Cholestase hépatique : symptômes, cause, diagnostic

Cholestase hépatique : symptômes, cause, diagnostic

La cholestase hépatique se caractérise par une diminution ou un arrêt de l'écoulement de la bile. Quels sont les symptômes ? Les causes ? Les traitements ? Explications avec le Pr Maximilien Barret, gastro- à l'hôpital Cochin.

Définition : qu'est-ce qu'une cholestase ?

La cholestase correspond à une diminution ou à une disparition de l'écoulement de la bile, générant une augmentation subite du volume de bile dans les voies biliaires. Elle est souvent due à une obstruction sur le trajet d'évacuation normal de cette bile ou à une maladie hépatique.

Quels sont les symptômes ?

La cholestase se manifeste essentiellement par un prurit (démangeaisons), et parfois les signes de l'ictère, c'est-à-dire une jaunisse, des urines foncées et des selles claires

Quelle est la cause ?

La cholestase peut avoir pour cause une atteinte des petites voies biliaires et/ou des cellules hépatiques liées à une hépatite aigue, une prise médicamenteuse, une hépatite alcoolique, une cirrhose quelle qu'en soit la cause ( alcool, infection par le virus de l'hépatite B ou C), ou une cholangite biliaire primitive. À l'extérieur du foie, les causes peuvent être liées à un calcul biliaire, un rétrécissement (sténose) du canal biliaire, un cancer des canaux biliaires ou du pancréas, ou une cholangite sclérosante primitive. 

Quand et qui consulter ?

"En présence de symptômes faisant évoquer une cholestase hépatique, il faut d'abord consulter votre médecin traitant, qui vous adressera si besoin à un hépato-gastro-entérologue. Si celui-ci s'oriente vers des causes rares au niveau des cellules du foie, il vous référera à un service hyper spécialisé en CHU", recommande le Pr Maximilien Barret. 

Comment est posé le diagnostic ? 

Sur le plan biologique, des dosages sanguins mettent en évidence une augmentation des phosphatases alcalines, des gamma-glutamyl transferases, souvent de la bilirubine conjugée, et parfois des transaminases. "Dans certaines situations, il existe des faux positifs : c'est le cas de la grossesse, qui fait monter le taux de phosphatases alcalines, surtout à la fin, et de certaines maladies des os pour lesquelles l'élévation des phosphatases alcalines traduit une destruction et une reconstruction de l'os", prévient le gastro-entérologue. Une échographie abdominale est alors pratiquée pour rechercher la cause de cette cholestase. "L'objectif est de voir s'il y a une obstruction du canal biliaire (canal cholédoque) car une des causes les plus fréquentes de cholestase est l'obstruction du canal biliaire par une tumeur du pancréas ou un calcul dans le canal cholédoque. S'il n'y a pas d'obstruction, une IRM du foie va être pratiquée en deuxième intention pour rechercher une obstruction des plus petits canaux situés à l'intérieur du foie. Cela permet d'éliminer la présence d'une maladie relativement rare appelée cholangite sclérosante primitive, une maladie inflammatoire qui entraîne des sténoses à différents niveaux des petites voies biliaires dans le foie. En cas de cholestase intrahépatique d'évolution aiguë, on arrêtera un médicament introduit récemment, et on recherchera à la prise de sang des arguments pour une infection virale atteignant le foie. Si la cholestase est chronique, on recherchera la cholangite biliaire primitive, une maladie auto-immune qui se diagnostique par la présence d'autoanticorps spécifiques. Si tout le bilan est négatif, le diagnostic de la cholestase passera le plus souvent par la réalisation d'une biopsie hépatique", continue-t-il.  

Quel est le traitement d'une cholestase ?

Lorsque la cholestase est due à une obstruction du canal cholédoque, le traitement consiste à lever l'obstacle par voie endoscopique. En cas de tumeur du pancréas ou de la voie biliaire, une intervention chirurgicale est préconisée. "Lorsque cela est impossible, un stent est posé au niveau biliaire afin de permettre l'écoulement de la bile. En cas d'obstruction des voies biliaires intra-hépatiques, caractéristique de la cholangite sclérosante primitive, la prise en charge consiste à réaliser des dilatations par voie endoscopique en gonflant des petits ballonnets dans les canaux biliaires pour rouvrir le passage. Un traitement médicamenteux par l'acide ursodésoxycholique (audc) est prescrit dans les maladies cholestatiques (cholangite sclerosante primitive et cholangite biliaire primitive) et administré à vie pour fluidifier la bile et favoriser son écoulement. Ce traitement permet d'améliorer le bilan hépatique et les symptômes", indique le spécialiste. 

Merci au Pr Maximilien Barret, gastro-entérologue à l'hôpital Cochin