Luxation : symptômes, quels traitements ?

Lorsqu'il y a une séparation complète des surfaces articulaires, cela entraîne une luxation. Les luxations les plus courantes se produisent au niveau du coude, de la hanche, du genou, du doigt ou de la mâchoire. Quels sont les symptômes associés et quels sont les traitements pour la soigner efficacement ?

Luxation : symptômes, quels traitements ?
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La luxation se réfère à un déplacement d'une surface articulaire par rapport à une autre, entraînant ainsi une interruption de la continuité articulaire. Bien qu'elle soit souvent provoquée par un traumatisme, elle peut également résulter d'une hyperlaxité ligamentaire. En règle générale, la luxation provoque une douleur et limite le mouvement articulaire habituel. C'est quoi une luxation ? Est-ce qu'une luxation est grave ? Comment la soigner ?

Définition : qu'est-ce qu'une luxation ?

La luxation désigne un déplacement d'une surface articulaire vis-à-vis d'une autre, opérant ainsi une rupture de continuité articulaire. Souvent causée par un traumatisme, elle peut également être consécutive à une hyperlaxité ligamentaire, qui ne maintient pas correctement l'articulation ou permettant un jeu articulaire trop important. La luxation cause généralement une douleur, et empêche le mouvement articulaire normal. Elle est parfois accompagnée d'une déchirure ligamentaire. Les deux surfaces articulaires doivent être rapidement remises en place. Les luxations de l'épaule, du coude, de la rotule, de la hanche, d'un doigt ou même de la mâchoire sont assez fréquentes. La luxation peut prendre un caractère impressionnant en fonction de son siège, notamment l'épaule.

Quelle différence entre luxation et subluxation ?

Une subluxation est une luxation incomplète caractérisée par le déplacement d'un seul des deux os composant une articulation. "En cas de subluxation, l'articulation n'est plus correctement alignée et la perte de contact entre les surfaces articulaires n'est que partielle (contrairement à une luxation), l'articulation revenant sans aide extérieur en bonne position", explique le Dr Michael Mangin, chirurgien orthopédiste. Les subluxations sont fréquentes chez les personnes hyperlaxes car leurs ligaments assurent mal leur fonction de maintien articulaire. Les subluxations peuvent concerner n'importe quelle articulation que ce soit la mâchoire, les doigts, le coude, la hanche, le genou ou la cheville par exemple.

Quels sont les types de luxation ?

Les luxations les plus fréquentes sont celles de l'épaule et du genou, mais la hanche, les doigts, la mâchoire et le coude sont aussi des zones souvent concernées.

► La luxation de l'épaule est une atteinte de l'articulation de l'épaule. "Elle correspond à la sortie de la tête de l'humérus en-dehors de sa cavité au niveau de l'omoplate entraînant des lésions ligamentaires qui risquent d'engendrer de nouvelles luxations : c'est ce qu'on appelle l'instabilité chronique de l'épaule", poursuit notre interlocuteur. Ici les lésions nerveuses et vasculaires sont rares mais possibles entraînant alors une répercussion sur tout le membre supérieur.

► Les luxations postérieures du coude sont fréquentes ; c'est la deuxième luxation articulaire la plus fréquente après la luxation de l'épaule. Il peut s'y associer des fractures, une lésion des nerfs cubital ou médian et rarement une lésion de l'artère brachiale. L'articulation est habituellement fléchie à environ 45°, et l'olécrane est proéminent en arrière de l'épicondyle huméral. "Classiquement, les patients présentant une luxation du coude ont un avant-bras raccourci et un olécrâne très proéminent avec une impotence fonctionnelle totale", rappelle le médecin.

► Une luxation du genou est rare mais grave. Elle peut se résumer au déboîtement complet de l'articulation. Elle entraîne quasi systématiquement des déchirures ligamentaires (ligaments croisés et/ou ligament périphériques du genou) mais son pronostic tient aux lésions vasculaires (vaisseaux poplités) et nerveuses (nerf sciatique).

