Les inégalités d'accès aux soins

Même si les résultats du plan anti-cancer mis en place en 2003 sont très positifs et commencent à s'observer, même si les pratiques médicales ont évolué pour le plus grand bien des patients, et même si l'on guérit davantage du cancer, il faut rappeler que tous les français n'ont pas encore accès, à ce jour, à des soins de qualité égale et ne possèdent pas tous les mêmes chances de guérir. Il ne faut pas se cacher la face et ignorer que des centaines de patients ne bénéficient pas de toutes les garanties de bénéficier du meilleur traitement. En effet, une mauvaise prise en charge, une erreur d'aiguillage ou des délais d'attente trop longs pour effectuer certains examens fondamentaux,peuvent avoir des conséquences désastreuses pour certains patients. Selon de nombreux experts, la plus grande inégalité face au cancer résulte dans la perte de chances que subissent des malades lorsqu'ils ne sont pas pris en charge dans les établissements les plus performants. Pourtant, l'accès à des soins de qualité égale pour tous demeure une des priorités de l'INCA, l'institut national contre le cancer. Pour en savoir plus « Patients, tout ce qu'on vous cache.. » Dr Pierrick hordé et Claire Gabillat (Flammarion). Plus un patient est loin d'un centre de référence et plus ses chances de guérir sont moindres.

Des inégalités régionales

La France est un des pays où les différences sociales en matière de mortalité par cancer sont les plus marquées.

  • Les patients issus de milieux favorisés ont 1,5 à 2 fois plus de chance de guérir que les autres.

Ces différences fondamentales sont essentiellement causées par une différence d'accessibilité aux meilleurs soins. Selon une enquête parue dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire de mars 2007, à partir des données de mortalité fournies par le centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès entre 1998 et 2002, consacré à l'état des lieux de la surveillance du cancer en France, d'importantes disparités régionales de mortalité sont encore observées :

  • Les taux de décès sont significativement plus élevés, en particulier chez les hommes, dans le Nord, et plus particulièrement dans le Nord Pas de Calais et La Haute Normandie.

Les plus mauvais pronostics touchent le plus souvent des personnes issues de milieux défavorisés et ce quelque soit le type de cancer. Le lieu où le patient habite et la structure qui le prend en charge participent à l'inégalité dans la prise en charge, le traitement et les chances de survie du malade.

Des centres qui ne pratiquent pas assez

La qualité des traitements, radiothérapie et chimiothérapie par exemple, n'est pas encore identique, à l'heure actuelle dans tous les établissements. Même si dans quelques années, à l'horizon de 2009/2011, ce sera le cas dans tous les établissements, il existe encore des disparités dans la qualité des traitements délivrés :

  • Des examens incomplets
  • Des protocoles thérapeutiques pas toujours correctement suivis
  • Des séances de chimiothérapie pas toujours conformes aux règles de bonnes pratiques.
  • Rappelons que plus l'activité d'un centre est importante, meilleures sont les pratiques et bien entendu, meilleures sont les chances de guérison. Cette notion de pratique régulière est évidemment valable pour toutes les disciplines de la médecine.

Le premier état de la chimiothérapie en France présenté en Janvier 2006a fait apparaître des dysfonctionnements préjudiciables pour les malades. Mais tout ceci ne devrait bientôt plus exister... Pour en savoir plus,
« Le premier état des lieux de la chimiothérapie en France » établi par la CNAM en janvier 2006

Des équipes qui n'opèrent pas assez

Un certain nombre d'établissements n'offrent pas encore assez de garanties aux patients. Même si cette insuffisance de garanties sera résolue d'ici quelques années, entre 2009 et 2012, il n'en demeure pas moins par exemple que quelques équipes, certes exceptionnelles, effectuent trop peu d'interventions chirurgicales par an.. Dans le domaine des traitements chirurgicaux du cancer de la prostate, selon les établissements, des écarts de 30% du taux de mortalité après une ablation de la prostate (prostactectomie) étaient constatés dans le rapport de Guy Valencien paru en Avril 2006 sur « l'évaluation de la sécurité, de la qualité et de la continuité des soins chirurgicaux dans les petits hôpitaux publics en France » entre des équipes qui effectuaient moins de 50 interventions par an et celles qui en pratiquaient plus de 100. Vous pouvez vous renseigner sur le nombre d'actes effectués par an dans l'établissement où vous serez opéré. Si dans ce domaine, le chiffre annoncé est inférieur de plus de 80% au chiffre minimal exigé, soit moins de 30 interventions par an pour un cancer du sein, peut être devriez prendre un autre avis.

Des séances de radiothérapie aux conséquences désastreuses

Les accidents d'irradiation d'Epinal et de Toulouse ont permit de révéler que les pratiques en matière de radiothérapie n'étaient pas toujours identiques et qu'il était nécessaire, comme le plan anti cancer et l'Inca le prévoient, de contrôler l'activité des centres pratiquant la radiothérapie et de mettre en place une politique de transparence pour le plus grand bien des patients. Les autorités sanitaires contrôlent ainsi les 180 centres de radiothérapie afin d'éviter aux 180000 personnes y ayant recours de subir des irradiations aux conséquences parfois dramatiques : Les Règles de bonne pratique vont ainsi être vérifié : sécurité et surveillance du matériel, formation des praticiens, radiothérapeutes, manipulateurs, radiophysiciens... Malheureusement, ces accidents ont révélé le manque de personnel et la nécessité d'une formation plus rigoureuse aux nouvelles machines utilisées pour les actes de radiothérapie. Environ 350 radiophysiciens exercent en France, alors que les experts estiment qu'il en faudrait 600 à 700 pour assurer la sécurité des malades. Ils sont 1200 en Allemagne et 1200 en Angleterre. Il ne faut pas oublier que les traitements restent bénéfiques pour les 180000 personnes qui y ont recours et que 5 millions de séances de radiothérapie sont effectuées chaque année.

Consultez le site de l'IRSNT, l'Institut de radioprotection et de sureté nucléaire
Lire: Patients, tout ce qu'on vous cache du DR Pierrick Hordé et Claire GAbillat (Flammarion)

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