Amis imaginaires, normal ou pas ?

Bonjour,

J'ai un gros problème et j'aimerais savoir si quelqu'un sait comment y remédier.
J'ai 15 ans fin septembre, je rentre donc en seconde cette année.
Je n'ai pas vraiment d'amis et je sors rarement (mes parents ne me laissent pas trop sortir, et de toute manière sortir et marcher toute seule dans la rue, sans savoir où ni pourquoi, juste pour marcher, je ne trouve pas ça très intéressant).

De plus je n'ai pas de téléphone portable ce qui m'empêche de parler avec le peu de gens que je connais (donc pendant les grandes vacances, on m'oublie souvent). Si je n'ai pas de téléphone portable, c'est parce que mes parents ne veulent pas, ils trouvent cela inutile à mon âge et ne cessent de me répéter que ce n'est pas avec ça qu je me ferais des amis. Je suis tout à fait d'accord quant à cela, mais les autres ne le sont pas. J'ai un peu l'impression que ne pas avoir de portable à mon âge est mal vu par les autres, que l'on a l'air d'un "cas social" de quelqu'un de "bizarre" ou autre. C'est la principale raison pour laquelle j'en veux un.

J'imagine et j'espère qu'il y a d'autres moyens pour avoir des amis. Je ne pense pas qu'il s'agit là d'une question de mauvaise volonté puisque malgré ma timidité, je vais vers les gens, j'essaie d'être sociable, j'aide souvent les gens qui le demandent ou qui ont en besoin, je suis (un peu trop) serviable etc.

Le hic c'est que j'ai l'impression d'être invisible. Un jour j'ai vu un groupe d'élèves de ma classe discuter pendant la récréation, en cercle. Quelqu'un est venu, ils se sont déplacés pour le laisser les rejoindre. Je me suis donc lancée et je suis allée vers le groupe. Certains ont levé la tête et m'ont clairement vue mais ont fait mine de n'avoir rien vu. Je ne me suis pas découragée et je suis restée, même un peu en retrait. J'essayais de parler mais l'on ne me répondais pas ou l'on me disait "ah ok". Je l'aurais pris avec indifférence si je ne vivais pas la même chose tous les jours.

Donc j'ai commencé à me dire qu'avoir des amis était quelque chose qui n'était pas fait pour moi et j'arrêtai de m'incruster dans les groupes. Je lisais sous le préau, tranquillement, tout en me disant que j'aurais dû faire ça depuis le début au lieu de perdre mon temps en tentant d'avoir des amis.

Seulement voilà, à la fin des cours quand tout le monde parle de l'anniversaire d'un tel ou de la fête de machin ou de la sortie au parc d'attractions de bidule en me demandant à chaque fois "tu vas y aller ?" alors qu'ils savent pertinemment que non, ça devient lourd.

Donc (et c'est là où mon problème est grave, je pense) vers le milieu de ma quatrième, lorsque j'avais l'occasion de dire quelque chose à quelqu'un, j'en profitais pour parler de mes nouveaux amis (qui bien sûr n'existent pas). Mais les paroles ne veulent rien dire, il faut donner de la consistance à son récit, il faut donner vie à ces pauvres amis imaginaires, non ? C'est ce que j'ai fait. Par exemple, en sortant de mon cours de danse, un jour, je suis allée vers le bâtiment où avaient lieu des cours de théâtre en sachant très bien que trois des élèves de ma classe y terminaient leur séance à cette heure là. Ils m'ont demandé "qu'est-ce que tu fais là ?" et je leur ai répondu "j'attends Eva". Eva n'existait pas bien entendu, c'était l'une de mes amies imaginaires.
Et c'est alors que j'ai commencé à faire vivre mes amis imaginaires, en rêvant parfois d'eux, ou en rêvant d'un de leur anniversaire ou de choses que l'ont fait entre amis). C'est peut-être fou, stupide, ridicule mais ça comblait très bien le vide que je ressentais avant. Et tout cela pendant presque un an et demi.

Je soignais l'image de mes amis inexistants, je leur donnait un caractère, des loisirs, un, des amis à eux aussi, une famille etc. Sauf que je pensais que cela ne suffisait pas, qu'il fallait aussi prouver leur existence au risque de voir planer les doutes de certains. J'ai donc un peu joué avec le feu en affirmant parfois que machin allait passer à la fin des cours pour aller à la piscine, que bidule et moi allions allé aux Tuileries ce jour-là, histoire de laisser imaginer les gens de mon collège/entourage la scène. S'ils imaginaient la scène, avec mes amis invisibles, c'est que j'avais gagné le gros lot, que j'avais réussi à leur donner un visage, que les autres pouvaient les visualiser.

Mais il fallait bien trouver un truc pour arranger tout cela, car personne n'allait venir après les cours, personne n'allait aux tuileries etc. (j'avais bien choisi de dire tout cela vers la fin de l'année, pour ne pas à avoir à trouver d'autres occasions où un tel pourrait apparaître) et j'ai ainsi pu dire que bidule était collé le jour où elle devait venir à la fin des cours, que machine était partie en vacances et n'allait pas pouvoir aller aux Tuileries.

Par ailleurs, je m'étais aussi inventé des visites chez le psychologue, des escapades nocturnes avec ces amis imaginaires et d'autres petites choses pour donner un bon goût à mon histoire.

Voilà voilà, je voudrais donc savoir si c'est un comportement normal ou pas ?

P.-S. : je n'en souffre pas, je ne suis pas en déprime, je sais que tout cela sera terminé en seconde car j'ai très peu de chances de me retrouver avec des gens que je connais et même si cela arrive, les gens de mes classes précédentes n'ont pas l'habitude de venir me parler.

P.-P.-S. : désolée d'avoir beaucoup écrit, je ne me relis pas moi-même parce que tout est venu en un seul bloc et je pense que c'est ce qui est mieux pour représenter ce que je veux vous expliquer

Mélanie