Plaque d'athérome : causes, formation, comment la soigner ?

Plaque d'athérome : causes, formation, comment la soigner ?

L'athérosclérose, qui se caractérise par le dépôt d'une plaque d'athérome sur la paroi des artères, est la première cause de mortalité au niveau mondial, et à l'origine de la plupart des maladies cardio-vasculaires, AVC et infarctus en tête. Le Dr Yves El Bèze, cardiologue et directeur de l'Institut Cœur Paris Centre nous éclaire.

Définition : qu'est-ce qu'une plaque d'athérome ? 

L'athérome correspond à un dépôt graisseux situé sur une partie de la paroi interne des artères. Les plaques d'athérome sont constituées de cellules sanguines et de mauvais cholestérol.

Comment se forme une plaque d'athérome ?

Les plaques d'athérome sont constituées de cellules sanguines et de mauvais cholestérol. Elles s'accumulent au fil des années sur la paroi interne des artères provoquant leur épaississement, leur durcissement et une diminution de leur élasticité. On parle d'athérosclérose. Elle est causée par un excès de cholestérol, évolue de façon sournoise au fil des années. "L'athérosclérose survient de manière précoce et progressive dès les premières années de la vie, elle évolue ensuite très lentement pour se manifester vers 30, 40, voire 50 ans ", explique le Dr Yves El Bèzeavant d'ajouter. "Le LDL-cholestérol ou LDL, est injustement nommé "mauvais cholestérol" car, lorsqu'il erre dans la circulation sanguine sans pouvoir être métabolisé dans les cellules, il finit par être oxydé et c'est là que commencent les problèmes ou plutôt l'athérome."  Elle est à l'origine de la plupart des maladies cardio-vasculaires, AVC et les infarctus du myocarde en tête. Autant dire que sa prévention est capitale. En France, environ 200.000 personnes meurent chaque année de ces maladies qui, avec un peu plus d'un tiers de la mortalité globale, représentent la 1ère cause de décès.

athérosclérose plaque d'athérome
Plaque d'athérome et athérosclérose. © blueringmedia-123RF

Quelle est la composition d'une plaque d'athérome ?

"La plaque d'athérome est constituée de LDL-cholestérol ou LDL, acronyme de Low Density Lipoprotein, de cellules inflammatoires et d'une coque fibreuse", explique le Dr Yves El Bèze, cardiologue et directeur de l'Institut Cœur Paris Centre.

Quels sont les symptômes ?

"Avec le temps, cette plaque d'athérome grossit et le calibre du vaisseau rétrécit. Le phénomène peut atteindre plus de 70 % du diamètre de l'artère ; on parle alors de sténose serrée. L'écoulement du sang devient plus difficile, si bien que l'organe en aval, mal vascularisé, s'oxygène moins bien : Cette souffrance s'appelle ischémie ", indique le cardiologue. Les artères des différents organes peuvent être atteintes :

  • les coronaires, au niveau du cœur avec comme symptôme l'angor et un risque d'infarctus du myocarde ;
  • les carotides, au niveau du cou avec un risque d'AVC ;
  • l'aorte abdominale sous le diaphragme avec un risque de rupture d'anévrisme ;
  • les artères digestives au niveau de l'intestin avec un risque d'infarctus mésentérique ;
  • les artères rénales au niveau du rein avec un risque d'infarctus rénal ;
  • les artères des membres inférieurs avec comme symptôme la claudication des membres inférieurs.

Plaque instable, vulnérable et risque de rupture 

"Il arrive que la plaque s'étende brutalement et non progressivement, entraînant un syndrome aigu (comme un infarctus du myocarde). Ici, c'est plus la composition de la plaque que le degré de sténose qui va entraîner symptômes et complications : on parle alors de plaque instable. Cette instabilité dépend de la teneur en lipides (de plus en plus importante) et des cellules inflammatoires ; parallèlement, la coque fibreuse du vaisseau s'affine. Plus il y a de lipides oxydés, plus la coque s'amincit, plus c'est dangereux ! On parle alors de plaque vulnérable, qui peut se compliquer d'une rupture dans certains cas ", précise le Dr Yves El Bèze. La rupture de plaque peut guérir spontanément. À l'intérieur de l'artère, les processus naturels de guérison sont mobilisés. "La coagulation aboutit à un caillot, le thrombus. Ce dernier cicatrise naturellement comme lors d'une coupure, grâce aux nombreux facteurs de coagulation du sang et aux plaquettes sanguines chargées d'initier ce processus. Le thrombus va alors être nettoyé par fibrinolyse, phénomène de fluidification du sang inverse de la coagulation. Pas de symptôme alors, la réparation passe comme une lettre à la poste, la plaque s'est juste un peu épaissie ", éclaire le cardiologue. Il arrive cependant, parfois, que "le caillot persiste et bouche l'artère ou s'y promène et l'obstrue un peu plus bas – on parle d'embolisation. C'est l'infarctus ".

Traitements : comment soigner une plaque d'athérome ?

"Dans tous les cas, le traitement médical repose avant tout sur la correction des facteurs de risque ce qui va réduire les conséquences de cette maladie diffuse qu'est l'athérosclérose et empêcher son évolution à un stade plus sérieux ", explique le cardiologue. Lorsque la plaque est non significative et n'a pas entrainé de retentissement, cette prévention peut suffire. Lorsque la plaque a évolué, il faut y ajouter certains médicaments : un antiplaquettaire (comme de l'aspirine à petites doses ) afin de fluidifier le sang, une statine même en l'absence de dyslipidémie avec pour objectif de diminuer le taux de mauvais cholestérol et de stabiliser les plaques athéromateuses, Enfin, lorsque la plaque représente une sténose serrée, on peut réaliser une revascularisation par angioplastie et mise en place de stents ou par pontage.

Prévention : comment éviter les plaques d'athérome ?

La prévention repose sur la correction des facteurs de risque cardiovasculaire qui va réduire les conséquences de cette maladie diffuse qu'est l'athérosclérose et empêcher son évolution à un stade plus sérieux. Il s'agit donc de traiter une éventuelle hypertension artérielle, de viser le sevrage complet en cas de tabagisme, d'équilibrer le diabète et de diminuer le taux des lipides sanguins. Aux quatre facteurs de risque impérieux et étayés scientifiquement (tabac, hypertension, diabète ou cholestérol) s'ajoutent la sédentarité, la consommation en excès d'alcool, la pollution, le stress, l'insuffisance rénale, l'obésité androïde…

Merci au Dr Yves El Bèze, cardiologue et directeur de l'Institut Cœur Paris Centre et auteur du livre 5 minutes avant l'infarctus aux Editions Marabout.