
Faut surtout pas hésiter à te renseigner.
2 mai 2015 à 01:28
Merci à toi pour ces quelques lignes.
Je vais donc devoir me faire à l'idée : cette blessure-là ne sera pas guérie par le temps, mais par un traitement psychothérapique, alors.
Bonne fin de soirée.
Modifié par begonie le 2/05/2015 à 08:24
Il y a plein de jeunes filles et/ou femmes qui ne vivent pas cette Intervention comme un traumatisme, d'autres, comme toi, paraissent très affectées et nécessitent un accompagnement par un(e) psy compétent(e).
Tu peux aussi te renseigner dans un Centre de Planning Familial de ta ville pour une orientation ou prendre contact dans un CMP (Centre Médico Psychologique) proche de ton domicile, donc dans des Centres officiels.