Je sens que je perds ce qui me reste d’humanité

BilyParis Messages postés 4 Statut Membre -  
-Sof- Messages postés 223 Date d'inscription   Statut Membre Dernière intervention   -

J’ai 43 ans et aussi loin que je me souvienne j'ai toujours été un homme rationnel, analytique, très lucide et parfois même distant émotionnellement même durant mon enfance.
Ce n’est pas que je n’ai jamais ressenti d’émotions, mais elles ont toujours été sous contrôle, en retrait, comme si elles n’avaient pas vraiment leur place. Et maintenant je les vois, mais je ne les ressens plus vraiment.

Mais dernièrement, quelque chose a changé. Je deviens de plus en plus indifférent, comme si mon cœur s’endurcissait pour de bon. Je me sens de mieux en mieux dans ma bulle, et je ne sais pas si c’est une protection ou une chute libre.

Ce qui me touchait avant ne me fait presque plus rien. Il ne reste presque plus que l’ombre.Les relations me semblent mécaniques, les échanges vides de sens.
Pourtant, au fond, une partie de moi refuse encore de disparaître totalement.

Je poste ici parce que j’ai l’impression qu’à un certain moment, il n’y aura plus de retour en arrière possible et je tiens à préciser que ce que je vis n'est pas une dépression mais plutôt une expression profonde de ma nature. Je ne me sens pas du tout anéanti ou incapable de ressentir, c'est plutôt une forme de détachement qui semble inhérente à ma manière d'être.

J’aurais des tas d’exemples à donner, mais je préfère ne pas les afficher ici. Peut-être parce que je ne veux pas voir en face à quel point ça va loin. Peut-être aussi parce qu’il est peut-être encore temps d’éviter qu’il soit trop tard.

J’arrive à masquer cette indifférence, et personne ne peut la voir. Parfois, je me demande si c’est parce que trop peu de gens cherchent réellement à voir. Mais il doit bien exister des personnes capables de ressentir ce que je décris, non ?

J’ignore si je suis le seul à ressentir ça, mais j’ai l’impression que peu peuvent comprendre ce que c’est d’observer son propre détachement, sans pouvoir l’arrêter. Peut-être que seule une personne avec une vraie sensibilité peut le comprendre à l'interieur d'une sorte de jardin secret où la parole serait libre et sans jugement.

Une fois qu’on a définitivement fermé la porte aux émotions, peut-on encore la rouvrir ?
Est-ce que l’une d’entre vous a déjà ressenti ça ?
Et si oui… comment fait-on pour ne pas s’éteindre complètement ?

Je ne sais pas. Peut-être que la clé est simplement un échange avec la bonne personne, au bon moment.

PS : Je sais que certains ne comprendront pas et que ce genre de sujet attire parfois des réactions inutiles. Ce n’est pas grave, je ne cherche pas approbation ou pitié. J’ai simplement envie d’un échange sincère, avec des personnes capables d’apporter une réflexion et pas juste un avis superficiel jeté sans réflexion.

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5 réponses

-Sof- Messages postés 223 Date d'inscription   Statut Membre Dernière intervention   65
 

Bonjour.

Le détachement émotionnel est une forme de protection personnelle.

On se protège de soi-même mais aussi de l'autre.

Cet enfermement, je l'appelle la prison, SA propre prison.

Elle est à double tranchant.

On se referme, on s'isole mentalement, on évite...

Mais en même temps, on refuse de vivre pleinement ses émotions et ce qu'elles peuvent nous apporter.

La vie est remplie d'émotions et c'est à la fois ce qui en fait le "piment" mais aussi ce qui, parfois, en fait l'"enfer".

Ressentir certaines émotions peut effrayer, interpeller, troubler...

Sous ce "déni", il y a donc une forme de peur.

Mais d'où vient celle-ci, où tire t'elle son origine ?

Sans doute dans des expériences de vie douloureuses, refoulées ou pas.

Bon, tout ceci n'est que MON avis et n'engage que moi bien sûr.

-Sof-


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BilyParis Messages postés 4 Statut Membre
 

Chère Sof,

Merci pour cette réflexion nuancée. J’aime bien l’image de la prison, mais dans mon cas, ce serait plutôt un observatoire. Un endroit d’où je perçois tout, sans forcément ressentir l’envie d’y plonger. Est-ce une protection ? Peut-être. Ou simplement une forme de lucidité extrême, qui frôle parfois le cynisme.

Je ne ressens pas d’isolement – j’ai des amis, une famille, un travail qui me passionne. Mais cette distance, cette façon d’observer sans trop m’impliquer, semble s’accentuer avec le temps. Peut-être est-ce une perte de confiance en l’humanité. Ou simplement une autre façon de vivre.

