Qu'est-ce qu'un accouchement eutocique ou dystocique ?

Qu'est-ce qui distingue un accouchement eutocique d'un accouchement dystocique ? La sage-femme Catherine Jennequin nous éclaire.

Qu'est-ce qu'un accouchement eutocique ou dystocique ?
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Qu'est-ce qu'un accouchement classique dit "eutocique"

[Mise à jour du 3 mars 2022]. On considère qu'un accouchement est eutocique quand il s'effectue par voie basse avec ou sans péridurale. Il doit survenir à partir de la 37ème semaine d'aménorrhée afin que le bébé à naître ne soit pas prématuré. "Une épisiotomie ou une légère déchirure n'empêche pas l'accouchement d'être "eutocique" tant qu'il n'implique aucune intervention médicale et instrumentale" précise Catherine Jennequin, sage-femme libérale. De même, on peut être déclenchée et avoir un accouchement parfaitement eutocique, c'est-à-dire que l'on donne un petit coup de pouce à la maman (ocytocine, perçage de la poche des eaux), puis le processus s'enchaîne de manière naturelle. 

Qu'est-ce qu'un accouchement dystocique ?

Dys signifie en grec "difficulté" et Tokos "accouchement". Cela inclut donc tous les phénomènes qui vont s'opposer à un accouchement naturel, normal. Il existe plusieurs types de dystocies liées à un accouchement : 

La dystocie dynamique

Elle est liée à une anomalie du muscle de l'utérus dont la dynamique - les contractions - sont soit très courtes et rapprochées, soit inefficaces. Résultat : elles ne parviennent pas à avoir un effet sur la dilatation du col. Le risque ? Que le bébé se retrouve en état de souffrance fœtale (d'où la présence d'un monitoring sur la maman jusqu'à la naissance pour surveiller l'activité du bébé) et dans des cas extrêmes, que la maman soit victime d'une rupture utérine. Il peut s'agir d'une dystocie de démarrage : la future maman a des contractions, mais la dilatation du col stagne à 1 ou 2 centimètres. On lui délivre alors de l'ocytocine - hormone permettant de donner et de réguler les contractions - "en sachant que les recommandations actuelles incitent à respecter au maximum la physiologie et donc à limiter la prise d'ocytocine" , précise la sage-femme.  

Parfois, la dystocie survient en cours de travail, c'est-à-dire qu'à un moment donné, les contractions ne sont plus suffisamment efficaces et la dilatation ne progresse plus. "Bien sûr, nous les sages-femmes, pour rester dans l'eutocie, on privilégie avant tout les changements de positions de la maman, on s'assure que sa vessie ne soit pas pleine ce qui peut gêner l'appui du bébé sur le col et être responsable de la stagnation de la dilatation",  assure Catherine Jennequin. Néanmoins, "si la dilatation ne reprend pas, on utilise des ocytociques pour aider à sa reprise".

La dystocie mécanique

Elle survient lorsque le bébé est ce que l'on appelle "macrosome" (son poids est supérieur à 4,2 kilos), ou en cas de disproportion foeto-pelvienne (la taille du bassin de la maman est trop étroite pour le passage du bébé). Parfois aussi, la position du bébé peut compliquer sa sortie. Normalement, il se présente tête en bas, dos vers l'avant et effectue une rotation cervicale fléchissant la tête vers la poitrine, ce qui facilite son engagement dans le bassin. Il arrive toutefois qu'il se présente le visage vers le plafond ce qui agrandit le diamètre de sa tête. Par conséquent, si le bébé ne parvient pas à s'engager dans le bassin, une césarienne peut être envisagée.

Parmi les dystocies mécaniques, il y a aussi ce qu'on appelle la dystocie des épaules : dans ce cas, l'enfant a déjà sorti la tête mais ses épaules, un peu trop larges, peinent à passer. On applique alors la manœuvre de Jacquemier consistant à aller chercher l'un de ses bras pour rétrécir le diamètre, car une fois que la tête est sortie, la césarienne n'est plus envisageable, le bébé doit naître par voie basse. Il existe une autre méthode, la manœuvre de Mac Roberts, effectuée en cas de fausse dystocie des épaules, c'est-à-dire qu'une des épaules est mal positionnée et bloque la sortie. On demande à la maman de plier ses cuisses vers le ventre pour tenter d'agrandir le périmètre du bassin et de débloquer l'épaule. "Parfois tout le processus - dilatation du col, engagement dans le bassin, bonne posture du bébé - s'est déroulé de manière eutocique, mais on est obligé d'utiliser des forceps, la ventouse ou les spatules car l'enfant a du mal à progresser dans le bassin et nécessite une aide pour en sortir", conclut la spécialiste.

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