► Pour aboutir à une luxation de hanche, il faut être victime d'un choc particulièrement violent étant donné la grande stabilité de cette articulation. On parle également de luxation de la hanche chez les nouveau-nés qui présentent une instabilité de l'articulation coxo-fémorale. Il s'agit d'une luxation congénitale de hanche sur dysplasie (anomalie morphologique de l'os) fémoral ou acétabulaire (partie articulaire du bassin). Dans ce cas, un dépistage précoce permet de traiter préventivement les luxations de hanche avec des résultats très satisfaisants.

► Une mâchoire luxée (luxation mandibulaire) constitue généralement une urgence dentaire très douloureuse qui requiert une consultation rapide chez un médecin ou un dentiste. Elle entraîne une impossibilité de fermer la bouche et parfois une déviation latérale de la mâchoire. Une luxation mandibulaire est parfois provoquée par un traumatisme, mais est généralement causée par une ouverture excessive de la bouche (comme lorsque l'on bâille, lorsque l'on mord dans un sandwich épais, lorsque l'on vomit ou au cours d'une intervention dentaire).

► La plupart des luxations des doigts surviennent au niveau de l'articulation centrale. Elles surviennent généralement lorsque le doigt est plié en arrière, comme ce peut être le cas lorsqu'un ballon de basket ou une balle de baseball frappe l'extrémité d'un doigt tendu. Mais, elles peuvent survenir lorsque le doigt est plié sur le côté ou en avant. Les ligaments qui maintiennent les os du doigt ensemble peuvent être déchirés.

Comment reconnaître une luxation ?

Les symptômes sont assez révélateurs, dans un contexte de traumatisme ou de traction principalement sur un membre :

  • douleur, parfois importante ;
  • difficulté ou impossibilité de se servir de l'articulation ;
  • déformation parfois visible.

En cas de complication et de lésion vasculaire ou nerveuse :

  • Membre froid et bleuté ou blanc
  • Fourmillement (paresthésie)
  • Décharge électrique (dysesthésie)

Quel examen pour une luxation ?

Le diagnostic est souvent évident de par le contexte, et dans le cas où la déformation est directement visible. "Dans tous les cas, une radiographie peut permettre d'éliminer une fracture associée, et de confirmer la luxation ainsi que de diriger le médecin vers la meilleure manœuvre de réduction à réaliser", précise le Dr Mangin.

Comment soigner une luxation ?

"La première étape du traitement est de soulager la douleur grâce à une immobilisation du membre empêchant le frottement entre les 2 pièces osseuses puis à l'aide d'antalgiques classiques ou d'anti-inflammatoires, et parfois de molécules plus fortes en cas de luxation douloureuse de grosses articulations", ajoute le spécialiste. Dans certains cas, la réduction de la luxation peut être opérée aussitôt. Il est préférable d'avoir été préalablement formé pour effectuer ce genre de gestes, afin de ne pas aggraver les lésions. La réduction d'une luxation est généralement douloureuse, et peut être réalisée sous antalgiques, gaz décontractant souvent chez les enfants, voire anesthésie générale en cas de luxation importante d'une grosse articulation. Une immobilisation complète de l'articulation est souvent nécessaire dans les suites.

► À noter un cas classique chez les enfants : la pronation douloureuse. Il s'agit, chez le petit enfant généralement âgé de quelques années, souvent moins de 3 ou 4 ans, d'une subluxation de la tête du radius, l'os latéral de l'avant-bras, au niveau du coude. Cette luxation est rendue possible par le fait qu'un ligament situé à ce niveau n'est pas encore assez "large" et que lors d'un mécanisme de traction du bras, la tête radiale sort de son emplacement et ne peut pas se remettre spontanément. Cela engendre chez l'enfant une attitude caractéristique : il ne se sert plus de sa main pour attraper les choses, et pleure lorsqu'on lui mobilise le bras. Le contexte de survenue classique est le petit tenu par la main qui trébuche, retenu par le bras par réflexe, ou un enfant tiré un peu trop sèchement par le bras. Dans ce cas, une technique médicale simple permet de remettre la tête du radius à son bon emplacement ; en quelques minutes, l'enfant rejoue normalement, sans aucune séquelle.

Merci au Dr Michael Mangin, Chirurgien orthopédiste à la clinique Rhéna de Strasbourg.

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