Accident ischémique constitué : c'est quoi, quel traitement ?

Forme d'AVC, l'accident ischémique constitué (AIC) est l'atteinte définitive d'un territoire vasculaire du cerveau à cause d'une artère cérébrale bouchée. L'AIC engendre parfois des séquelles à long terme. Quels symptômes ? Quelles causes ? Comment traiter l'AIC ? Réponses avec le Pr Serge Timsit, neurologue.

Accident ischémique constitué : c'est quoi, quel traitement ?
© angkhanpt

Définition : c'est quoi un accident ischémique constitué ?

Un accident vasculaire cérébral (AVC) désigne la perte brutale d'une fonction du cerveau. Il existe des AVC hémorragiques (15% des cas) et ischémiques (85% des cas). L'accident ischémique est provoqué par un arrêt brutal de la circulation sanguine à l'intérieur du cerveau à cause d'une artère bouchée et engendre alors un apport insuffisant en oxygène et en glucose. L'accident ischémique constitué signifie qu'il s'agit d'une atteinte définitive du tissu cérébral. 

Quels sont les symptômes d'un accident ischémique constitué ? 

Les symptômes d'un AIC durent souvent plus d'une heure et pourront s'atténuer en quelques jours voire quelques mois après une rééducation. Ce déficit soudain et latéralisé d'une partie du cerveau peut entraîner :

  • une paralysie d'un côté touchant le bras (membre supérieur), la jambe (membre inférieur) ou le visage (asymétrie du visage),
  • un engourdissement (hypoesthésie),
  • une perte de vision à droite ou à gauche,
  • des difficultés à s'exprimer ou à comprendre (aphasie),
  • des troubles de la coordination ou de l'équilibre (mais ce dernier symptôme peut aussi être causé par d'autres pathologies comme un trouble au niveau de l'oreille interne). 

Quelles sont les causes d'un accident ischémique constitué ? 

Il existe trois grandes causes : 
► Les causes cardiaques : un caillot part du cœur et migre dans une artère du cerveau ;
► Les maladies des petits vaisseaux : les petites artères situées dans le cerveau sont touchées (microangiopathie). Les maladies des petits vaisseaux sont favorisées en particulier par l'hypertension artérielle et le diabète mais peuvent aussi être dues aux antécédents familiaux ; 
► Les maladies des gros vaisseaux (athérosclérose) : la carotide ou les artères vertébrales sont serrées par des plaques d'athérome (dépôt de graisse) qui peuvent modifier le flux sanguin. 

Il est nécessaire de se préoccuper, en amont, des facteurs de risques qui dépendent du comportement, de l'hygiène de vie, de l'environnement et de l'héritage génétique et familial : 

  • L'hypertension artérielle ; 
  • Le diabète
  • L'hyper cholestérolémie ; 
  • L'absence d'activité physique ; 
  • Une mauvaise alimentation ; 
  • L'obésité ; 
  • Le tabac ;
  • L'alcool ; 
  • Les causes cardiaques ;
  • La dépression et le stress. 

Quelle différence avec un AIT ou un AVC ? 

L'accident ischémique constitué (AIC) et l'accident ischémique transitoire (AIT) sont des formes différentes d'accidents vasculaires cérébraux (AVC). La différence entre l'AIT et l'AIC réside dans la temporalité des symptômes. L'accident ischémique transitoire est, par définition, une manifestation des symptômes qui dure peu de temps, en général quelques minutes. Par opposition à transitoire, l'accident ischémique constitué peut laisser des séquelles à plus long terme : une rééducation peut être nécessaire.  L'une des caractéristiques de l'AIT et de l'AIC est qu'aucune douleur n'alerte le patient, à la différence de l'infarctus du myocardeLe Pr Serge Timsit, chef de service de neurologie au CHU de Brest, alerte : "Une personne qui ne voit pas d'un œil ou est paralysée de la main pendant cinq minutes doit quand même être prise en charge dans les premières 24 heures après l'incident car les AIT sont annonciateurs d'AIC. Si on s'en occupe bien, on diminue le risque de faire un AIC de 80%."

