Fibrome interstitiel : c'est quoi, dangereux ?

Un fibrome interstitiel, également appelé léiomyome interstitiel, est une tumeur bénigne qui se développe dans le tissu musculaire lisse de l'utérus, connu sous le nom de myomètre. Il s'agit du type le plus courant de fibrome utérin chez les femmes en âge de procréer. Quels sont les différents traitements ?

Fibrome interstitiel : c'est quoi, dangereux ?
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Qu'est-ce qu'un fibrome interstitiel ? 

Le muscle utérin peut être le siège d'un fibrome, c'est-à-dire une tumeur bénigne des cellules musculaires. Ce fibrome est entièrement intégré dans le muscle. Il ne présente pas de risque de devenir cancéreux. Les fibromes interstitiels peuvent varier en taille et en nombre. "Ils peuvent être petits et asymptomatiques, ou ils peuvent devenir volumineux et provoquer des symptômes tels que des saignements menstruels abondants, des douleurs pelviennes, une pression abdominale et des problèmes urinaires", explique le Dr Hélène Pol, gynécologue-obstétricienne. Les fibromes interstitiels peuvent également affecter la fertilité dans certains cas. "Le diagnostic des fibromes interstitiels est généralement effectué par une échographie pelvienne ou d'autres examens d'imagerie tels que l'IRM". Le traitement dépend de plusieurs facteurs, notamment la taille et les symptômes associés aux fibromes, l'âge de la femme et ses souhaits de fertilité future. "Les options de traitement peuvent inclure la surveillance attentive, les médicaments pour soulager les symptômes, les procédures de réduction des fibromes, ou dans certains cas, l'ablation chirurgicale partielle ou totale de l'utérus (hystérectomie) si les symptômes sont graves ou si la fertilité n'est pas une préoccupation".

Est-ce dangereux ? 

En général, un fibrome interstitiel n'est pas considéré comme dangereux. "Il s'agit d'une tumeur bénigne, ce qui signifie qu'elle n'est pas cancéreuse et ne se propage pas à d'autres parties du corps, répond le médecin. La plupart des fibromes interstitiels sont de petite taille et n'entraînent aucun symptôme, ce qui signifie qu'ils ne nécessitent souvent aucun traitement spécifique". Cependant, dans certains cas, les fibromes interstitiels peuvent provoquer des symptômes gênants ou douloureux. "Dans de rares cas, les fibromes peuvent devenir très gros et exercer une pression sur les organes adjacents, ce qui peut entraîner des complications". De plus, si une femme souhaite concevoir un enfant, la présence de fibromes interstitiels peut parfois entraîner des problèmes de fertilité ou augmenter le risque de complications pendant la grossesse.

Dans de nombreux cas, les fibromes peuvent se stabiliser ou rétrécir naturellement avec le temps

Quelle est la cause d'un fibrome interstitiel ? 

La cause exacte des fibromes interstitiels n'est pas entièrement connue. "Cependant, les œstrogènes et la progestérone, les hormones féminines produites par les ovaires, semblent jouer un rôle dans la croissance des fibromes, observe notre interlocutrice. Les fibromes interstitiels sont plus fréquents pendant les années de reproduction, lorsque les niveaux d'œstrogènes sont élevés, et tendent à diminuer après la ménopause, lorsque les niveaux d'œstrogènes diminuent". Il existe également des preuves suggérant que certaines prédispositions génétiques peuvent être impliquées dans le développement des fibromes. "Les femmes ayant des antécédents familiaux de fibromes ont un risque légèrement plus élevé d'en développer". D'autres facteurs tels que l'obésité, le déséquilibre hormonal, les perturbations du système immunitaire et les inflammations chroniques peuvent également être associés au développement des fibromes interstitiels, bien que leur relation exacte ne soit pas encore clairement définie. "Il faut noter que les fibromes interstitiels ne sont pas causés par des infections sexuellement transmissibles, et ils ne sont pas considérés comme étant directement liés à un risque accru de cancer de l'utérus".

Y a-t-il des symptômes ? 

