Enfants exposés aux radiofréquences des tablettes et téléphones portables: prudence
Selon l’Anses, l’agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé, les enfants sont exposés de plus en plus précocement aux radiofréquences émises par les appareils mobiles, avec des conséquences sur leurs fonctions cognitives. Elle invite à des usages plus modérés, et à des évolutions en matière de réglementation.
Contexte
Saisie par les pouvoirs publics, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail a rendu une expertise sur les effets des appareils radioélectriques sur les enfants de moins de six ans et sur les mesures de protection en vigueur. Après un pré-rapport remis à l’été 2015, l’Anses publie cette année un rapport définitif tenant compte des commentaires de la communauté scientifique et des parties prenantes intéressées.
Des effets possibles sur les fonctions cognitives et le bien-être
L’Anses relève que l’exposition aux radiofréquences peut avoir des effets sur les fonctions cognitives des enfants : mémoire, attention, fonctions exécutives. Des conséquences peuvent également être observées sur leur bien-être, mais elles seraient davantage liées à l’utilisation des téléphones portables plutôt qu’aux radiofréquences émises. Pour le moment, ni les travaux de l’Anses ni les données disponibles à l’échelle internationale ne permettent d’affirmer l’existence d’effets sur le comportement des enfants, leurs fonctions auditives, leur développement, leur système immunitaire, leur système reproducteur, ni d’effets cancérogènes ou tératogènes.
Des enfants exposés de plus en plus tôt aux champs électromagnétiques radiofréquences
L’usage des nouvelles technologies sans fil s’est fortement développé, en particulier chez les très jeunes enfants, souligne l’Anses. Les appareils évoluent et deviennent de plus en plus accessibles même dès le plus jeune âge avec l’essor des tablettes tactiles et des jouets connectés. Les dispositifs émettant des radiofréquences sont utilisés dans de multiples lieux, dont certains fréquentés par les enfants, augmentant ainsi les situations d’exposition. Enfin, l’Anses rappelle que les enfants obtiennent un téléphone portable personnel de plus en plus précocement. Contrairement aux générations précédentes, l’exposition aux radiofréquences peut débuter très tôt, et même dès la grossesse. Des travaux d’expertise ont mis en évidence que les disparités physiologiques entre enfants et adultes (taille, morphologie, anatomie, spécificité des tissus) exposaient davantage les plus jeunes aux radiofréquences.
Recommandations de l’Agence
En se basant sur les résultats de l’expertise, l’Anses a établi plusieurs recommandations visant à réduire l’impact de l’exposition aux radiofréquences chez les enfants.
Réglementation
Elle préconise la mise en place de mesures réglementaires en termes de contrôle de niveaux d’exposition et d’information du public pour les appareils radioélectriques, surtout pour ceux destinés aux enfants (tablettes, veille-bébés, jouets connectés…). Ces mesures doivent être identiques à celles déjà en vigueur pour les téléphones mobiles. L’Anses recommande également de faire évoluer les réglementations en matière de conditions d’utilisation, afin d’assurer le respect des valeurs limite d’exposition.
Indicateurs
Pour limiter l’exposition environnementale aux radiofréquences et optimiser la sécurité et la santé des populations, l’Anses invite à reconsidérer les niveaux de référence. Le développement d’un nouvel indicateur plus représentatif de l’exposition des utilisateurs de téléphones portables serait également un plus, en tenant compte des conditions d’utilisation des appareils mobiles : bonne ou mauvaise réception, signal utilisé, fonctionnalités (appel ou chargement de données). En ce sens, l’Anses préconise de revoir la pertinence du DAS (débit d’absorption spécifique) déjà utilisé pour déterminer les valeurs limite d’exposition.
Téléphones portables
Pour les téléphones portables en particulier, l’Anses rappelle qu’il est recommandé de limiter l’exposition des enfants grâce à une utilisation modérée et au recours au kit mains-libres. Des études ayant mis en évidence un lien entre santé mentale et usage intensif du portable par les jeunes, l’Anses préconise la réalisation d’études complémentaires visant à explorer les conséquences de l’utilisation de technologies sans fil chez les enfants. En attendant, elle invite les parents à sensibiliser leurs enfants à une utilisation raisonnable : pas de communication nocturne pour éviter le dérèglement des rythmes circadiens et des fréquences et durées d’appels réduites.
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