Le pied infecté du diabétique : recommandations
En novembre 2006, la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) a publié des recommandations pour prendre en charge le pied diabétique infecté. L’infection est une invasion des tissus par des micro-organismes. Elle entraîne des dégâts au niveau des tissus pouvant avoir des conséquences graves irréversibles telles qu’une amputation ou une mise en danger du pronostic vital du patient.
Définition
Il est possible de parler d’infection lorsque l’on est en présence de deux de ces critères :
- augmentation du volume,
- durcissement des tissus,
- érythème périlésionnel (rougeurs),
- sensibilité locale,
- douleur,
- chaleur locale,
- présence de pus.
Différents stades et infections :
- infections superficielles des tissus
- dermo-hypodermite bactérienne (DHB)
- dermo-hypodermite bactérienne nécrosante (DHBN)
- fasciite nécrosante (DHBN-FN)
- infections profondes des tissus
- gangrène humide
- collections purulentes
- abcès
- phlegmon
- ostéite
- ostéo-arthrite
Diagnostic
Face à une lésion infectée chez un sujet diabétique, des examens sont nécessaires.
Examens biologiques
En présence de signes cliniques d’infection, la SPILF recommande de faire des prélèvements afin d’identifier le ou les micro-organismes responsables de cette infection.
Examens complémentaires
Ils permettent de rechercher des facteurs aggravants.
- Recherche de facteurs dits mécaniques :
- chaussures blessantes,
- maladies relatives aux ongles,
- œdème,
- alitement prolongé.
- Recherche d’une artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) :
- examen clinique (auscultation des pieds, palpation des pouls…),
- mesure de l’index de pression systolique (IPS),
- écho-doppler artériel des membres inférieurs,
- mesure de la pression systolique au gros orteil (PSGO),
- mesure transcutanée de la pression en oxygène (TcPO2).
- En cas de suspicion d’ostéite du pied chez un diabétique, la SPILF préconise de suivre ces recommandations :
Prise en charge
Prise en charge médical
- Insulinothérapie (équilibre glycémique)
- Mise en décharge mécanique de la plaie
- alitement
- fauteuil roulant
- chaussures de décharge
- Débridement médical (excision des parties nécrosées, dévitalisées, contaminés)
- Antiseptiques et antibiotiques locaux
- Pansements
- Lutte contre l’œdème
- Vérification du statut vaccinal antitétanique
- Oxygénothérapie hyperbare (OHB) (dans le cas d’artérite sévère)
- Antibiothérapie
- voire orale en ambulatoire
- 1 à 2 semaines pour les formes simples
- 2 à 4 semaines pour les formes modérées et sévères
- privilégier la voie parentérale « lors d’infections sévères, en cas d’ischémie, lorsque les molécules utilisées ne sont pas administrables per os ou que l’état du patient est incompatible avec la prise orale ».
- voire orale en ambulatoire
Stratégies chirurgicales
- Revascularisation
- Chirurgie orthopédique
- chirurgie conservatrice
- quand une infection menace la conservation du membre ou le pronostic vital du patient
- lorsqu’il n’y a pas de signes d’amélioration après traitement médical
- chirurgie d’amputation (en cas d’infection profonde sévère : lésions irréversibles nécrotiques ou extensives)
- chirurgie conservatrice
Prévenir
Éducation
- Éduquer le patient et l’entourage
- pour faire prendre conscience :
- de la perte de sensibilité du pied et de ses conséquences
- d’une mauvaise vascularisation et de ses conséquences
- des situations à risque
- auto-examen des pieds
- chaussures non blessantes
- hygiène, soins des pieds
- pour faire prendre conscience :
- Éducation des soignants
- examen des pieds
- gradation des risques d’infection
- mettre en place des stratégies pour prévenir l’infection du pied
- éducation des patients
- soins podologiques
Autres moyens
- Soins de pédicurie
- Chaussage de qualité
- Orthèses
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