Encéphalite japonaise : symptômes, pays à risque, vaccin

Présente dans plusieurs pays d'Asie, l'encéphalite japonaise est une infection virale rare transmise par les piqûres de moustique. Quels sont les symptômes ? Les pays à risque ? Le diagnostic et les traitements ? Existe-il un vaccin ? Dr Laurence Legout médecin infectiologue.

Encéphalite japonaise : symptômes, pays à risque, vaccin
© Kateryna Kon - 123RF

Définition : qu'est-ce que l'encéphalite japonaise ?

L'encéphalite japonaise est une inflammation de l'encéphale en lien avec un virus du genre flavivirus, proche de celui de la fièvre jaune et de la dengue. Le premier cas a été diagnostiqué au japon, d'où le terme d'encéphalite japonaise. C'est une maladie plutôt rurale qui touche les humains vivant à proximité des porcheries et des rizières. La distribution de l'encéphalite japonaise est liée de manière très significative à la production de riz irriguée associée à l'élevage de porcs. Du fait du rôle critique joué par les porcs, sa présence dans les pays musulmans est négligeable. "La maladie touche principalement les enfants dans la mesure où la majorité des adultes des pays touchés sont naturellement immunisés après avoir été en contact avec le virus pendant l'enfance" explique le Dr Legout. Les voyageurs et expatriés sont, en pratique, rarement atteints.

Causes et facteurs de risque

Le vecteur principal est le moustique appartenant au groupe Culex tritaeniorhynchus et Culex vishnui, lesquels se reproduisent plus particulièrement dans les rizières inondées. "Le virus circule parmi les hérons, les aigrettes bien présentes dans ces zones. Les porcs sont des hôtes amplificateurs, le virus se reproduisant chez les porcs. Les moustiques s'infectent lors des repas de sang pris chez le porc ou les hérons/aigrettes tout en ne causant pas la maladie. Il devient infectant environ 14 jours après son repas" décrit le Dr Legout. En temps normal, ces moustiques sont plutôt zoophiles, c'est-à-dire qu'ils préfèrent prendre leur repas de sang chez des animaux plutôt que chez l'homme. La transmission se fait chez l'humain lorsque les populations de moustiques infectés se développent de façon très importante et lorsque le taux de piqûres augmente chez l'homme. "Une fois infecté, l'humain ne développe pas une virémie suffisante pour pouvoir contaminer les moustiques non infectés prenant leur repas sanguin chez l'humain. Il n'y a donc pas de transmission interhumaine." ajoute l'infectiologue.

La transmission est plus fréquente en saison chaude et en saison des pluies

La transmission est plus fréquente en saison chaude et en saison des pluies. Elle s'effectue principalement pendant la nuit, le moustique en cause ayant une activité nocturne avec des pics au crépuscule et à l'aube. Certaines activités sont considérées à risque, en particulier lorsqu'elles sont pratiquées à proximité des zones d'irrigation par inondation : cyclisme, randonnée, camping, travail à l'extérieur, nuit à la belle étoile.

Pays à risque

Cette maladie circule des îles du Pacifique occidental à l'est, à la frontière pakistanaise à l'ouest, et de la Corée au nord jusqu'à la Papouasie-Nouvelle-Guinée au sud, le nord-est de l'Australie au niveau du détroit de Torres et le Queensland. "Elle est une cause majeure d'encéphalite virale en Asie avec 30000 à 50000 cas répertoriés par l'OMS chaque année. Plus de 20 pays de l'Asie sont touchés" détaille l'infectiologue.

Période de transmission

Le virus de l'encéphalite japonaise se transmet plus particulièrement lors de la saison chaude dans les pays tempérés de l'Asie. Mais il est présent toute l'année dans les zones tropicales et s'intensifie plus particulièrement lors de la saison des pluies ou juste avant la récolte du riz. "Pour se nourrir le moustique appartenant au groupe Culex tritaeniorhynchus et Culex vishnui, pique principalement à la tombée de la nuit et la nuit" précise la spécialiste.

Durée d'incubation

Elle survient après une incubation de 5 à 15 jours

Le plus souvent, l'infection chez l'homme passe inaperçue. Quand la maladie se déclare, le début est brutal et survient après une incubation de 5 à 15 jours, en moyenne 7 jours.

Symptômes

Dans la grande majorité des cas, l'encéphalite japonaise passe inaperçue, puisque seul un patient sur 250 infectés sera symptomatique. "Lorsque le patient présente des symptômes, le début est brutal avec de violents maux de tête, de la fièvre à 39-40°C, des frissons. Très rapidement s'installe une encéphalite avec des troubles du comportement, une désorientation, une obnubilation, une paralysie, des convulsions voire même un coma" décrit l'infectiologue.

