Syndrome du bébé secoué – causes et datation des lésions (HAS)

Le syndrome du bébé secoué (SBS) ou traumatisme crânien non accidentel par secouement (TCNA) touche chaque année plusieurs centaines d’enfants en France. La Haute Autorité de Santé et la Société Française de Médecine physique et de Réadaptation ont actualisé les recommandations de prise en charge de ce syndrome, incluant des explications sur les mécanismes des lésions et les méthodes de datation.

Mécanisme des lésions

Secouement sans impact

Le document commence par rappeler la définition du secouement, qui se traduit par un geste violent provoquant un mouvement brutal du rachis cervical. La tête subit une importante accélération angulaire, à l’origine d’un hématome sous-dural (HSD) et/ou d’une hémorragie rétinienne (HR). Les mouvements de la tête de l’enfant, dans les gestes normaux du quotidien ou non, sont généralement insuffisants pour produire une accélération angulaire et de telles lésions.
Un HSD ou une HR peut survenir suite à un secouement sans impact, ces deux types de lésion étant davantage causés par le secouement que par le phénomène d’impact.

Secouement par un enfant

Selon les éléments biomécaniques relevés par la HAS et la SOFMER, il n’est pas possible pour un enfant de moins de 9 ans de secouer une masse équivalente à un poids de 7 kg (soit le poids moyen d’un enfant de 6 mois). Même pour un enfant plus grand, l’accélération reste deux fois moins importante que celle produite par un adulte.

Traumatisme crânien minime par chute de faible hauteur

Cette cause étant souvent invoquée par les adultes face à des symptômes observés chez un nourrisson, elle se montre particulièrement intéressante à étudier. Il en ressort que la chute de faible hauteur (moins de 1,5 m) n’est qu’exceptionnellement à l’origine d’un HSD ou d’une HR, et qu’aucun cas de HSD associé à une HR n’a été relevé.
Le risque de mortalité est faible, comme pour des chutes de grande hauteur.

Manœuvres considérées par l’entourage comme des jeux

Comme la chute, le secouement du bébé lors d’un jeu fait partie des causes parfois alléguées par les adultes. Après étude des données cliniques existantes, la HAS et la SOFMER n’ont retrouvé aucun cas de traumatisme crânio-cérébral avec HSD ou HR dû à un jeu en transat ou en poussette, ni à un autre geste.
Même en biomécanique, les mouvements d’un siège de bébé ne peuvent pas être à l’origine d’une accélération suffisamment violente pour causer une lésion.

Accouchement

Une lésion sous-durale survenant lors d’un accouchement est causée par un phénomène de compression statique, et non par un impact.
Le risque d’HSD est plus important chez les enfants nés au moyen d’une ventouse, de forceps, ou par césarienne pratiquée après le début du travail. Un HSD asymptomatique peut être observé moins de 72 heures après la naissance avec une fréquence variable en fonction des modalités d’imagerie et de l’accouchement.
Les HR surviennent également le plus souvent à la suite d’une naissance avec ventouses ou forceps. Le document précise que ces lésions disparaissent généralement en moins d’un mois.

Hypoxie, anoxie

D’après la HAS et la SOFMER, une hypoxie aiguë n’entraîne pas d’HR et un HSD n’est que rarement constaté à la suite d’une grave hypoxie. Lorsqu’un HSD est observé, une autre cause est généralement identifiée.

Manœuvres de réanimation

Les données disponibles ne permettent pas d’établir un lien entre manœuvre de réanimation et HSD ou HR. Les éventuelles lésions intracrâniennes sont plutôt dues aux événements qui ont donné lieu à la réanimation.

Autres circonstances invoquées pour la survenue d’un hématome sous-dural

La HAS et la SOFMER rappellent qu’un HSD ne peut survenir de manière spontanée. En revanche, aucun lien n’a pu être établi avec les vaccins, la déshydratation, ni avec des thromboses des sinus veineux intra-crâniens. Un épisode convulsif ne peut pas non plus être à l’origine d’un HSD.

Autres circonstances invoquées pour la survenue d’hémorragies rétiniennes

La survenue d’une HR est exceptionnelle en cas de convulsions ou de rupture d’anévrysme. Un malaise grave ne peut pas non plus causer à lui seul une HD chez le nourrisson. Aucun lien n’a pu être établi avec les vaccins ; et ni la toux persistante ni les vomissements par sténose du pylore ne semblent pouvoir causer une HR.

Datation des lésions

La datation revient à l’expert juridique, qui l’établira selon les données cliniques et paracliniques associées.

Datation d’après la symptomatologie clinique

D’après plusieurs publications, les symptômes se manifestent immédiatement et se traduisent par un comportement inhabituel de l’enfant. L’analyse rétrospective des données cliniques peut donc aider à établir la datation des lésions.

Datation d’après les explorations complémentaires

La HAS et la SOFMER indiquent que la datation des HR est difficile : les HR intra-rétiniennes disparaissent dans la plupart des cas en quelques jours, certaines sous 24 heures. Il est également impossible de dater précisément un HSD au seul moyen de l’imagerie : par scanner ou IRM, la fourchette de datation d’un HSD s’étend jusqu’à 10 jours.
Grâce à l’imagerie cérébrale il est possible de mettre en évidence des lésions d’âge différent, et la répétition de secouements à deux reprises au minimum.

Datation à partir des données anatomopathologiques

L’analyse anatomopathologique permet d’obtenir une datation précise, mais la HAS ajoute qu’elle ne peut être effectuée de manière complète que lors d’une autopsie.
En recoupant les données cliniques, les données d’imagerie et les données anatomopathologiques, il est possible d’estimer la datation sur un créneau compris entre une demi-journée et une journée.

Source

Syndrome du bébé secoué ou traumatisme crânien non accidentel par secouement, Mécanisme causal et datation des lésions

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