Stérilet chez la femme nullipare : risques, pose, quelle marque ?

L'usage du stérilet chez la femme nullipare a longtemps fait débat. Alors est-il aujourd'hui possible de choisir le dispositif intra-utérin (DIU au cuivre ou hormonal) quand on est une femme n'ayant jamais eu d'enfant ?

Stérilet chez la femme nullipare : risques, pose, quelle marque ?
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Autrefois, l'usage des stérilets était réservé aux femmes primipares (ayant accouché une fois) et nullipares (plusieurs accouchements). Aujourd'hui, la pose d'un stérilet se fait chez la femme nullipare (terme pour définir la femme qui n'a jamais accouché). "Cela fait longtemps que nous posions des stérilets chez la femme nullipare. Nous avions des freins, car longtemps les sociétés savantes ne donnaient pas de recommandations. Aujourd'hui, nous posons des stérilets chez l'adolescente et la femme ne présentant pas de contre-indications", témoigne le Dr Elizabeth Paganelli, gynécologue et secrétaire générale du Syngof. La Haute autorité de Santé (HAS) confirme que "les DIU sont proposés à toutes les femmes, quelle que soit la parité (nullipares comprises), dès lors que les contre-indications à la pose, les risques infectieux, le risque de grossesse extra-utérine et les situations à risque ont été écartés." Parmi les contre-indications à la pose d'un stérilet : les malformations utérines, les infections en cours, des saignements et bien sûr, la grossesse

Quels examens faire avant la pose d'un stérilet ?

Il peut être proposé un test de grossesse ou une échographie avant la pose du stérilet ainsi qu'un prélèvement vaginal pour rechercher la présence d'une infection génitale en cours, en particulier une infection à chlamydia ou gonocoque.

Faut-il préférer un stérilet hormonal ou au cuivre ?

"La décision finale du choix de stérilet revient toujours à la patiente, indique le docteur Paganelli. Le médecin informe la patiente, qui choisit en toute connaissance de cause car l'un contient des hormones et diminue les règles ,et l'autre est sans hormones, mais augmente les saignements." Les sociétés savantes, comme la Commission de Transparence de la Haute Autorité de Santé, indique que le stérilet hormonal JAYDESS n'est pas recommandé en première intention chez les femmes nullipares, tout comme le stérilet MIRENA. D'après le résumé des caractéristiques du produit (RCP), le stérilet au cuivre serait à privilégier plutôt que les stérilets hormonaux.

Quelle marque choisir ?

La marque n'est pas un critère à prendre en compte. En revanche, le choix de la taille du dispositif est important. Il existe des stérilets de très petite taille, adaptés à l'utérus des jeunes femmes nullipares. Il existe plusieurs types de DIU hormonaux :

  • Mirena® : 52 mg de Lévonorgestrel (Durée de 8 ans si indication contraceptive et 5 ans si traitement des ménorragies fonctionnelles). Depuis 2021 : Donasert, DIU hormonal dosé à 52mg, hybride du Mirena (laboratoire Gedeon Richter France).
  • Kyleena® : 19,5 mg de Lévonorgestrel (Durée de 5 ans)
  • Jaydess® : 13,5 mg de Lévonorgestrel (Durée de 3 ans)

A noter qu'il n'existe pas de sur risque de méningiome avec le stérilet hormonal. Le stérilet au cuivre a un effet spermicide et rend les spermatozoïdes inactifs. Les différentes marques de stérilet au cuivre affichent une efficacité de 4 à 10 ans (durée variable en fonction du modèle de stérilet).

Comment se passe la pose ?

Consulter. Idéalement, la patiente doit consulter un médecin (gynécologue ou médecin généraliste habitué à la pose de stérilet) ou une sage femme, afin de recevoir une information complète et prendre une décision éclairée. "Beaucoup d'explications sont nécessaires. La femme doit connaître les désagréments éventuels pendant et suivant la pose du stérilet, comme les petites douleurs. Elle doit comprendre comment est réalisée la pose en pratique, pourquoi nous allons insérer un spéculum et pourquoi on introduit le stérilet dans l'utérus", préconise le médecin.

Faire les tests de dépistage des infections à chlamydia et à gonocoque : ils peuvent être réalisés en autotest, et sont proposés avant la pose du stérilet. Des antidouleurs peuvent être pris avant la pose, notamment par les femmes nullipares.