Les fibromes interstitiels peuvent provoquer divers symptômes chez les femmes. "Cependant, il est important de noter que certains léiomyomes interstitiels peuvent être asymptomatiques et être découverts fortuitement lors d'un examen médical", reconnait le Dr Pol.
Parmi les symptômes les plus couramment associés aux léiomyomes interstitiels, on peut citer des règles excessivement abondantes, prolongées et parfois accompagnées de caillots de sang. "Cela peut entraîner une anémie chez certaines femmes". Les fibromes interstitiels peuvent provoquer des douleurs pelviennes ou une sensation de pression dans la région pelvienne. "La douleur peut varier en intensité et peut être continue ou intermittente". Les fibromes interstitiels de grande taille peuvent exercer une pression sur la vessie, ce qui peut entraîner une augmentation de la fréquence urinaire et une sensation de besoin urgent d'uriner. De même, ils peuvent provoquer une sensation de pression ou de gonflement dans l'abdomen. Ils peuvent aussi causer des douleurs ou une gêne pendant les rapports sexuels (dyspareunie). "Dans certains cas, les léiomyomes interstitiels peuvent affecter la fertilité en interférant avec l'implantation d'un embryon ou en bloquant les trompes de Fallope".

Quels examens pour diagnostiquer un fibrome interstitiel ? 

Plusieurs examens peuvent être demandés pour diagnostiquer un fibrome interstitiel. "Tout d'abord, un examen pelvien permet au médecin de détecter toute anomalie ou masse palpable dans l'utérus", constate la gynécologue. Le médecin peut utiliser ses mains pour examiner l'utérus et les organes pelviens. L'échographie pelvienne est souvent utilisée comme première étape pour diagnostiquer les fibromes. "Elle permet de visualiser les structures internes de l'utérus à l'aide d'ondes sonores. L'échographie peut identifier la présence de fibromes, leur taille, leur emplacement et d'autres caractéristiques". L'IRM peut fournir des images plus détaillées de l'utérus et des fibromes. Enfin, l'hystéroscopie est une procédure qui permet d'observer directement l'intérieur de l'utérus à l'aide d'un hystéroscope. "Cela permet d'identifier la présence de fibromes et de visualiser leur emplacement et leur taille. Une biopsie de l'endomètre peut également être réalisée lors de cette procédure pour exclure d'autres affections".

Comment soigner un fibrome interstitiel ? 

Le traitement des fibromes interstitiels dépend de plusieurs facteurs, tels que la taille, l'emplacement, les symptômes, l'âge de la patiente et son désir de fertilité future. "Si les fibromes sont petits, asymptomatiques ou ne causent pas de problèmes majeurs, une approche d'attente vigilante peut être adoptée, confirme le médecin. Dans de nombreux cas, les fibromes peuvent se stabiliser ou rétrécir naturellement avec le temps, surtout après la ménopause". Certains médicaments peuvent être prescrits pour soulager les symptômes liés aux fibromes. "Les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent aider à soulager la douleur. Les contraceptifs hormonaux, tels que les pilules contraceptives, peuvent réduire les saignements menstruels abondants". "Différentes procédures peuvent être envisagées pour cibler spécifiquement les fibromes tout en préservant l'utérus, comme l'embolisation des fibromes utérins (EFU) qui consiste à bloquer les vaisseaux sanguins qui alimentent les fibromes, ou la myolyse par radiofréquence qui utilise de l'énergie thermique pour détruire les fibromes". Si les symptômes sont graves ou si les fibromes sont volumineux, la chirurgie peut être recommandée. "Différentes options chirurgicales peuvent être envisagées, telles que la myomectomie (ablation chirurgicale des fibromes tout en préservant l'utérus), ou dans certains cas, l'hystérectomie (ablation de l'utérus)". Chaque traitement comporte des avantages, des risques et des implications à considérer, notamment en ce qui concerne la fertilité future.

Merci au Dr Hélène Pol, chirurgien gynécologique au CHU Paul de Viguier de Toulouse.