Antibiorésistance : un risque maîtrisable pour la santé humaine, animale, et pour l’environnement (CIS)
- Définition
- Une urgence mondiale
- Agir tous ensemble
- Mesures pour maîtriser l'antibiorésistance
- Sensibilisation et communication auprès du grand public et des professionnels de santé
- Formation des professionnels de santé et bon usage des antibiotiques
- Recherche et innovation en matière de maîtrise de l’antibiorésistance
- Mesurer et surveiller l’antibiorésistance
- Gouvernance et politique intersectorielles de maîtrise de l’antibiorésistance
- Source
L'antibiorésistance et ses conséquences remettent en cause le traitement des infections en médecine de ville, hospitalière et vétérinaire. Pour maîtriser la résistance bactérienne aux antibiotiques et en réduire l'impact, le Comité Interministériel pour la Santé a élaboré une feuille de route comprenant 13 mesures.
Définition
L'antibiorésistance désigne la capacité de résistance aux antibiotiques développée par les bactéries. Elle est due à la surconsommation et au mauvais usage des antibiotiques : 30 à 50% des traitements prescrits sont inadaptés aux pathologies diagnostiquées. Le phénomène est également aggravé par l'arrêt de production de certains vieux médicaments et par l'absence d'innovation dans ce domaine.
L'antibiorésistance est à l'origine de près de 12 500 décès chaque année en France et pourrait devenir l'un des premières causes de mortalité dans le monde.
Une urgence mondiale
La résistance bactérienne aux antibiotiques est une menace maîtrisable, pour laquelle des mesures sont prises au niveau mondial. Aussi, en mai 2015, l'OMS a invité chaque pays à élaborer un plan d'action national. Une résolution a également été adoptée par les Nations Unies en septembre 2016.
A l'échelle européenne, le Conseil de l'UE incite les états membres à renforcer leur action.
Agir tous ensemble
Plusieurs plans antibiotiques ont été mis en place en France depuis les années 2000 dans le cadre d'une politique de maîtrise de l'antibiorésistance. Pour aller plus loin et pour renforcer la coordination des différents secteurs, le premier Comité Interministériel pour la Santé (CIS) a établi une feuille de route à la demande du Premier ministre : 13 mesures pour réduire les conséquences de l'antibiorésistance et diminuer de 25% la consommation d'antibiotiques d'ici 2018.
Grand public
Dès 2017, le CIS prévoit le déploiement d'une campagne nationale de sensibilisation à l'antibiorésistance au moyen de différentes actions : explication des spécificités des antibiotiques, insertion d'un message de mise en garde sur les emballages des antibiotiques, rappel des règles d'hygiène et vaccination préventive, développement de modules éducatifs notamment pour le jeune public.
Professionnels de santé
Le CIS met l'accent sur le bon usage des antibiotiques avec des dispositifs d'aide aux pratiques professionnelles : information sur les pratiques et recommandations en vigueur, diffusion et promotion des outils diagnostics adaptés, et renforcement du conseil grâce à des structures d'appui en antibiothérapie.
Le CIS souhaite également une distribution des antibiotiques adaptée à la durée des traitements (en pharmacie) et la mise en place d'une ordonnance dédiée à ce type de médicaments en médecine humaine.
Acteurs de la recherche et de l’innovation
Le CIS compte aider à l'élaboration de nouvelles stratégies avec des mesures proactives, un modèle économique adapté, la coordination des programmes nationaux, et la création d'un Comité Technique de l'Antibiorésistance.
Acteurs institutionnels
D'après le CIS, il est nécessaire de renforcer la surveillance des résistances et d'évaluer leur impact. Cela passe par l'élaboration d'indicateurs spécifiques, le développement d'un réseau de surveillance (avec l'OMS notamment), la mise en place d'une instance interministérielle, et l'affirmation de la place de la France dans les actions internationales.
Mesures pour maîtriser l'antibiorésistance
Les 13 mesures sont regroupées sous 5 thèmes :
Sensibilisation et communication auprès du grand public et des professionnels de santé
Les mesures mises en place concernent le lancement d'un programme de sensibilisation et l'amélioration de l'accès à l'information et de l'engagement citoyen pour la maîtrise de l'antibiorésistance.
Formation des professionnels de santé et bon usage des antibiotiques
Le CIS souhaite aider les professionnels de santé à effectuer la « juste prescription » et les encourager au bon usage des antibiotiques. Il préconise également une meilleure adoption de mesures de prévention en santé humaine et animale.
Recherche et innovation en matière de maîtrise de l’antibiorésistance
Pour remédier aux manques en terme d'innovation, le CIS propose de structurer et coordonner les efforts de recherche et de développement sur l'antibiorésistance et ses conséquences, et de renforcer le partenariat public-privé. Une valorisation des produits contribuant à la maîtrise de la résistance bactérienne aux antibiotiques est également prévue.
Mesurer et surveiller l’antibiorésistance
Le CIS préconise le développement de nouveaux indicateurs et outils de surveillance, ainsi qu'une amélioration de la lisibilité de la politique nationale.
Gouvernance et politique intersectorielles de maîtrise de l’antibiorésistance
Les deux mesures proposées sont la coordination des actions nationales avec les programmes européens et internationaux, et le renforcement de la coordination interministérielle.
Source
Maîtrise de l'antibiorésistance, synthèse de la feuille de route, Comité Interministériel pour la Santé (PDF)
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