► La pose du stérilet se fait de préférence en fin des règles, pour réduire l'inconfort de la patiente et s'assurer de l'absence de grossesse. En plus, le passage dans le col de l'utérus est plus facile à cette période. En urgence post-coïtale, il est possible de poser un stérilet quelque soit la période du cycle. La patiente s'allonge, en position gynécologique, les pieds dans les étriers. Le professionnel de santé (médecin généraliste, gynécologue ou sage-femme) insère le dispositif dans l'utérus. La pose dure en moyenne quelques minutes.

► Après la pose d'un stérilet, il est conseillé à la patiente d'attendre 15 minutes en salle d'attente, au cas où elle fait un malaise.

Y a-t-il des risques ou des effets secondaires ?

Les effets indésirables sont d'abord liés à l'insertion du stérilet : douleurs, contractions utérines et saignements. Il existe des risques d'expulsion et donc une possibilité de devenir enceinte. La perforation utérine est également un risque exceptionnel pendant la pose d'un DIU, tout comme la grossesse intra ou extra-utérine, même si elle est rare. "Une échographie, acte médical simple à réaliser, peut être proposée à la suite de la pose du stérilet afin de vérifier qu'il est bien dans la cavité de l'utérus. Toutefois, il n'existe pas d'obligation à vérifier avec une échographie après la pose", explique la gynécologue.

Quant au stérilet au cuivre, il augmente les règles en durée et en intensité.

Des crampes dans le bas-ventre peuvent survenir, tout comme des ménorragies (règles plus abondantes et plus longues) suite à la pose d'un stérilet non hormonal ainsi que des troubles du cycle après la pose d'un stérilet hormonal. Le progestatif du stérilet hormonal peut être mal supporté par la patiente. Chez certaines, de l'acné peut apparaître, quand d'autres peuvent avoir une baisse de la libido ou un sommeil de moins bonne qualité. Quant au stérilet au cuivre, il augmente les règles en durée et en intensité. Il y a également un risque de spotting (saignement en dehors des règles). "Chez la femme nullipare et celle ayant déjà accouché d'ailleurs, nous craignons l'infection des voies génitales hautes, appelées salpingite. Attention, tout saignement anormal avec fièvre et/ou douleurs abdominales doit être pris en charge par un médecin," prévient la gynécologue.

La pose est-elle plus douloureuse chez la femme nullipare ?

Les douleurs lors de l'insertion d'un stérilet semblent plus importantes chez une femme nullipare, bien qu'elles restent majoritairement tolérable. "La douleur dépend de chaque femme. C'est pourquoi il est toujours possible pour le médecin ou la sage femme de prescrire des antalgiques et/ou des anti spasmodiques à prendre avant la pose du stérilet. La patiente reste libre de les prendre ou pas avant son rendez-vous", précise notre interlocutrice. Il s'agit d'ailleurs d'une recommandation de la HAS : "l'administration d'antalgiques avant la pose peut être proposée, notamment chez une femme nullipare dans la mesure où son risque de douleur est décrit comme plus élevé que chez la femme multipare." Aucune femme ne doit rester dans une situation de malaise et de douleur : elle doit le partager avec son médecin ou la sage-femme. Face à une douleur mal supportée, si la patiente ne se sent pas bien avec le stérilet, il doit être retiré, et ce, n'importe quand.

Un risque de malaise ?

"Un petit malaise après la pose peut survenir. La patiente est pâle, transpire, elle a besoin d'air frais. Le stérilet est un corps étranger et son insertion peut être vécue comme un petit choc par l'organisme. À ce propos, de nombreuses patientes disent qu'elles n'ont pas été assez prévenues. La communication entre le professionnel de santé et la patiente est primordiale, au risque de se répéter. Par la suite, des douleurs peuvent parfois survenir, semblables à des petites contractions, comme si l'utérus rejetait le stérilet", prévient le Dr Paganelli. Si possible, elle devrait venir accompagnée surtout si elle repart en conduisant. 

Quel suivi après la pose ?

La surveillance et le suivi de la pose sont très importants. La patiente doit revenir pour vérifier que le stérilet est bien dans la cavité utérine, même si elle se sent à l'aise au quotidien. L'achat et la pose de cette contraception sont gratuits en France jusqu'à 26 ans. La pose est faite par le médecin ou la sage-femme en cabinet, en hôpital ou en centre de santé sexuelle. En centre de santé sexuelle, la femme mineure nullipare n'a pas besoin du consentement des parents pour la pose d'un stérilet. Rappelons également que le secret médical est gardé, les jeunes femmes peuvent donc être rassurées. Le stérilet est pris en charge à 65 % par la Sécurité sociale. Une femme porteuse d'un stérilet peut mettre des tampons hygiéniques, en veillant à les changer régulièrement. Les rapports sexuels sont possibles de suite après la pose et tous les sports peuvent être pratiqués.