Stérilité féminine : causes, symptômes, traitements

Stérilité féminine : causes, symptômes, traitements

La stérilité (ou infertilité féminine) désigne l'impossibilité, pour une femme, de procréer dans les 12 à 24 mois sous réserve d'avoir des rapports sexuels complets, réguliers et sans contraception. Causes possibles.

C'est quoi la stérilité féminine ?

"La stérilité féminine désigne l'impossibilité, pour une femme, de procréer sous réserve d'avoir des rapports sexuels complets, réguliers (deux à trois fois par semaine) et sans contraception et ce dans les 12 à 24 mois", explique le Dr Juan Berrocal, chirurgien gynécologique. Ce terme étant relativement agressif, certains préfèrent utiliser celui infertilité d'infécondité, ou d'hypo-fécondité. Naturellement, une femme est féconde de façon variable suivant son âge. La fécondité progresse jusqu'à l'âge de 25 ans puis se stabilise. 

Pour débuter une grossesse, la femme doit avoir "au minimum" :

  • Une ovulation régulière et de bonne qualité
  • Un col et des trompes perméables
  • Une glaire de bonne qualité
  • Une muqueuse utérine (endomètre)
  • Un contact avec des spermatozoïdes...

Quelles sont les causes possibles d'une stérilité chez la femme ?

Les causes principales peuvent notamment être :

  • Une infection génitale causée par des MST, (Chlamydiae, gonocoques,) ou d'autres types de germes qui peut toucher aussi bien le col (cervicite) ou les trompes (salpingite).
  • Une salpingite qui est une inflammation aiguë ou chronique des trompes utérines (conduits qui relient ovaires et utérus), causée généralement par des infections. Dans près de la moitié des cas, l'infection est déclenchée par le Chlamydiae. Les gonocoques et les germes mycoplasmes peuvent également être en cause. Elles entraînent une oblitération des trompes directement ou par l'intermédiaire d'adhérences.
  • Une grossesse extra-utérine (GEU) : les séquelles d'une grossesse extra utérine (le conduit de la trompe est obstrué de façon partielle ou totale) ou bien les suites d'intervention chirurgicale.
  • Une endométriose qui est une anomalie gynécologique : le tissu de l'endomètre, qui tapisse la paroi de l'intérieur de l'utérus, éliminé normalement durant des règles, se retrouve hors de l'utérus, par exemple au niveau des trompes ovaires ou du péritoine. "Ce tissu situé en dehors de l'utérus peut créer une inflammation dans le pelvis et peut obstruer les trompes ou ovaires et empêcher la fécondation", insiste le médecin.
  • Une exposition au distilbène peut causer une anomalie des trompes mais également des malformations de l'utérus. Le distilbène est un médicament prescrit à environ 200 000 femmes entre 1950 et 1977. Ce traitement était alors indiqué afin d'éviter une survenue de fausses couches. Suite aux nombreuses complications, son utilisation a été interdite en France en 1977. Ce phénomène reste exceptionnel.
  • Des troubles de l'ovulation : En cas d'anovulation, l'ovulation est totalement absente. En cas de dysovulation, elle est de qualité moindre. Les troubles de l'ovulation impliquent une non ou une mauvaise production d'un ovocyte fécondable. Ils sont à l'origine de la plupart des cas de stérilité féminine et concernent plus de 3 cas sur 10. "L'origine en est souvent un déséquilibre de production hormonale que ce soit d'origine ovarienne comme les ovaires polykystiques mais également d'autres organes (hypophyse, surrénales, thyroïde, pancréas.) ils peuvent aussi survenir en cas de ménopause précoce", poursuit notre interlocuteur.
  • Des séquelles mécaniques comme par exemple, après une conisation pour le traitement des papillomavirus, dans le cas de polype ou de fibrome utérin ou après une chirurgie de l'ovaire (en cas de ponction de kystes de l'ovaire par exemple)
  • D'autres pathologies comme une anorexie mentale, une prise de poids trop rapide ou des maladies hépatiques, rénales ou digestives.

Anomalies de la glaire cervicale

La glaire cervicale est nécessaire au bon fonctionnement de la fécondation car elle permet de faciliter l'accès aux "meilleurs" spermatozoïdes. Lors de l'éjaculation, des millions de spermatozoïdes se retrouvent dans le vagin et migrent vers les trompes utérines afin d'atteindre l'ovocyte et le féconder. La première étape est la traversée de la glaire cervicale, sécrétée via les glandes du col de l'utérus. La glaire cervicale permet de filtrer les spermatozoïdes et ne laisse passer que les plus mobiles, les plus faibles et anormaux ne peuvent ainsi pas poursuivre leur trajet.

Seuls quelques centaines d'entre eux atteindront finalement les trompes de Fallope, où aura lieu la fécondation. Une mauvaise qualité de glaire cervicale peut être un obstacle pour les spermatozoïdes et être une cause des difficultés de procréation. En sachant que la glaire est différente en densité en fonction du moment du cycle menstruel (à l'origine de la contraception dite Ogino) "La glaire cervicale peut être absente, en quantité insuffisante, trop visqueuse ou gélifiée. Par ailleurs, elle peut contenir des anticorps anti-spermatozoïdes et les détruire", observe le Dr Berrocal.

Anomalies génétiques

Le Syndrome de Turner est une anomalie chromosomique (perte d'une partie d'un chromosome X) qui entraîne une atrophie et mauvais fonctionnement de l'ovaire.

Allergies au liquide séminal

Les allergies au liquide séminal (spermatozoïdes) sont rares, mais peuvent être une des causes de l'infertilité.

Des causes psychologiques ?

En dehors de toute affection pathologique, plusieurs facteurs psychologiques peuvent influencer de façon négative la fertilité féminine. Les causes peuvent être dues à : 

  • Un souvenir d'un événement passé douloureux : anniversaire de décès d'un proche, une date de naissance commémorative, un traumatisme ancien…
  • La peur de répéter les erreurs de ses propres parents.
  • Une culpabilité ressentie après une interruption volontaire de grossesse (IVG).
  • Une peur inconsciente de devenir mère à son tour
  • La perte d'un enfant
  • Au fait d'avoir eu une enfance malheureuse ou d'avoir été victime de maltraitance de la part de ses parents
  • Au fait d'avoir subi des violences sexuelles

L'âge en cause ?

Chez la femme, la fertilité diminue dès l'âge de 30 ans. Ceci peut être expliqué par le fait que les ovules produits à cet âge comportent plus fréquemment des anomalies génétiques. Les hommes âgés de plus de 40 ans peuvent également avoir une baisse de la fertilité. Chez l'homme, le taux maximal de fertilité est de 30 à 34 ans/ Au-delà de 35 à 40 ans, les risques d'infertilité sont augmentés.

La stérilité est-elle héréditaire ?

Globalement, on peut avancer qu'il n'y a pas d'infertilité héréditaire chez la femme. En tout cas, rien n'est prouvé sauf.

Quels sont les symptômes d'une stérilité ?

"Le plus souvent il n'y a pas de symptômes. L'infertilité d'un couple reste dans 15% des cas inexpliquée", constate le spécialiste. Dans certains cas, on peut constater :

  • Des cycles menstruels anormaux
  • Des règles anormalement douloureuses
  • Des rapports sexuels douloureux

Quels traitements peuvent être proposés ?

Les traitements proposés dépendent des causes de l'infertilité trouvées lors des investigations médicales. Malgré la variété des traitements existants, certaines causes d'infertilité ne peuvent être corrigées. "Chez la femme, des traitements hormonaux en cas de troubles du cycle menstruel peuvent être efficaces, assure le chirurgien gynécologique. Des traitements comme le clomifène citrate (Clomid, par voie orale) sont prescrits pour stimuler l'ovulation. Dans certains cas, une opération chirurgicale peut être nécessaire. Si les trompes de Fallope sont obstruées, une opération peut remédier à ce trouble". En cas d'endométriose, des médicaments pour stimuler l'ovulation ou une fécondation in vitro peut être nécessaire pour espérer concevoir un enfant.

Les techniques de procréation médicalement assistée se révèlent donc parfois nécessaires en cas d'infertilité. La fécondation in vitro est la technique la plus fréquemment utilisée. Les spermatozoïdes de l'homme sont mis en présence de l'ovule de la femme, en laboratoire, puis l'embryon est réimplanté dans l'utérus de la future mère (FIV).

A partir de quand parle-t-on de stérilité ?

A 25 ans, un couple a en moyenne 25% de chance d'obtenir une grossesse à chaque cycle, avec un délai moyen de conception de 3 à 6 mois. Un couple réussit en moyenne à mettre au monde un bébé au bout de 6 mois à 12 mois. Le pourcentage des femmes ayant conçu un enfant :

  • Après un an de rapports réguliers sans contraception est de 84%
  • Après 2 ans, il est de 92%
  • Près de 80% des couples conçoivent naturellement un enfant au bout de 2 ans. 60% des couples qui éprouvent des difficultés conçoivent un enfant au bout de 1 an.

Merci au Dr Juan Berrocal, chirurgien gynécologique à la Clinique de l'Europe à Rouen.