L'alcool nuit-il à la mémoire ?
Si une forte consommation ponctuelle d'alcool (la « cuite ») peut entraîner une perte marginale et sans gravité de la mémoire épisodique (celle qui permet la remémoration d'événements autobiographiques), une consommation régulière et excessive produit des effets aussi durables que désastreux.
Trouble de la mémoire et alcoolisme chronique
Un alcoolique chronique peut présenter des troubles de sa mémoire épisodique qui appartient au système de la mémoire longue dite déclarative. Il peut en effet éprouver des difficultés à se souvenir d'épisodes directement autobiographiques ou liés à son parcours de vie.
Il peut également être victime d'altérations de sa mémoire courte, dite de travail. La mémorisation d'un nom, d'un numéro de téléphone, d'une adresse en vue d'une action immédiate, devient parfois problématique.
Il existe par conséquent un lien bien réel entre consommation d'alcool et développement progressif d'atteintes mnésiques (ou troubles de la mémoire).
Il faut enfin retenir que si ce lien est indubitable, il n'est pas nécessairement corrélé aux modalités de consommation d'alcool : quantité quotidienne, durée de l'état alcoolique ou âge du patient au début de son addiction. Chaque personne réagit à sa manière.
Alcool au quotidien
Si une consommation d'alcool excessive peut entraîner des troubles notables de la mémoire, une consommation modérée peut au contraire produire des effets bénéfiques.
Des études, portant notamment sur des sujets âgés de plus de 50 ans, ont en effet montré que les personnes buvant quotidiennement mais modérément présentaient des capacités d'apprentissage supérieures à celles des personnes abstinentes.
En d'autres termes, si boire avec excès comporte un risque pour la mémoire, l'abstinence ne présente pas d'avantage particulier par rapport à une consommation modérée.
Syndrome de Korsakoff
Le syndrome de Korsakoff constitue la première cause d'atteinte mnésique sévère chez l'alcoolique chronique.
Conséquence de la maladie de Gayet-Wernick, encéphalopathie caractérisée par des troubles neuropsychologiques graves pouvant entraîner la mort, le syndrome de Korsakoff apparaît dans 80% des cas chez des patients alcooliques.
Les patients ne mémorisent ni événements, ni informations. Frappés d'une amnésie parfois sévère, les patients fabulent volontiers en compensant leur absence de souvenir par la construction d'une réalité imaginaire.