Obésité et grossesse (Canada, SOGC)
En février 2010, la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) ont publié des recommandations sur l'obésité et la grossesse. Ces recommandations ont pour but d'optimiser la prise en charge des femmes enceintes obèses.
Constat
Selon la SOGC, il y a obésité lorsque l'IMC (poids divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m2) est supérieur à 30 kg/m2.
Au Canada, le taux de femmes obèses et en surcharges pondérales a augmenté. Il est passé de 34% en 1978 à 53% en 2004. Le taux d'obésité durant la grossesse a également augmenté.
Ces femmes sont susceptibles d'avoir :
- de l'hypertension artérielle,
- du diabète,
- une maladie cardiaque.
La SOGC recommande que les femmes établissent des objectifs de gain pondéral pendant la grossesse fondés sur leur IMC prégrossesse. Cette prise de poids est recommandée comme dans le tableau suivant :
Cette prise de poids détermine les issues de la grossesse. Pour une prise de poids supérieure à celle conseillée, les risques sont :
*
-
- macrosomie > 4 000 g ;
- accélération du travail ;
- hypertension gestationnelle ;
- anomalies métaboliques néonatales.
Complications
Durant la grossesse
L'obésité pendant la grossesse entraîne plusieurs complications.
- Difficultés à l'échographie : les malformations, plus fréquentes chez les femmes enceintes obèses, sont plus difficiles à détecter à l'échographie. Plus l'IMC est élevée, moins sont visibles :
- le coeur,
- la colonne vertébrale,
- les reins,
- le diaphragme du foetus,
- le cordon ombilical
La SOGC conseille une échographie vers les 20-22 semaines.
- Avortement spontané : ils sont plus fréquents chez les femmes obèses mais aussi plus récurrents.
- Hypertension artérielle.
- Diabète gestationnel. La SOGC note également que les risques d'accoucher d'un enfant de plus de 4 000 gr est plus important chez les patientes obèses. La pratique d'une activité physique réduit les risques de diabète gestationnel :
- 25 à 40 minutes de marche
- 3 à 4 fois par semaine.
A l'accouchement
Pour la mère
LA SOGC fait état de plusieurs complications.
- Difficultés pour le monitoring foetal en raison de l'épaisseur de la paroi abdominale maternelle. La SOGC recommande un monitorage foetal interne.
- Difficultés pour le monitoring utérin : en effet, la contractilité utérine peut être altérée ou entravée. D'autres techniques sont recommandées dont l'électrohystérographie.
- Risques de césarienne plus importants (dans le cadre une étude, ce taux de césarienne était 42,6% chez les femmes très obèses contre 14,3% chez les femmes minces). De plus, selon la SOGC, « les femmes obèses sont moins susceptibles que leurs homologues minces d'être en mesure de mener à bien un accouchement vaginal à la suite d'une césarienne ».
- Risque d'échec de la péridurale accru.
- Risque de thromboembolie.
Pour le bébé
La SOGC explique que l'obésité avant grossesse est le facteur de risque d'enfant mort-né le plus prévalent. Cela s'explique de plusieurs manières :
- altération de la capacité de percevoir une diminution du nombre de mouvements foetaux ;
- hyperlipidémie menant à une athérosclérose affectant le débit sanguin placentaire ;
- tendance accrue au ronflement et à l'apnée du sommeil associée à la désaturation en oxygène et à l'hypoxie.
Traitement et prise en charge
La SOGC recommande
- d'informer les femmes obèses des risques de complications médicales mais que la pratique régulière d'exercices pendant la grossesse peut contribuer à atténuer certains de ces risques ;
- une évaluation anatomique menée à 20-22 semaines ;
- que les femmes soient avisées, avant la grossesse, de la nécessité d'être aussi en forme que possible avant de tomber enceinte ;
- d'informer les femmes obèses des risques d'anomalies congénitales chez leur foetus ;
- qu'un thromboprophylaxie soit envisagée en fonction des risques de thromboembolie avant et après l'accouchement.
Sources
Obésité et grossesse, SOGC, février 2010.
Crédit photo : istockphoto.com/Alex Brosa