Hypothyroïdies frustes chez l'adulte (HAS)
Le diagnostic et la prise en charge de l’hypothyroïdie fruste chez l’adulte ont fait l’objet en Avril 2007 de recommandations du Groupe de recherche sur la thyroïde (GRT), émanation de la Société française d’endocrinologie (SFE), et en partenariat avec la Haute Autorité de santé (HAS). L’hypothyroïdie fruste est définie par un taux de TSH (thyroid stimulating hormone) élevé associé à un taux normal de thyroxine libre (T4L). Elle est souvent suspectée d’être la cause de signes cliniques variés, ce qui engendre de nombreuses prescriptions biologiques et thérapeutiques pas toujours justifiées.
Prévalence de l’hypothyroïdie fruste
La HAS indique que « dans la population française, 1,9% des hommes et 3,3% des femmes ont les critères d’une hypothyroïdie fruste. La prévalence est plus élevée chez les femmes âgées de plus de 60 ans, en cas d’antécédents thyroïdiens ou de traitement potentiellement thyréotoxique ».
Évolution vers l’hypothyroïdie avérée
D’après la HAS, environ 1/3 des cas d’hypothyroïdie fruste évoluent vers une hypothyroïdie avérée. Un autre tiers voit son taux de TSH se normaliser spontanément et se stabiliser pour le dernier tiers. L’incidence annuelle des nouveaux cas d’hypothyroïdie avérée ne semble pas excéder 4/1 000 chez les femmes et est inférieur à 1/1 000 chez les hommes.
Répercussions de l’hypothyroïdie fruste
Répercussions cliniques
Si TSH > 10 mUI/L :
- élévation du risque cardiovasculaire,
- répercussions neuropsychiques et sur la qualité de vie.
La HAS note que ces répercussions sont « inconstantes, non spécifiques, non discriminantes ».
Répercussions biologiques
Selon la HAS, les répercussions biologiques se limitent à une perturbation du profil lipidique (élévation du cholestérol total et du LDL-cholestérol).
Ces répercussions sont :
- partiellement réversibles après traitement substitutif,
- négligeables pour une valeur de TSH < 10 mUI/l.
Dépistage
La HAS ne recommande pas de dépistage systématique, mais un dépistage ciblé dans les cas à risque :
- femme âgée de plus de 60 ans ayant des antécédents thyroïdiens,
- présence d’anticorps antithyroïdiens,
- antécédents de chirurgie ou d’irradiation thyroïdienne ou cervicale,
- traitements à risque thyroïdien.
Indications du traitement
Le but du traitement thyroxinique est de prévenir la conversion en hypothyroïdie avérée. La HAS souligne que « il n’existe pas de bénéfices argumentés, d’un point de vue clinique ou biologique, d’une substitution par lévothyroxine de l’hypothyroïdie fruste pour une valeur de TSH < 10 mUI/L ». Le bénéfice attendu du traitement thyroxinique dépend de la valeur initiale de la TSH (traitement recommandé si TSH > 10 mUI/L ou présence d’anticorps anti-TPO), du contexte clinique, biologique et thérapeutique et du risque de conversion en hypothyroïdie avérée. La HAS précise que « le traitement consiste en une substitution progressive par la lévothyroxine. Sa cible est la normalisation de la TSH. La coexistence d’une coronaropathie doit faire reconsidérer les modalités du traitement ».
Algorithme décisionnel
Ce tableau de la HAS précise la stratégie de diagnostic et de prise en charge d’une suspicion d’hypothyroïdie fruste.
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