Comment pose-t-on le diagnostic d'un accident ischémique constitué ? 

Avant tout, le moindre symptôme doit alerter et encourager la personne à composer le 15, le numéro du Samu. Une fois à l'hôpital, le médecin suspecte l'AIC grâce à un examen clinique, en fonction des éléments donnés par le patient. Pour savoir s'il s'agit d'un accident ischémique ou d'une hémorragie cérébrale, un scanner cérébral ou une IRM cérébrale sont réalisés. D'autres examens sont possibles pour diagnostiquer la cause. Pour savoir si celle-ci est cardiaque, on procède à un électrocardiogramme, un monitoring prolongé de 24 à 48 heures du rythme du cœur ou une échographie cardiaque. Pour savoir si la cause est liée à une maladie des petits vaisseaux, les professionnels de santé font une IRM cérébrale. Enfin, pour vérifier si la cause provient d'une athérosclérose, un échodoppler des vaisseaux du cou, un angioscanner ou une angio-IRM peuvent le déterminer. 

Quel est le traitement d'un accident ischémique constitué ? 

"Avant tout, il est nécessaire que le patient soit hospitalisé dans une unité neuro-vasculaire. Le patient sera ainsi bien pris en charge permettant de prévenir les complications telles qu'une phlébite, des infections, un bon contrôle de la tension… ", souligne le Pr Timsit. Pour traiter la phase aiguë, il est possible d'effectuer : 
► Une thrombolyse : injection par voie intraveineuse d'un médicament pour dissoudre le caillot qui bouche l'artère du cerveau à faire dans les 4 heures 30 après les signes de début de l'AIC ; 
► Une thrombectomie : technique médicale qui permet, grâce à un cathéter introduit dans l'aine, de déboucher l'artère cérébrale. Celle-ci est majoritairement réalisée dans les premières 6 heures et parfois jusqu'à 24 heures après le début des symptômes.  "Seulement 15% de la population souffrant d'un AIC ont une thrombolyse ou une thrombectomie." En revanche, les malades reçoivent tous un traitement médicamenteux : un anti-agrégant plaquettaires (aspirine) ou un anti-coagulant. "Il est aussi primordial de traiter leurs facteurs de risques : traitement permettant de diminuer le LDL cholestérol, l'hypertension artérielle, l'arrêt de la cigarette, la reprise d'une activité physique (marcher au moins 30 min tous les jours), manger 5 fruits et légumes par jour, consommer peu d'aliments salés, ou encore préparer soi-même à manger", prévient le professeur en neurologie.  

Il est primordial de traiter leurs facteurs de risques

Quelle espérance de vie après un accident ischémique constitué ?

Dans environ 60% des cas, les AIC sont mineurs et ont peu de conséquences mais, effectivement, on enregistre 20 à 30% de mortalité dans les 30 premiers jours après l'AIC.

20 à 30% de mortalité dans les 30 premiers jours après l'AIC

Il est possible d'éviter 80% des accidents ischémiques cérébraux en traitant les facteurs de risques. Il faut également savoir que les AVC sont la première cause de mortalité chez la femme - 3eme chez l'homme -, devant le cancer du sein car celles-ci "vivent plus longtemps que les hommes et ont donc plus de chances d'avoir un AVC lié à l'âge". L'AVC chez les femmes peut aussi être associé aux hormones au moment de la grossesse ou juste après, ou encore si celles-ci sont sous pilule oestroprogestative, fument et sont sujettes aux migraines. Quant aux femmes ménopausées, la prise d'un traitement hormonal substitutif sera contre indiquée à la suite d'un AVC. 

Merci au Pr Serge Timsit, chef du service neurologie du CHU de Brest.