Physiothérapie : technique, efficacité, pour qui ?

Terme ancien pour désigner l'utilisation de l'électricité, du chaud, du froid, ou encore des boues en kinésithérapie, le mot "physiothérapie" refait surface pour désigner la kinésithérapie à l'international. Existe-t-il des différences dans la pratique ? Réponses avec Nicolas Pinsault, kinésithérapeute, enseignant et chercheur.

Physiothérapie : technique, efficacité, pour qui ?
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Définition : qu'est-ce que la physiothérapie ?

"La physiothérapie n'est autre que la kinésithérapie", indique d'emblée Nicolas Pinsault, kinésithérapeute. Il s'agit de deux termes désignant la même technique de rééducation. "La confusion (des deux termes) vient de l'utilisation ancienne du terme de physiologie pour désigner, dans les années 1900, la discipline médicale qu'est la kinésithérapie actuelle, avec l'utilisation d'électrodes, du chaud, du froid, des boues... Ce terme est tombé en désuétude, mais comme la kinésithérapie se traduit par "physiothérapie" en anglais – traduction faite par les Canadiens dans les années 1970/80 -, et que la France et la Belgique sont les seuls pays à utiliser le terme de kinésithérapie, la physiothérapie tend à s'imposer pour désigner la kiné", explique Nicolas Pinsault. Par ailleurs, "le mot physiothérapeute n'existe pas en France. Mais certains thérapeutes adoptent ce nom pour être "plus visibles" à l'international".

Quelle est la différence avec la kinésithérapie ?

"Il n'y a pas de différence entre la kinésithérapie et la physiothérapie" répond Nicolas Pinsault. Les techniques utilisées sont les mêmes. Toutefois, "les différences de cultures entre les pays anglo-saxons entrainent des différences dans la pratique : les physiothérapeutes anglo-saxons travaillent plus sur le " hand off " (sans toucher avec les mains), mais en France, il n'y a aucune distinction entre les techniques de la kinésithérapie et de la physiothérapie." Le masseur-kinésithérapeute est un professionnel de santé qui pratique "des actes réalisés de façon manuelle ou instrumentale, notamment à des fins de rééducation, qui ont pour but de prévenir l'altération des capacités fonctionnelles, de concourir à leur maintien et, lorsqu'elles sont altérées, de les rétablir ou d'y suppléer. Ces actes sont adaptés à l'évolution des sciences et des techniques", selon la définition officielle du champ de compétences des masseurs-kinésithérapeutes. En fonction de son diagnostic et de la prescription médicale, le masseur-kinésithérapeute, ou le physiothérapeute, si le professionnel utilise ce nom, peut être amené à réaliser différents actes :

  • Massage et drainage lymphatique manuel.
  • Rééducation posturale.
  • Mobilisation articulaire.
  • Etirements musculo-tendineux.
  • Mécanothérapie grâce à des appareils adaptés.
  • Relaxation neuromusculaire.
  • Electro-physiothérapie : applications de courants électriques, galvanisation, diélectrolyse médicamenteuse, (le choix du produit médicamenteux étant de la compétence exclusive du médecin prescripteur), et courant d'électro-stimulation antalgique et excito-moteur. Mais aussi l'utilisation des ondes mécaniques, infrasons, vibrations sonores, ultrasons ; et des ondes électromagnétiques, ondes courtes, ondes centrimétriques, infrarouges, ultraviolets.
  • Renforcement musculaire et réentraînement à l'effort.
  • Augmentation du flux respiratoire, aspirations rhino-pharyngées et trachéales.
  • Bilan ergonomique.
  • Education, prévention de dépistage.

Le physiothérapeute, ou masseur-kinésithérapeute, peut faire usage de méthodes complémentaires :

  • Cryothérapie (usage du froid) ou thermothérapie.
  • Balnéothérapie et hydrothérapie.
  • Ergonomie.
  • Kinésithérapie du sport.
  • Méthode Mézières.
  • Relaxation.
  • Sexologie.
  • Soins de bien être.
  • Soins palliatifs.
  • Sophrologie.

Quelles sont les indications ?