Votre message m’a interpellé. Cette prison dont vous parlez, Est-ce toujours un enfermement, ou peut-elle aussi être une forme de liberté ?

Je serais curieux d’entendre votre point de vue.

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-Sof- Messages postés 223 Date d'inscription   Statut Membre Dernière intervention   65
 

Il est vrai qu'une hyper lucidité peut engendrer, dans certains cas, une retenue mais dans d'autres, au contraire, une action.

En soi, je pense qu'être lucide, bien plus que la majorité des gens, entraîne aussi une certaine forme de souffrance, à divers niveaux.

Le Monde a bien changé en 40 ans (je suis beaucoup plus âgée que vous).

Je ne parle pas ici de l'évolution technologique, par exemple.

Mais plutôt des valeurs, des priorités, du rapport à l'autre...

C'est un fait, il se déshumanise de plus en plus...

Et, aujourd'hui, il est beaucoup plus centré sur l'avoir que sur l'être.
Sur les apparences que sur le moi profond.

Peut-être est-ce dans ce sens que vous parlez d'"observatoire" ?

Un peu comme si vous vous sentiez moins concerné par l'époque actuelle, voire même peut-être un peu "étranger" à celle-ci ?

Cette prison dont je parle est un leurre de liberté mais devient une réelle prison lorsqu'elle est synonyme de souffrance intérieure.

Croire se protéger de... mais en fait, s'enfoncer un peu plus chaque jour jusqu'à se retrouver dans un cercle vicieux infernal...

Car les émotions, c'EST la vie, elles font partie intégrante de celle-ci.

-Sof-


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BilyParis Messages postés 4 Statut Membre
 

Heureux les simples d’esprit, n’est-ce pas ?

Je pense que l’humain, dans son essence, n’a pas fondamentalement changé au fil des époques. Les conventions sociales, elles, se transforment, mais au fond, l’intérêt personnel guide toujours chaque action. Tout ce que l’on attribue à des valeurs ou à des idéaux n’est souvent que de la rationalisation a posteriori, une justification pour apaiser une conscience qui préfère se croire noble.

La vérité ? L’homme, ou la femme, n’hésiterait pas une seconde à trahir son conjoint si une option plus avantageuse se présentait, tout comme l’employé sacrifiera son employeur si l’enjeu justifie l’action. Ce qui empêche ce chaos, ce qui nous pousse à contenir nos véritables impulsions, c’est simplement la pression sociale et la peur de l’image que l’on projette. Ce n’est pas une illusion de moralité, mais plutôt une danse constante avec l’apparence.

C’est peut-être ce que je perçois avec une acuité dérangeante. Une lucidité qui peut paraître désenchantée, mais qui n’est, à mon sens, que le reflet d’une réalité plus pure. L’amour, la loyauté, la vertu… tout cela reste, au final, un jeu dans un monde ou la nature humaine dicte avant tout l’instinct.

Je ne dirais pas que c’est de la désillusion. C’est juste un regard plus acéré, plus précis sur ce que nous sommes, au-delà des façades que l’on nous impose. Certes, des exceptions existent, mais elles restent d’une rareté presque remarquable.

Peut-être est-ce ce qui rend l’humain intéressant à analyser… et terrifiant à fréquenter.

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-Sof- Messages postés 223 Date d'inscription   Statut Membre Dernière intervention   65
 

Effectivement et c'est exactement la phrase que j'ai eu envie d'écrire dans mon message précédent.

Je suis d'accord qu'au plus profond de lui-même, fondamentalement, l'Homme ne change pas.

Et ce parce que c'est la nature humaine, l'instinct...

Mais les mentalités, elles ont été modifiées au fil du temps.

Et aujourd'hui, on est vraiment dans l'ère du "paraître".

L'être humain et ses valeurs ont été relégués au second plan.

Ce qui importe n'est plus qui tu es mais ce que tu as (réellement ou fait semblant d'avoir).

Bien entendu, comme dans tout, il y a des exceptions et heureusement.

Imaginez un Monde sans lois, sans sanctions, sans codes, sans... Ce serait le chaos total.

Beaucoup ne passent pas à l'acte, non pas par morale, mais bien par peur de la punition... de leur réputation...

Aujourd'hui, être hyper lucide du Monde dans lequel nous sommes nés, nous vivons... nous entraîne inexorablement vers ce sentiment de déshumanisation.

C'est aussi un frein à l'ouverture à l'autre.

-Sof-


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