Risques et complications

Lorsque les signes neurologiques sont présents, le pronostic vital de la personne infectée peut être mis en cause. Le décès peut en effet survenir vers le 10e jour de coma. "Dans d'autres cas, les troubles neurologiques régressent entre le 10e et le 14e jour mais dans 1 cas sur 3, il peut persister des séquelles psychiques et/ou intellectuelles ou neurologiques.", indique notre interlocuteur. 

Diagnostic

Les personnes résidant, ou ayant voyagé, en zone à risque, et qui manifestent des signes d'encéphalite sont considérés comme potentiellement atteint d'encéphalite japonaise. "Lorsque l'on évalue un patient avec une suspicion d'encéphalite virale, il faut garder en mémoire que la cause n'est pas toujours infectieuse. Néanmoins, il s'agit d'une urgence diagnostique et thérapeutique" explique le Dr Legout. Les moyens permettant de poser le diagnostic d'une encéphalite virale sont la ponction lombaire, l'IRM et l'électro-encéphalogramme. "Le diagnostic final repose sur la détection du génome viral dans le sang ou le liquide céphalorachidien par PCR dans les 7 jours qui suivent l'apparition de la fièvre. La sérologie permet également de faire le diagnostic, mais a posteriori"

Traitements : comment soigner l'encéphalite japonaise ?

Il n'existe pas de traitement spécifique à l'encéphalite japonaise, seulement un traitement symptomatique : anti-fièvre, antidouleur. Les personnes qui voyagent dans les zones potentiellement exposées sont invitées à se protéger des piqûres de moustiques au moyen de produits répulsifs à appliquer sur soi et anti-moustiques à vaporiser, d'une moustiquaire pour la nuit, et de porter des vêtements à manches longues.

Est-elle mortelle ?

Selon l'OMS, l'incidence annuelle de la maladie déclarée varie d'un pays à l'autre et au sein du pays. Elle peut être inférieure à 1 cas jusqu'à être supérieure à 10 cas pour 100 000 habitants. Elle est bien plus élevée en cas de flambées épidémiques. D'après l'infectiologue "sur 60 000 cas déclarés chaque année, on estime que le taux de décès est compris entre 25 et 35%. Pour ceux qui survivent, 1/3 peuvent garder des séquelles".

Prévention : existe-t-il un vaccin ?

La prévention repose à l'échelon individuel sur la protection individuelle contre les moustiques et la vaccination. En France, seul le vaccin Ixiaro est disponible depuis 2009. Il s'agit d'un vaccin inactivé préparé à partir de la souche virale SA 14-14-2 cultivé sur des cellules Vero. Son prix est libre. Le vaccin est disponible dans les pharmacies de ville et dans les centres de vaccination internationale. Il peut être prescrit par le médecin de famille. Il n'est pas pris en charge par la sécurité sociale. Il peut être combiné avec d'autres vaccins. "L'évaluation du risque doit se faire avec le médecin vaccinateur" conseille le Dr Legout.

Selon le bulletin épidémiologique hebdomadaire du 19 mai 2020, la vaccination est recommandée dans certains cas, notamment chez les expatriés, les séjours en zone rurale supérieure à 30 jours dans les zones ou se pratiquent les inondations et l'élevage de porcs, les séjours sans durée minimale impliquant des activités extérieures en zones humides comme les rizières, les marécages ou certaines situations comme les nuits passées à la belle étoile, le camping, la randonnée, le cyclisme, le travail en extérieur surtout à la saison des pluies.

→ Schéma de primo-vaccination : " Le schéma vaccinal repose sur l'administration de 2 doses à 28 jours d'intervalle ( ½ dose entre 2 mois et 3 ans) suivi d'une dose de rappel 12 à 24 mois après la primovaccination. Il existe un schéma de primo-vaccination accéléré mais uniquement proposé pour la tranche d'âge 18-65 ans avec 2 doses à 7 jours d'intervalle. " détaille le Dr Legout.

→ Rappel : Les personnes à risque continu doivent recevoir une injection de rappel 12 mois après la primo-vaccination. Pour les personnes de plus de 65 ans, la réponse immunitaire étant plus faible, il est recommandé de faire l'injection de rappel avant les 12 mois. " Si le schéma complet de primo-vaccination ne peut pas être réalisé avant le départ, il convient donc de s'assurer de la disponibilité de ce vaccin (souche SA 14-14-2 inactivée) dans le pays de destination. " précise l'infectiologue. Le rappel devra également être réalisé avec le même vaccin.

→ Effets secondaires du vaccin : La plupart sont des effets secondaires bénins et réversibles comme un érythème local, de la fièvre parfois des céphalées, myalgies (1 à 10/100 vaccinations). Comme pour tous les vaccins, dans de rares cas, il est possible d'avoir une réaction allergique sévère.

Merci au Dr Laurence Legout médecin infectiologue.