Thrombose cérébrale : c'est quoi, symptômes, traitement

Une thrombose cérébrale peut être artérielle (AVC) ou veineuse. Cette dernière doit être évoquée en cas de céphalées intenses et inhabituelles mais peut être révélée par de multiples signes neurologiques. Son pronostic est en général bon et le risque de séquelles rares, en cas de traitement adapté.

Thrombose cérébrale : c'est quoi, symptômes, traitement
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Définition : c'est quoi une thrombose cérébrale ? 

Une thrombose cérébrale désigne un défaut de vascularisation du cerveau en raison d'un thrombus, c'est-à-dire d'un caillot de sang qui s'est formé ailleurs dans l'organisme puis qui a migré jusqu'à atteindre une artère ou une veine cérébrale. "Une thrombose veineuse cérébrale est une occlusion d'une veine ou d'un sinus veineux dans le cerveau" définit le Dr Isabelle Crassard, médecin neurologue dans le Centre de référence des maladies vasculaires rares du cerveau et de l'œil (CERVCO), à l'Hôpital Lariboisière (Paris). C'est une forme particulière et rare d'accident vasculaire cérébral (AVC), la majorité des AVC étant liés à une artère qui se bouche (thrombose artérielle cérébrale). "Une thrombose veineuse cérébrale représente moins de 1% des AVC et cela touche des patients plus jeunes que les autres AVC avec une prédominance féminine" informe la neurologue. Le taux d'incidence a été évalué dans certains pays à 1,30-1,50 pour 100 000 habitants par an.

Quels sont les symptômes ?

De nombreux symptômes peuvent révéler une thrombose veineuse cérébrale mais le symptôme le plus fréquent sont les céphalées (maux de tête) inhabituelles. "Les maux de tête sont souvent le symptôme inaugural et ils sont présents au cours de l'évolution de la thrombose dans plus de 90% des cas. Ces maux de tête sont intenses, ont un caractère inhabituellement persistant et résistent aux traitements antalgiques" précise le Dr Crassard. Les autres symptômes de thrombose veineuse cérébrale ? Parfois, surviennent un déficit moteur ou sensitif, des troubles du langage, des crises d'épilepsie généralisées ou partielles (une seule partie du corps). "Les formes qui évoluent et ne sont pas prises à temps peuvent conduire à des troubles de la conscience, un coma" informe la neurologue. A noter : le mode d'installation des symptômes de thrombose veineuse cérébrale est habituellement progressif et se fait sur quelques jours, contrairement aux symptômes d'un AVC. 

Quelle est la cause ? 

Les causes de thrombose veineuse cérébrale sont identiques à celles des thromboses veineuses plus fréquentes comme les embolies pulmonaires et phlébites (maladies inflammatoires, cancers, pathologies hématologiques, troubles de la coagulation…) "avec en plus des causes locales infectieuses ou non,près du cerveau : méningite, maladie ORL…" précise le Dr Crassard. La contraception oestro-progestative est un facteur de risque. Il a été constaté une augmentation de thromboses veineuses de localisation rare (cerveau, abdomen) avec les vaccins contre le SARS-COV2 à adénovirus (comme celui d'AstraZeneca). "Ces thromboses restent extrêmement rares" rassure le Dr Crassard. "Ces thromboses veineuses après vaccin, atypiques par leur localisation cérébrale ou abdominale et leur sévérité ont probablement une cause particulière, auto-immune. Le vecteur adénoviral aurait peut-être un rôle dans cette réaction auto-immune" explique-t-elle. Ces thromboses veineuses cérébrales après vaccin nécessitent une prise en charge particulière

Quelles sont les conséquences ? 

La thrombose veineuse cérébrale crée un problème de drainage (mauvaise évacuation du sang dans les tissus). "Il peut y avoir une zone d'œdème, d'hémorragie" indique le Dr Isabelle Crassard. Ceci peut être responsable de lésions du parenchyme.

Quels sont les traitements ? 

Le diagnostic de la thrombose veineuse cérébrale est radiologique. Il se fait avec une imagerie cérébrale et une imagerie des veines (angio-IRM ou angio-scanner veineux). "Il est important de faire un diagnostic précoce et d'instaurer tout de suite un traitement anticoagulant (héparine). La cause doit être traitée en parallèle" informe la neurologue. "Dans 5% des cas, la thrombose est grave et nécessite des traitements plus agressifs dont la chirurgie" indique-t-elle. 

Quelles sont les séquelles ?

Lorsque la personne est traitée à temps, l'évolution est le plus souvent favorable. "Un traitement précoce permet une guérison sans séquelles. Le taux de mortalité est de moins de 5% en phase aigüe" informe le Dr Crassard. "Les séquelles sont rares, cela peut être une paralysie, une épilepsie, des troubles visuels qui persistent après une hypertension intracrânienne" décrit-elle. "Cependant, même en cas de formes graves il y a une très grande capacité de récupération, beaucoup plus que dans les autres types d'AVC" explique la neurologue.

Remerciements au Dr Isabelle Crassard, médecin neurologue dans le service de neurologie et CERVCO à l'Hôpital Lariboisière (Paris)

Source : F. Macian-Montoro, Les thromboses veineuses cérébrales, La Lettre du Neurologue • Vol. XVII - n°2 - février 2013

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