Les indications de la physiothérapie sont les mêmes que la kinésithérapie. Elles concernent les traitements suivants, pour tout ou partie du corps :

  • La rééducation du système ou de l'appareil locomoteur, comme la rééducation orthopédique, neurologique, traumatique (après une fracture, une entorse, en cas de tendinite...), respiratoire, cardiovasculaire et des troubles vasculaires et lymphatiques.
  • La rééducation consécutive à des séquelles comme la rééducation de l'amputé, de lésions abdominales, périnéo-sphinctérienne après l'accouchement, des brûlés.
  • La rééducation d'une fonction particulière comme celle des troubles de l'équilibre, de la motilité faciale et de la mastication, de la déglutition.

Quelle efficacité ?

La physiothérapie a la même efficacité que la kinésithérapie, du moins en France puisqu'il n'existe aucune distinction dans la pratique. Elle comporte la promotion de la santé, la prévention, le diagnostic kinésithérapique et le traitement des troubles du mouvement ou de la motricité de la personne, et des déficiences ou altérations des capacités fonctionnelles.

Comment se déroule une séance ?

La séance de physiothérapie est identique à celle de la kinésithérapie, en France. La première séance est consacrée à une évaluation des troubles à traiter (en accord avec la prescription médicale), et à un bilan diagnostic qui comporte l'analyse éventuelle des examens radiographiques ou IRM s'il en existe, un interrogatoire sur la ou les douleurs, sur l'histoire de la maladie.

Où faire de la physiothérapie ?

La physiothérapie étant de la kinésithérapie, elle se déroule au cabinet d'un kinésithérapeute. "Si le kinésithérapeute se désigne sous le terme de physiothérapeute, il appliquera néanmoins un acte de kinésithérapie, seule profession ayant une convention avec l'Assurance Maladie" pour la pratique de ses actes, souligne Nicolas Pinsault.

Quelles sont les contre-indications ?

Les contre-indications à la physiothérapie sont les mêmes que celles de la kinésithérapie. Par exemple la kinésithérapie thoracique ne pourra être pratiquée en cas de diathèse hémorragique (dont anticoagulation thérapeutique), d'inconfort dû à certaines positions ou manipulations, de pression intracrânienne élevée, d'hémoptysies récentes, de fractures de côtes, de fractures des vertèbres, ou d'ostéoporose. Certains symptômes contre-indiquent également la pratique de la kiné cervicale, tels qu'une paresthésie bilatérale, une parésie spastique, une exacerbation des réflexes ostéo-tendineux, des signes neurologiques radiculaires (à plus de deux niveaux métamériques adjacents), une aggravation progressive des signes neurologiques, des symptômes d'instabilité cervicale supérieure.

Quels sont les risques et dangers ?

Il existe parfois des complications ou des incidents post-traitement rares, ou encore des caractéristiques, ou des facteurs de risques de conditions pathologiques qui nécessitent un avis médical à la pratique de la physiothérapie. Par ailleurs, certains symptômes requièrent la prudence du praticien dans son traitement.

  • Fracture avec des antécédents traumatiques cervicaux, et une utilisation soutenue de corticostéroïdes.
  • Tumeur, en l'absence d'amélioration lors du traitement.
  • Infection avec fièvres, ou facteurs de risques d'une infection (blessures profondes, exposition à des maladies infectieuses).
  • Hémorragie cérébrale ou spinale.

Quel prix et est-ce remboursé ?

Les soins de kinésithérapie sont partiellement remboursés par la Sécurité Sociale (à hauteur de 60% de la somme payée), à condition qu'ils soient dispensés à la suite d'une prescription médicale. La majorité des mutuelles prennent en charge le complément. Les prix peuvent être fixés en honoraires libres, allant d'une vingtaine d'euros à plus de 85 euros par séance. Pour les soins à domicile, et les dimanches, le tarif est majoré selon la convention établie par l'Assurance Maladie. Les kinésithérapeutes ont le devoir d'afficher leurs tarifs.

Merci à Nicolas Pinsault, kinésithérapeute, enseignant et chercheur.