Barbiturique : liste, indication, effets secondaires

Les barbituriques sont des substances de synthèse chimique utilisés en tant que médicaments. Les barbituriques ont de par leur mécanisme d'action des activités hypnotiques, sédatives, anticonvulsivantes et anesthésiantes.

Barbiturique : liste, indication, effets secondaires
© stevanovicigor-123RF

Définition : qu'est-ce qu'un barbiturique ?

Les barbituriques sont des substances de synthèse chimique utilisés en tant que médicaments. Dérivés de l'acide barbiturique, ils agissent comme dépresseurs du système nerveux central. L'un des barbituriques les plus répandus est le phénobarbital. Ces médicaments anciens autrefois très répandus en médecine (environ une cinquantaine de barbituriques utilisés depuis la fin des années 1800) sont aujourd'hui très peu nombreux et ne sont plus retrouvés que dans la prise en charge de l'épilepsie ou en anesthésie. Certains barbituriques sont également utilisés en clinique vétérinaire pour les euthanasies. Leur utilisation a été en partie mise de côté au profit d'autres molécules (comme les benzodiazépines) en raison de leurs nombreux effets indésirables ainsi que du risque de dépendance et des autres dangers qu'ils peuvent entraîner. Ces médicaments ont notamment fait l'objet d'abus par les toxicomanes et ont été la cause de décès par toxicité, tandis que certains barbituriques tels que le pentobarbital ont été détournés à des fins d'euthanasie et de suicide, et ont pu ainsi faire l'objet de trafics.

Quelle est la liste des médicaments contenant des barbituriques ?

En France, 3 barbituriques sont actuellement commercialisés en médecine humaine : le primidone dosé à 250 mg sous forme de comprimés à avaler (spécialité commerciale Mysoline®) et le phénobarbital en comprimés à avaler (Phénobarbital Richard®, Alepsal® et Gardénal®) ou en solution injectable (Gardénal®), tous deux utilisés comme anticonvulsivants dans l'épilepsie, ainsi que le thiopental dosé à 500 mg ou 1g utilisé en anesthésie par voie injectable (Thiopental Panpharma® et Thiopental Vuab®). Par ailleurs, le pentobarbital est utilisé en clinique vétérinaire avec diverses spécialités commerciales (exemple : Doléthal®, Euthanimal®, Euthasol Vet®, Euthoxin®, Exagon®).

Quelles sont les indications des barbituriques ?

Les barbituriques ont de par leur mécanisme d'action des activités hypnotiques, sédatives, anticonvulsivantes et anesthésiantes. Ces propriétés sont plus ou moins marquées selon le barbiturique considéré, dépendamment de sa durée d'action. Toutefois les propriétés sédatives et hypnotiques des barbituriques ne sont plus utilisées à ce jour à cause des effets indésirables de ces médicaments et de leur potentiel de dépendance. Le thiopental est un barbiturique soufré d'action brève et sera réservé à l'anesthésie de courte durée. Au contraire, les barbituriques à action longue tels que le phénobarbital sont utilisés dans le traitement des crises d'épilepsie en tant qu'anticonvulsivants. En usage vétérinaire, le pentobarbital est utilisé pour l'euthanasie via ses propriétés anesthésiantes.

Comment agit un barbiturique ?

Les barbituriques se fixent sur les récepteurs GABA de type A situés sur la membrane des neurones et induisent en conséquence la libération d'acide gamma aminobutyrique (GABA), neurotransmetteur naturel inhibiteur du système nerveux. Le GABA agit en empêchant l'action des neurotransmetteurs excitants du système nerveux, impliqués notamment dans les crises d'épilepsie. Sous l'influence du GABA, les neurones sont ainsi moins soumis aux influx nerveux électriques excitatoires, ce qui permet de calmer l'activité du cerveau. Aussi, par leur effet agoniste des récepteurs canaux GABA-A, les barbituriques augmentent l'amplitude des canaux chlorure (avec libération massive d'ions négatifs Cl-) ce qui a pour conséquence de grandement polariser le neurone cible qui aura alors plus de difficulté à réagir aux stimulations des ions positifs. De façon moins marquée, les barbituriques ont également un effet antagoniste sur les récepteurs au glutamate, neurotransmetteur excitateur du système nerveux central. Les barbituriques se fixant dans toutes les cellules du SNC (à l'exception du cervelet et de la moelle épinière), ils provoquent ainsi une dépression du système nerveux central, à l'origine de leurs différents effets thérapeutiques mais aussi indésirables. La durée et la rapidité d'action des barbituriques est variable d'une molécule à l'autre, le délai d'action pouvant aller de 2 à 18 heures et les plus longues durées d'action pouvant aller jusqu'à 2 jours. Les propriétés hypnotiques, sédatives, anticonvulsivantes et anesthésiques des barbituriques sont plus ou moins marquées selon la durée d'action de la molécule concernée.

