Daniel Jean, précurseur de la phytothérapie moderne
Le pharmacologue Daniel Jean, à l'origine du processus d'extraction Phytostandard ® nous explique comment, à la recherche d'un nouveau procédé révolutionnaire au début des années 80, il a contribué à révolutionner la phytothérapie traditionnelle et lui a donné un visage moderne et scientifique.
Quel est votre parcours, votre cursus ? Qu'est-ce qui vous a conduit à la phytothérapie ?
Daniel Jean - J'ai suivi une formation de pharmacien, après avoir obtenu mon diplôme, j'ai passé un maîtrise de chimie, puis un doctorat spécialisé dans les plantes appliquées à la pharmacologie (les plantes médicinales). Pendant ma thèse, j'ai commencé à enseigner à la faculté de Clermont-Ferrand, de 1972 à 1981. Ensuite, j'ai fondé une entreprise car le laboratoire où je travaillais à l'époque me permettait d'avoir à ma disposition un réseau professionnel important. J'avais l'opportunité de commercialiser des produits à base d'extraits végétaux, des produits issus de végétaux à destination de la pharmacologie, puis de la cosmétologie...
C'est vous qui avez mis au point le procédé d'extraction Phytostandard®, comment l'avez-vous « découvert » ?
Daniel Jean - Mon parcours m'a permis de disposer d'une base de recherche pour mettre en place de nouveaux procédés et de trouver de nouvelles substances applicables à la pharmacie. Ainsi nous avons créé en 1982 le premier produit vraiment spécifique à la phytothérapie, les SIPF (Suspensions Intégrales de Plantes Fraîches), dont les EPS (extraits de plantes standardisés) sont une amélioration du concept. La création des SIPF est partie de la demande du nouveau directeur du laboratoire Vaillant Defresne qui nous avait demandé de trouver quelque chose d'innovant en phytothérapie et d'applicable à toutes les plantes médicinales. Nous sommes donc partis à la recherche d'un procédé permettant d'extraire tous les principes actifs, tous les composés d'une plante (le totum).
En quoi consiste-t-il ce procédé ?
Daniel Jean - Une molécule active, isolée des autres composants, n'est pas efficace toute seule, mais elle l'est au sein d'autres composants, même inactifs. Le principe d'extraction Phytostandard (breveté et commercialisé par le groupe PiLeJe) repose donc sur l'intégrité et l'intégralité de la plante. Il consiste à protéger autant que possible les principes fragiles de la plante fraîche broyée à -70° sans les altérer, puis à les récupérer par multi-extraction.
Qu'est-ce que le « totum » ?
Daniel Jean - Parler de totum est un abus de langage car ce serait parler de la plante toute entière. Or il n'est pas possible de commercialiser la plante telle quelle, entière et fraîche, en pharmacie. D'abord pour une raison pratique : l'EPS est fabriqué à partir de plantes fraîches pour éviter que les composant des plantes ne s'abîment en séchant. En plus, certaines plantes ne sont absolument pas consommables telles quelles. En dehors d'une question logistique et de goût, il y a aussi une question de présentation pour le client. Enfin, le système digestif est un système d'extraction lui aussi, mais qui n'est pas capable de tout extraire. L'EPS le fait à sa place. Le totum est donc tout ce qui est extractible et utilisable par l'organisme.
Quelle est la validité scientifique de ces produits ?
Daniel Jean - La validité scientifique ultime repose sur des études cliniques ou pharmacologiques animales. Certains EPS ont été soumis à ces tests. Par exemple, le millepertuis a été testé sur la souris, avec le test de Porsolt (un test qu'on applique à la souris pour détecter les effets antidépresseurs). On fait nager une souris [ndlr : rien de cruel rassurez-vous !] dans un petit récipient d'eau et on observe sous quelle influence la souris est plus combative, la moins « déprimée » : en ayant absorbé un antidépresseur de synthèse, de l'EPS de millepertuis ou des molécules actives pures de millepertuis. Il s'avère qu'on obtient des résultats comparables avec l'antidépresseur de synthèse et l'EPS de millepertuis (rien, en revanche avec la molécule pure de millepertuis, administrée isolément). Je précise que tous les EPS n'ont pas subi de tests cliniques ou de pharmacologie animale.
Quels bénéfices apportent-ils par rapport à des médicaments de synthèse ?
Daniel Jean - L'effet pharmacologique de la phytothérapie est puissant, il peut aussi y avoir des effets secondaires, de l'ordre de l'addiction. Mais la multiplicité des composants fait que la dépendance est moindre, diluée, car l'effet est réparti sur un grand nombre de molécules différentes. Ensuite, il y a des effets pharmacologiques auxquels on ne peut pas accéder avec des molécules de synthèse. Par exemple, l'EPS de plantain est un anti-inflammatoire puissant, sans les inconvénients des corticoïdes. La phytothérapie a son revers : ce n'est pas une médecine d'urgence, mais de fond, de prévention, avec d'excellents résultats de stabilisation, bien supérieurs à la médecine de synthèse, mais sur le long terme.
Peut-on prescrire des EPS pour tous types de patients et de pathologies ?
Daniel Jean - Il existe des recommandations et des précautions, plante par plante. En l'absence de certains tests cliniques réalisés sur la valériane par exemple, par principe de précaution, on peut éviter de la prescrire chez la femme enceinte ou allaitante. Sinon les plantes sont adaptées à chaque cas, chaque pathologie, l'escholtzia par exemple est particulièrement adaptée chez l'enfant (pour ses vertus anxiolytiques).
Travaillez-vous actuellement sur de nouveaux procédés, de nouveaux modes d'extraction ?
Daniel Jean - Oui, je suis actuellement en train de travailler sur un nouveau produit dont le mode d'efficacité est révolutionnaire. Ce complément alimentaire agit sur une des causes majeures du vieillissement. C'est un produit breveté, qui répond à un cahier des charges strict et qui est déjà commercialisé par la société Nacriderm. Nous avons également développé avec la société Elatium toute une gamme de produits pour peaux atopiques et pour peaux acnéiques à base de plantain.