Maladie vasculaire périphérique : de quoi souffrait Elizabeth II ?

Maladie vasculaire périphérique : de quoi souffrait Elizabeth II ?

Selon un médecin australien, la reine d'Angleterre Elizabeth II décédée le 8 septembre 2022 souffrait peut-être d'une maladie vasculaire périphérique, aussi appelée "artériopathie oblitérante des membres inférieurs" (AOMI).

D'après le Dr Deb Cohen-Jones, médecin australien interrogé par le site anglais Dailymail, la Reine Elizabeth II décédée le 8 septembre 2022 souffrait peut-être d'une maladie vasculaire périphérique, aussi appelée "maladie artérielle périphérique" ou "artériopathie oblitérante des membres inférieurs" (AOMI) en France. Les photos des mains marbrées de la reine prises lors de sa rencontre avec la nouvelle Première ministre britannique Liz Truss au château de Balmoral en Écosse mardi 6 septembre étaient selon ce médecin un "signe de  santé déclinante". "Si votre circulation périphérique est mauvaise, les organes ne reçoivent pas un bon apport sanguin. Cela peut être le signe d'une défaillance multiviscérale" a-t-elle expliqué à nos confrères. "La reine Elizabeth II avait quand même 96 ans, il y a un vieillissement normal du corps et c'est déjà une extraordinaire longévité" réagit d'emblée le Dr Emmanuelle Berthelot, cardiologue, contactée le 8 septembre. Avant de rappeler que "les maladies cardiovasculaires sont la première cause de décès chez les femmes. La reine est décédée d'une cause de mortalité assez banale, un problème cardiovasculaire".

C'est quoi une maladie vasculaire périphérique ? 

Elizabeth II lors de sa rencontre avec Liz Truss le 6 septembre 2022 / Jane Barlow/AP/SIPA
Rencontre entre la Reine Elizabeth II et l'ex-Première ministre britannique Liz Truss au château de Balmoral en Écosse le 6 septembre 2022 © Jane Barlow/AP/SIPA

La maladie vasculaire périphérique aussi appelée "maladie artérielle périphérique" est un trouble de la circulation sanguine causé par des dépôts de graisse (plaque d'athérome) sur les parois des artères (athérosclérose) qui conduit à un rétrécissement des artères (sténose) et à des obstructions dans les vaisseaux. "Les artères sont présentes dans l'ensemble du corps, Quand les plaques d'athérome se déposent dans les artères du coeur, ça fait un infarctus. Quand elles se déposent au niveau périphérique (en dehors du coeur) : ça s'appelle une artériopathie oblitérante des membres inférieurs ou AOMI" poursuit le Dr Berthelot. L'AOMI survient plus fréquemment au niveau des jambes mais peut aussi toucher d'autres artères qui acheminent le sang hors du coeur (artères qui vont jusqu'à l'aorte, le cerveau, les bras, les reins et l'estomac). C'est une maladie qui toucherait en France 5 % des moins de 60 ans, 20 % au-delà de 65-70 ans.

Est-ce qu'on en meurt ?

"En général, on ne meurt pas de cette maladie mais de ses complications, répond la cardiologue. A cause par exemple du manque d'oxygénation des tissus, les plaies ne cicatrisent pas, s'infectent et on meurt de l'infection." 

Quels sont les symptômes d'une maladie vasculaire périphérique ?

De nombreuses personnes n'éprouvent aucun symptôme au début d'une maladie vasculaire périphérique. Certaines ressentent une gêne ou de la douleur dans le bas des jambes lors de la marche. "Pour plusieurs individus, les symptômes n'apparaîtront pas avant que l'artère ne se soit rétrécie de 60% ou plus" indique la Fondation canadienne pour la santé vasculaire. Les signes les plus courants comprennent :

  • Fatigue
  • Douleur dans les jambes, les cuisses ou le fessier à la marche et qui disparaissent au repos
  • Gène à la marche (claudication intermittente)
  • Douleur aux pieds ou aux orteils, au repos
  • Ulcères ou escarres sur la peau des pieds ou des orteils.

Les symptômes ressentis au niveau des jambes sont dûs aux difficultés d'irrigation du sang dans cette zone. 

Comment est-elle diagnostiquée ?

L'examen diagnostic d'une maladie vasculaire périphérique est l'écho doppler des artères des membres inférieurs. Il va préciser les artères touchées, le degré des lésions... Peuvent aussi être réalisés : un ECG, une scintigraphie voire une coronarographie. Le médecin recherchera également une possible hypertension artérielle en prenant la tension du patient. Une prise de sang pourra être prescrite pour rechercher un excès de cholestérol, un diabète, d'une insuffisance rénale, un trouble de la coagulation, des globules rouges ou des plaquettes.

Quels sont les traitements ?

L'AOMI est une maladie grave qui peut aller jusqu'à l'amputation, elle réduit l'espérance de vie. Il est très important de bien suivre son traitement. La prise en charge est multidisciplinaire. Elle vise à corriger les facteurs de risque cardio-vasculaires par des règles hygiéno-diététiques, un programme de rééducation à la marche, des traitements médicaux et chirurgicaux. Le traitement chirurgical est indiqué en fonction du degré de gravité de l'artériopathie périphérique. Le chirurgien peut proposer un traitement endovasculaire (dilatation artérielle percutanée à l'aide d'un ballonnet et/ou implantation d'une endoprothèse métallique ou stent) ou un traitement chirurgical conventionnel (pontage, endartériectomie...).

Merci au Dr Emmanuelle Berthelot, cardiologue, médecin hospitalier et responsable d'une unité clinique dans le service de cardiologie de l'hôpital Bicêtre, en région parisienne.

Sources

Doctor pinpoints the tell-tale sign at the Queen's final royal appointment that death was near: 'She was putting on a brave face', Dailymail, 9 septembre 2022

L'artériopathie oblitérante, Fédération française de cardiologie.

Le dépistage de la maladie artérielle périphérique, Cochrane, 2014