Réanimation : c'est quoi, quels soins, quelle chance de survie ?

Réanimation : c'est quoi, quels soins, quelle chance de survie ?

La réanimation est le service dans lequel sont pris en charge les patients dont l'état de santé est grave, comme ce fut le cas pour de nombreux malades Covid-19. C'est quoi "être en réanimation" ? Combien de temps peut-on y rester ? Quelles sont les chances de survie ?

La réanimation peut s'avérer nécessaire en cas d'état de choc, de coma, d'insuffisance rénale, de maladie cardiaque ou infectieuse, d'hémorragie, d'intoxication, d'insuffisance respiratoire ou encore de traumatisme grave. Les patients sont dans un état grave qui nécessite une surveillance accrue et continue. Mais ça veut dire quoi "être en réanimation" ? Quels soins sont administrés ? Quels appareils sont utilisés ? Combien de temps peut-on rester dans un service de réanimation et quelles sont les chances de survie ?

Définition : qu'est-ce que la réanimation ?

La réanimation est une spécialité médicale qui existe depuis une cinquantaine d'années. "Pour faire simple, la réanimation est le service d'un hôpital dans lequel on va hospitaliser les patients les plus graves, ceux dont la vie est en danger immédiatqui ont besoin de plus de soins et davantage de surveillance", définit le Pr Jean-Michel Constantin dans une vidéo réalisée par la Société Française d'Anesthésie et de Réanimation (SFAR). Un service de réanimation dispose :

  • d'un environnement humain qui se relaye jour et nuit pour surveiller les patients. Cette équipe médicale est unique et parfaitement adaptée à la prise en charge des pathologies engageant le pronostic vital
  • d'un environnement technique permettant d'assurer la surveillance et la sécurité des patients, qui peut se faire grâce à différentes techniques d'assistance (respiration artificielle, dialyse, sonde gastrique, perfusions, cathéters, scope...) et des dispositifs de surveillance continue permettant de suivre l'évolution des grandes fonctions de l'organisme et l'état du patient. 

Il existe des réanimations spécialisées pour les nouveaux-nés (réanimation néonatale), la pédiatrie (réanimation pédiatrique), les patients de neurochirurgie (réanimation neuro-chirurgicale) ou encore, les patients de chirurgie cardiaque ou thoracique (réanimation chirurgicale). Par ailleurs, juste à côté du service de réanimation, se trouve souvent un service de soins continus qui est l'intermédiaire entre un service de réanimation et un service conventionnel. En soins continus, on va placer des patients qui sortent de réanimation ou des patients dont l'état est trop sévère pour être dans un service conventionnel, mais pas suffisamment grave pour rester en réanimation. 

Pour quels patients ?

Il n'y a pas d'âge minimum pour être hospitalisé en réanimation.

On va hospitaliser dans les services de réanimation les patients les plus aigus, pour lesquels on a besoin d'assurer les fonctions vitales et d'avoir une surveillance accrue. Cela concerne :

  • les patients souffrant d'une maladie grave ou susceptible de le devenir (comme c'est le cas pour les patients Covid-19, mais aussi lors d'un choc septique, d'une insuffisance rénale aiguë, d'une insuffisance respiratoire aiguë, après un arrêt cardiaque...)
  • les patients victimes d'un traumatisme grave (par exemple, les accidentés de la route)
  • les patients ayant subi une intervention chirurgicale lourde et compliquée (comme la chirurgie cardiaque ou digestive)
  • les patients dans le coma.

Ces patients ne sont pas placés dans un service de médecine traditionnelle car ils peuvent nécessiter pendant un certain temps d'une stratégie thérapeutique compliquée et exigeante, de traitements très agressifs, invasifs ou polyvalents et de la surveillance continue d'une équipe de réanimation. Ils sont placés ici car d'une part, les médecins réanimateurs sont les seuls à pouvoir administrer des traitements très larges qui concernent la plupart des pathologies. D'autre part, c'est dans ce service qu'on a le plus d'infirmiers par rapport au nombre de patients. En France, un infirmier (ou une infirmière) s'occupe en moyenne de deux ou trois malades maximum et un aide-soignant en moyenne de 4 personnes. A noter qu'il n'y a pas d'âge minimum pour être hospitalisé en réanimation. 

Quels médecins travaillent en réanimation ?