Quels sont les effets secondaires des barbituriques ?

Les barbituriques présentent divers effets indésirables qui ont progressivement conduit à restreindre leurs usages au profit d'autres médicaments. Les principaux effets indésirables des barbituriques sont la somnolence, la sédation, des maux de tête, des troubles respiratoires (hypoventilation, apnée, hoquet) de la coordination et de la motricité, de l'équilibre, du comportement, de l'humeur (euphorie, rêves, cauchemars), de la mémoire (confusion), mais aussi parfois des troubles au niveau du foie, du sang, des os et des articulations, ainsi que des réactions cutanées, des nausées et vomissements ou encore des réactions d'hypersensibilité (allergies).
Une toxicité peut également s'observer en cas de surdosage, pouvant provoquer une confusion, une dépression respiratoire et cardiovasculaire (chute de la tension artérielle, choc), un coma voire des décès accidentels ou des tentatives de suicide.

Le phénobarbital présente également un danger accru en cas de grossesse

De plus, un phénomène de tolérance (besoin de doses toujours plus élevées) et de dépendance (besoin de toujours consommer la substance) peuvent s'observer avec l'utilisation régulière de barbituriques. Un sevrage brutal peut s'avérer dangereux, avec des symptômes tels que de l'agitation, de l'anxiété, des crampes abdominales, des nausées ou des vomissements, pouvant même par la suite aboutir à des convulsions, des hallucinations, de l'agitation, de l'hyperthermie, et un épuisement susceptible d'entraîner un accident cardiovasculaire ou un décès. Le phénobarbital présente également un danger accru en cas de grossesse car il est peut provoquer des malformations chez le fœtus : toute prise de phénobarbital par une femme en âge de procréer doit se faire exclusivement en l'absence de grossesse et avec une contraception efficace autre qu'hormonale (efficacité réduite en raison d'interaction médicamenteuse avec le phénobarbital). La femme doit être informée des risques tératogènes (de malformations). Enfin, les barbituriques peuvent interagir avec de nombreux médicaments et ainsi voir leur efficacité altérée, ou modifier celle des médicaments concernés. Il est donc impératif de signaler au médecin toute prise de médicament lors d'un traitement par un barbiturique.

Quelles sont les contre-indications des barbituriques ?

Les barbituriques sont contre-indiqués en cas de porphyries (maladies rares affectant la peau et le système nerveux), en cas d'antécédents d'allergie aux barbituriques ou à un excipient du médicament, en cas d'intoxication avec l'alcool, des sédatifs, des analgésiques ou des psychotropes, d'hypertension maligne, de choc ou d'état de mal asthmatique (pour le thiopental), en cas d'insuffisance respiratoire sévère ou de détresse respiratoire, et en association avec certains médicaments comme le millepertuis, divers antiviraux utilisés pour le traitement du VIH, l'ifosfamide (anticancéreux), le voriconazole (antifongique) ou les sulfamides. Ils peuvent aussi diminuer l'efficacité des contraceptifs oraux (pilules). Le phénobarbital est également contre-indiqué chez la femme enceinte en raison de ses risques tératogènes. Certaines formes en comprimés peuvent être contre-indiquées en cas d'allergie au blé.
La prise d'alcool est formellement déconseillée lors d'un traitement par un barbiturique, tout comme la prise d'autres médicaments dépresseurs centraux tels que les benzodiazépines et les opioïdes.