Repérage et prise en charge du patient alcoolo-dépendant
En 2008, l'INPES a publié un guide pour les médecins généralistes concernant le repérage du comportement alcoolo-dépendant et la prise en charge du patient dont la consommation d'alcool est excessive.
L'alcoolisme est la 3ème cause de décès après le tabac et l'hypertension. Le but de ce document est de fournir des outils au médecin généraliste afin de repérer les patients concernés et de prendre en charge leur traitement.
La consommation d'alcool et les dangers encourus
Les différentes consommations
Pour référence, un verre standard contient 10 g d'alcool.
- Consommation « à risques » ou « dangereuse » :
- 20 à 40 g/jour pour les femmes,
- 40 à 60 g/jour pour les hommes.
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- Consommation « nocive » ou « à problèmes » :
- + 40 g/jour pour les femmes ;
- + 60 g/jour pour les hommes.
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- Consommation épisodique « massive » : 60g ou + en une seule prise.
Les pathologies provoquées
- Risques cardio-vasculaires :
- hypertension,
- AVC,
- arythmie cardiaque,
- coronaropathies.
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- Risques neuro-psychiatriques :
- dépression,
- angoisse et troubles du sommeil,
- lésions nerveuses,
- épilepsie,
- schizophrénie,
- état suicidaire.
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- Troubles gastro-intestinaux :
- cirrhose,
- cancer du foie,
- pancréatite.
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- Autres risques :
- vulnérabilité du système immunitaire,
- fragilité du système osseux,
- diabète,
- troubles de la sexualité,
- dépendance à la nicotine,
- déprofessionnalisation,
- conduite en état d'ivresse.
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- Dommages et risques pour l'entourage :
- violence conjugale,
- maltraitance de l'enfant,
- danger pour le fœtus chez la femme enceinte.
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Repérage du patient et démarches de soins
Profil du patient à dépister
- Patients présentant certains signes cliniques :
- hypertension artérielle et céphalées ;
- troubles gastriques et hépatiques ;
- anxiété, état dépressif, troubles du sommeil, irritabilité ;
- manifestations physiques : tremblements des mains, apparition d'angiomes, lésions des muqueuses, haleine alcoolique.
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Outils de dépistage
L'INPES dresse la liste des différents tests et questionnaires à administrer aux patients, principalement basés sur la fréquence de prise d'alcool et la quantité :
- le test Audit (Alcohol Use Disorders Identification Test) élaboré par l'OMS : 10 questions concernant les différents types de consommation d'alcool. Test le plus utilisé en médecine générale, ce sont souvent seulement les 3 premières questions qui sont administrées ;
- le test Fast (Fast Alcohol Screening Test) utilise 2 questions sur la fréquence de consommation d'alcool et 2 sur les risques ;
- le test Cage/Deta est divisé en 4 items et concerne les consommations à risques ou novices.
Les questionnaires sont soumis lors d'un entretien oral ou en auto-questionnaire.
Intervention brève et prise en charge de l'alcoolo-dépendant
Le médecin généraliste, après administration d'un questionnaire de repérage, propose au patient diagnostiqué consommateur « à risque » un programme d'intervention brève, qui consiste à :
- informer le patient sur les résultats de son test et sa consommation « à risque »,
- l'inciter à modifier ses habitudes et comportements,
- l'informer sur les limites à ne pas dépasser et la consommation modérée d'alcool,
- établir un suivi médical personnalisé avec des objectifs à atteindre.
Pour les alcoolo-dépendants (consommation novice), l'INPES précise que le médecin généraliste peut opter pour plusieurs démarches destinées à prévenir les symptômes de sevrage :
- quand le patient consent à stopper toute consommation d'alcool
- administration de Diapézam.
- prise en charge du patient par son généraliste.
- dans le cas contraire
- prise en charge par un spécialiste en addictologie
- approches comportementales et pharmacologiques.
- travail sur le renforcement communautaire et social.
- thérapies de couples.
- prise en charge par un spécialiste en addictologie
Sources
Alcool et médecine générale. Recommandations cliniques pour le repérage précoce et les interventions brèves, INPES, 2008.
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