Hypertrophie ventriculaire : gauche, droite, symptômes, conséquences

L'hypertrophie ventriculaire se définit par l'augmentation anormale de la masse du muscle cardiaque. Décryptage des causes, symptômes et traitements possibles, avec le Docteur Franck Mourot, cardiologue.

Hypertrophie ventriculaire : gauche, droite, symptômes, conséquences
© Piyapong Thongcharoen

Définition : c'est quoi l'hypertrophie ventriculaire ? 

"L'hypertrophie ventriculaire désigne l'augmentation anormale de la masse du muscle cardiaque, essentiellement au dépend du ventricule gauche. Ce muscle hypertrophié ne peut plus aussi assurer correctement sa fonction de "pompe", ce qui provoquera, une diminution du débit cardiaque", définit le Docteur Franck Mourot, cardiologue à Marseille.

Hypertrophie gauche ou droite : quelles différences ? 

On parle d'hypertrophie ventriculaire gauche (HVG) lorsque le ventricule gauche du cœur, principale cavité pompant le sang, s'est anormalement épaissi. Le spécialiste précise qu'il existe deux types d'HVG. 

→ D'abord, une hypertrophie gauche liée à un excès du travail du ventricule gauche, la plus fréquente des formes. Deuxièmement, une autre forme de cardiomyopathie hypertrophique, bien plus rare, et d'origine génétique familiale.

→ L'hypertrophie ventriculaire droite (HVD), excessivement rare, "anecdotique", selon l'adjectif du spécialiste, désigne, quant à elle, un élargissement anormal du muscle cardiaque qui entoure le ventricule droit.

Quels sont les causes ?

La première HVG citée, la plus fréquente, survient en cas d'excès de travail du ventricule gauche, lorsque celui-ci se trouve face à un "obstacle". "Cet "obstacle" peut être d'ordre mécanique : rétrécissement de la valve aortique qui empêche le sang de s'écouler dans l'aorte, ou encore hypertension artérielle, soit, l'augmentation de pression dans l'aorte gênant l'éjection du sang du ventricule gauche. Ce sont les deux causes les plus fréquentes d'HVG. L'autre excès de travail du ventricule gauche est lié à une activité physique très intense, un entraînement pour les jeux olympiques, par exemple", développe le Docteur Franck Mourot. Avant de rassurer : "L'activité physique habituelle n'est pas concernée et doit être poursuivie". Enfin, les causes principales d'hypertrophie ventriculaire droite sont souvent issues de pathologies respiratoires, qui ont des conséquences cardiaques. Ce peut être aussi des pathologies liées à l'artère pulmonaire ou encore à la valvule tricuspide.

Les sportifs sont-ils plus à risque ? Pourquoi ?

En cas d'excès d'entraînements, les grands sportifs - des nageurs, des footballeurs ou des cyclistes professionnels, des athlètes qui s'entraînent pour les J.O - peuvent être plus à risque, acquiesce le cardiologue, qui ne veut inquiéter les lecteurs sportifs, qui, eux, pratiquent une activité physique normale et recommandée. "Les grands sportifs sont soumis à des contrôles cardiologiques (électrocardiogramme et échographie cardiaque) très réguliers", informe-t-il.

Quels sont les symptômes ?

Essoufflement, douleurs thoraciques, palpitations cardiaques (pouls irrégulier ou rapide), arythmie (un rythme cardiaque irrégulier), vertiges et évanouissements, fatigue précoce au cours d'une activité physique : tels sont les multiples symptômes d'une hypertrophie ventriculaire gauche.

Quelles sont les conséquences ? 

La diminution du débit cardiaque peut avoir pour conséquence l'apparition d'une insuffisance cardiaque. "Dans certains cas extrêmes, se développe une hypertrophie de la cloison séparant les deux ventricules. Cette cloison entre les deux ventricules va grossir au point de former un bourrelet musculaire qui va gêner le passage du sang du ventricule à l'aorte, provoquant l'apparition de troubles rythmiques graves, voire une mort subite lors de l'effort", détaille le Docteur. Par ailleurs, il indique que "le diagnostic est fait au cabinet du cardiologue dépistant un rétrécissement aortique, une hypertension artérielle, des anomalies à l'électrocardiogramme et des anomalies à l'échographie cardiaque".

Quels traitements ? 

Les traitements proposés vont traiter la cause de l'hypertrophie ventriculaire, et non cette dernière. Par exemple, dans le cas d'une restriction aortique, la valve aortique peut être remplacée par une prothèse, mécanique ou biologique. Le cardiologue souligne que chacun de ces deux types de prothèses a ses avantages comme ses inconvénients : "La prothèse mécanique, fabriquée avec du carbone, est robuste, elle peut tenir 20 à 25 ans, mais elle impose un traitement anticoagulant très lourd au quotidien. À la différence de la prothèse biologique, fabriquée avec de la péricarde de cochon ou de veau, qui ne nécessite pas de traitement anticoagulant, mais a, en revanche, une durée de vie plus limitée." Le remplacement de la valve aortique peut être réalisé par "TAVI" (Transcatheter Aortic Valve Implantation), éclaire le Docteur Franck Mourot, une opération d'implantation sans chirurgie ouverte, qui "permet de soigner des patients âgés pour qui une sternotomie (ouverture chirurgicale du sternum) constituerait un trop gros risque." Dans le cas d'une hypertrophie ventriculaire due à une hypertension artérielle, le patient se verra prescrire un traitement hypotenseur (des médicaments sous forme de comprimés). Enfin, lorsque l'hypertrophie est d'origine génétique, le traitement sera à base de bétailoquants et de diurétiques, afin de traiter l'insuffisance cardiaque. "Si l'on arrive au bout des possibilités des traitements médicamenteux, la greffe du cœur sera envisagée", explique l'interrogé. 

Existe-t-il des traitements naturels ? 

Le cardiologue répond "Non : Il n'existe aucun traitement aux plantes pour ces hypertrophies ventriculaires". Le seul traitement vérifié que l'on peut qualifier de "naturel" est alors la prothèse biologique en cas de rétrécissement aortique.

Merci au Docteur Franck Mourot, cardiologue à Marseille.