"L'équipe médicale de réanimation est composée de médecins réanimateurs médicaux, certains médecins anesthésistes-réanimateurs et de certains urgentistesprécise un anesthésiste-réanimateur à Lille.  Ils sont présents 24h/24 et 7j/7. Les soins quotidiens sont assurés par une équipe paramédicale polyvalente composée d'infirmiers de réanimation, d'aides soignants et de kinésithérapeutes. Au cours du séjour en réanimation, différents intervenants assurent une prise en charge globale et pluridisciplinaire du patient. L'équipe de réanimation peut par ailleurs faire appel à d'autres médecins spécialistes ou aux autres équipes chirurgicales pour participer aux décisions médicales. Chaque jour, des examens complémentaires et radiologiques peuvent compléter la prise en charge. Enfin, des psychologues, des travailleurs sociaux, des agents administratifs et de représentants de culte peuvent intervenir dans un service de réanimation et sont disponibles pour soutenir les patients, ainsi que leurs proches.

Soins, appareils... Quels sont les traitements administrés en réanimation ?

Ce qu'on va faire en réanimation, c'est qu'on va acheter du temps, on va proposer de la suppléance d'organe.

En réanimation, comme dans tous les services, on va administrer des traitements symptomatiques, autrement dit qui traitent la maladie. Mais puisque les patients admis en réanimation sont dans un état grave, on n'a pas le temps d'attendre que le traitement symptomatique fasse effet. "Ce qu'on va faire en réanimation, c'est qu'on va acheter du temps et on va proposer de la suppléance d'organe : c'est-à-dire que quand un organe ne fait pas son travail, on va le remplacer. Par exemple, si le poumon est abîmé, on va mettre en place un ventilateur qui va aider le patient à respirer le temps que les antibiotiques fassent effet. Si le rein est abîmé, on met en place une dialyse, si c'est le cœur qui dysfonctionne, on administre des amines", détaille le Pr Jean-Michel Constantin. Globalement, l'équipe médicale va mettre en place des traitements qui vont maintenir les patients en vie le temps que le traitement symptomatique fonctionne. Ces traitements particulièrement agressifs nécessitent en parallèle l'administration de "traitements de confort" comme des sédatifs pour minimiser la douleur des patients. 

Les visites sont-elles autorisées en réanimation ?

En temps normal, les services de réanimation sont ouverts à la famille et aux proches du patients. Toutefois, les temps de visite sont limités pour ne pas "fatiguer" ou trop sollicité le patient en réanimation. Dans le contexte d'épidémie du Covid-19, les visites ne sont normalement pas autorisées mais "quelques exceptions peuvent être permises selon les services, les médecins, l'état du patient. De manière générale, le manque de temps pour accueillir les familles, les faire s'habiller et se déshabiller, le manque de moyen de protection (masques, blouses) et le risque de contamination des amis et des familles lors des visites rendent ces visites très rarement autorisées" explique un anesthésiste-réanimateur de Lille. Pour un patient en fin de vie, une seule personne peut être autorisée. Mais ni les mineurs, ni les personnes présentant des symptômes évocateurs d'une infection au coronavirus (toux, fièvre, difficultés à respirer...) ne peuvent y prétendre.

Combien de temps reste-t-on en réanimation ?

Un patient passe en moyenne 5 à 8 jours dans un service de réanimation, mais ce temps est bien évidemment variable en fonction de l'état de santé du patient. Certaines formes graves d'infections au coronavirus nécessitent une hospitalisation en réanimation de 3 à 4 semaines, une période particulièrement longue qui peut notamment expliquer la saturation de certains hôpitaux. 

Combien de lits dans un service de réanimation ?

D'après un décret du code de la santé publique, un service de réanimation en France doit avoir au minimum 8 lits (6 à titre dérogatoire) "et jusqu'à plus de 50 lits pour certains CHRU" précise l'anesthésiste-réanimateur de Lille. 

Chances de survie d'un patient admis en réanimation

Quelle chance a-t-on de sortir de réanimation ? "C'est très difficile de répondre à cette question. Nous n'avons pas de boule de cristal. Néanmoins, on connaît un peu les chances de survie en fonction du score de gravité [un indice établi à partir de paramètres cliniques et biologiques corrélés] défini à l'entrée en réanimation. Mais ça reste des statistiques. De façon plus intéressante, on peut regarder l'évolution du patient sur plusieurs jours. En fonction de si l'état du patient s'améliore ou se dégrade, on va avoir une idée un peu plus précise des chances de survie. Mais c'est au quotidien qu'on va pouvoir les réévaluer et estimer une tendance", explique le Pr Constantin. Que les chances de survie soient bonnes ou mauvaises, l'équipe médicale est obligée d'être transparente avec le patient et ses proches.

  • Site de la Société Française d'Anesthésie et de Réanimation
  • Site de la Société de Réanimation de Langue Française
  • Décret n°2002-465 du 5 avril 2002 sur l'activité de soins de réanimation