Lymphopénie : causes, conséquences, quand faire un bilan ?

La lymphopénie se caractérise par un taux anormalement bas de lymphocytes dans le sang. Quelles sont ses causes ? Ses symptômes et ses conséquences ? Le point avec le Pr Véronique Leblond, médecin hématologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

Lymphopénie : causes, conséquences, quand faire un bilan ?
© Viktoriia Kasyanyuk - 123RF

Définition : qu'appelle-t-on une lymphopénie ?

La lymphopénie désigne une diminution absolue du nombre de lymphocytes qui circulent dans le sang. Les lymphocytes, produits par la moelle osseuse, garantissent le bon fonctionnement du système immunitaire en participant activement à la défense de l'organisme contre les agents microbiens. 

Nombre normal de lymphocytes

Sur la numération formule sanguine (NFS), le taux de lymphocytes est considéré comme normal lorsqu'il est compris entre 1500 et 2500/mm3 lymphocytes et un peu plus chez l'enfant. "La lymphopénie se définit par un seuil en dessous de 1500/mm3 lymphocytes. Sachant que les lymphocytes que l'on dose dans le sang sont les lymphocytes T, les lymphocytes B et les cellules NK. Entre 1000 et 1500 lymphocytes/mm3, on ne s'inquiète pas parce que les variations sont normales, surtout s'il s'agit d'une lymphopénie liée à l'âge, et que cela n'a pas de conséquences immédiates. Une lymphopénie est caractérisée de sévère lorsque le taux de lymphocytes chute en-dessous de 1000/mm3 ", explique le Pr Véronique Leblond. 

Quelles sont les causes ?

On distingue les lymphopénies aiguës (les plus fréquentes) et les lymphopénies chroniques. Elles peuvent avoir différentes origines : 

  • Une infection virale, bactérienne ou fongique. Tout épisode infectieux sévère va entraîner une diminution des lymphocytes comme dans l'infection à COVID-19 où les patients avaient 300 lymphocytes. 
  • Le virus du SIDA (VIH)  donne des lymphopénies  en détruisant les lymphocytes T. 
  • La prise de médicaments, comme dans le cas d'une chimiothérapie, une radiothérapie, une corticothérapie prolongée, un traitement immunosuppresseur notamment prescrit dans les maladies auto-immunes.
  • Une maladie auto-immune qui peut donner une lymphopénie chronique indépendamment des traitements. 
  • Certaines maladies hématologiques comme les lymphomes, parfois des leucémies aiguës. 

"Il existe de très rares cas de formes congénitales graves de lymphopénies chez l'enfant, liées à des déficits immunitaires sévères. Celles-ci débouchent souvent comme seul traitement sur une greffe de moelle", précise le médecin hématologue. 

Quelles sont les conséquences d'une lymphopénie ?

Un taux bas de lymphocytes risque d'entrainer un déficit immunitaire et une sensibilité accrue aux infections virales, fongiques et bactériennes. "Il faut savoir que la majorité des lymphocytes qui circulent dans le sang sont les lymphocytes T, très peu de lymphocytes B et pas beaucoup de cellules NK. Or, ce sont les lymphocytes T qui permettent de lutter contre les virus et certaines bactéries", ajoute le Pr Véronique Leblond. Autrement dit, quand ils sont très bas, on est davantage exposé aux infections virales ou bactériennes sévères. "Les lymphocytes B sont quant à eux utiles pour fabriquer les immunoglobulines, des anticorps, donc en cas de lymphopénie B très profonde, on peut ne plus avoir assez d'immunoglobulines (hypogammaglobulinémie) et là on s'infecte principalement par des bactéries", continue-t-elle. 

Quand faire un bilan ?

Face à une lymphopénie, qu'elle soit aiguë ou chronique, le médecin va d'abord regarder les traitements que les patients prennent, avant de rechercher des infections virales aiguës ou chroniques. Un bilan n'est prescrit qu'en présence de signes faisant évoquer une lymphopénie sévère.

Traitements : que faire en cas de lymphopénie ?

"En dehors des lymphopénies liées à l'âge pour lesquelles il n'existe pas de solution, le traitement repose sur celui de la cause. Par exemple, si on traite le VIH, le taux de lymphocytes dans le sang va automatiquement remonter", détaille la spécialiste. 

Merci au Pr Véronique Leblond, médecin hématologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris.