Algodystrophie du genou : symptômes, durée, traitement

Algodystrophie du genou : symptômes, durée, traitement

L'algodystrophie ou algoneurodystrophie du genou, aujourd'hui nommé Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) du genou, se caractérise par des douleurs et une raideur du genou, générant une difficulté voire une impossibilité à le bouger sans douleur. Elle fait en général suite à un traumatisme ou à une intervention chirurgicale sur le genou.

Définition : qu'est-ce que l'algodystrophie du genou ?

"Il ne faut plus parler d'algodystrophie mais de Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC)" prévient le Pr Anne Berquin, médecin spécialiste en Médecine Physique et Réadaptation, Cliniques universitaires UCL St Luc à Bruxelles. C'est un syndrome douloureux dans un membre (autour d'une ou plusieurs articulations) habituellement développé après un traumatisme et qui est disproportionné par rapport à ce traumatisme. Le SDRC touche les membres inférieurs dans 60% des cas et les membres supérieurs dans 40% des cas. 33% des SDRC des membres inférieurs touchent les pieds et 21,4% touchent les jambes. "Ce sont le plus souvent les extrémités qui sont touchées : poignet, coude, pied…" précise le Pr Anne Berquin. Un dysfonctionnement du système nerveux central (intégration anormale de la douleur) et périphérique (dérèglement régional du système nerveux végétatif) est suspecté.

Quelles sont les causes ?

Les SDRC secondaires sont les plus fréquents. Elles surviennent après un traumatisme qui peut être bénin comme une entorse, une immobilisation (plâtre, résine ou orthèse) ou après une chirurgie. Classiquement le SDRC du genou apparaît suite à un traumatisme local tel qu'une entorse, une fracture, une luxation, ou toute autre contusion de la zone. Elle peut également survenir après la pose d'un plâtre ayant entraîné l'immobilisation de l'articulation. Plus rarement, le Syndrome Douloureux Régional Complexe est primitif. Il existe des facteurs favorisants (alcoolisme, diabète, hypertriglycéridémie…) et il y a probablement certains contextes génétiques à risque.

Quels sont les symptômes ?

La douleur est un des premiers signes du SDRC. Elle est vive et entraîne une boiterie. Le genou se raidit et devient difficile à bouger. La personne touchée n'arrive plus à le tendre et les douleurs rendent l'appui difficile ou même impossible. Souvent chaud et gonflé, le genou peut aussi devenir particulièrement froid et pâle. 

Combien de temps ça dure ?

"L'évolution est très variable d'une personne à l'autre : ce Syndrome Douloureux Régional Complexe peut durer quelques semaines ou quelques mois. 10% des SDRC évoluent vers la chronicité et les personnes atteintes peuvent alors en souffrir toute leur vie" informe le Pr Anne Berquin. 

Quelles sont les personnes à risque ?

Le Syndrome Douloureux Régional Complexe peut survenir à tout âge, y compris chez les enfants même si cela est exceptionnel. Les femmes sont plus touchées que les hommes (3 femmes pour 1 homme). Il existe des facteurs favorisant le Syndrome Douloureux Régional Complexe primitif :  le diabète, l'alcoolisme, la goutte, certains contextes génétiques.

Qui et quand consulter ?

En présence de tels symptômes, vous pouvez consulter en premier lieu votre médecin traitant qui vous adressera à un rhumatologue ou un spécialiste en médecine physique et réadaptation.

Quel est le diagnostic ?

Le diagnostic du Syndrome Douloureux Régional Complexe est le plus souvent clinique lorsque les circonstances de survenue et les signes cliniques sont typiques. Les examens complémentaires (radiographie standard, scintigraphie osseuse ou IRM) peuvent être réalisées si l'on souhaite vérifier qu'il n'y a pas d'autre problème. 

Quels sont les traitements ?

Le traitement du Syndrome Douloureux Régional Complexe a pour but de limiter les douleurs et de préserver la mobilité articulaire. Il doit être le plus précoce possible et consiste en de la kinésithérapie essentiellement et la prise de médicaments antalgiques. "Il existe un médicament spécifique du SDRC : les biphosphonates mais nous manquons encore de preuves et il ne s'agit pas d'un traitement miracle, plutôt d'un complément à la kinésithérapie" informe le Pr Anne Berquin. Des antalgiques à visée anti-douleur (paliers 1 et 2) sont prescrits. "Certains antidépresseurs ou anti-épileptiques sont utilisés dans certains cas car ils peuvent avoir un effet sur la douleur" précise le Pr Berquin. Elle recommande d'utiliser des outils non médicaux de gestion de la douleur en parallèle : relaxation, sophrologie, yoga… "L'immobilisation est un facteur d'aggravation, il faut donc continuer à bouger le plus possible" souligne le médecin. 

Quand envisager l'opération ?

"Le SDRC ne nécessite pas d'opération : il n'y a rien à réparer et une intervention chirurgicale est un traumatisme qui risque d'encore aggraver le Syndrome Douloureux Régional Complexe, informe le Pr Anne Berquin. C'est au contraire une invitation à être très prudent par rapport à une ré-intervention."

Comment éviter les récidives ?

"Des études ont montré un intérêt de la vitamine C dans certains cas en prévention de la récidive" renseigne le Pr Berquin. Son conseil : si vous avez eu un SDRC et que vous devez subir une intervention chirurgicale vous pouvez prendre de la vitamine C une semaine avant et 2-3 mois après. "L'autre élément pour prévenir les récidives et aussi prévenir le Syndrome Douloureux Régional Complexe est de limiter l'immobilisation en utilisant une attelle amovible plutôt qu'un gros plâtre en cas de traumatisme par exemple et de conseiller aux patients de continuer à se mobiliser malgré la douleur qui est sans danger " informe le médecin.

Merci au Pr Anne Berquin, médecin spécialiste en Médecine Physique et Réadaptation, Cliniques universitaires UCL St Luc à Bruxelles.