Motricité : fine, libre, globale, exercices avec bébé

La motricité joue un rôle important dans le développement et l'autonomie du jeune enfant. Fine, globale, motricité libre... Sandra Noel, psychomotricienne, nous en dit plus sur les différentes motricités qui existent et sur leurs bienfaits.

Motricité : fine, libre, globale, exercices avec bébé
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Chez l'enfant, la motricité fait référence à la capacité de faire des mouvements avec tout son corps, ses membres (bras, avant-bras, mains, jambes, cuisses, pieds) et ses muscles. Ces mêmes mouvements permettent de réaliser différentes tâches au quotidien (marcher, danser, courir, attraper un stylo etc). La motricité fait donc partie intégrante du processus de développement de l'enfant. Au fur et à mesure qu'il grandit, il va développer ses compétences motrices et c'est en général dans les premières années de la vie d'un enfant que l'on peut détecter un éventuel trouble de motricité et le corriger avec un psychomotricien. Par ailleurs, il n'existe pas une motricité mais plusieurs motricités. "Notre motricité nous permet de communiquer, d'apprendre et de s'enrichir cognitivement mais aussi de s'exprimer affectivement et tout cela dans les deux sens. C'est autant pour donner que pour recevoir", nous explique Sandra Noel, psychomotricienne. Quels sont les différents types de motricité ? Réponses et conseils d'experte.

Qu'est-ce que la motricité globale ?

"La motricité globale correspond aux activités motrices générales, cela comprend notamment les grandes coordinations/dissociations entre le haut et le bas du corps mais aussi entre les 4 membres", détaille la spécialiste. "Cela nous permet de nous mouvoir en régulant posture et action, de favoriser les compétences de maitrise corporelle comme la gestion des équilibres. Mais c'est aussi des capacités intimement liées à l'activité cognitive avec le besoin conscient ou inconscient d'une planification et d'une programmation gestuelle, et à la rectification si besoin, qu'on appelle feedback", ajoute-t-elle.

Nos idées d'activités pour la motricité globale

Vous pouvez stimuler bébé, en l'incitant à se déplacer pour qu'il attrape des jouets, le coucher à plat ventre sur vous, le mettre en position ventrale (position cobra) par terre pour qu'il expérimente ses mouvements etc. Si l'enfant est un peu plus grand : lancer et attraper un ballon, parcours d'obstacles, corde à sauter etc peuvent être utiles.

Qu'est-ce que la motricité fine ?

"La motricité fine est dissociée de la motricité globale car elle entraine une posture générale plus stabilisée pour favoriser la motricité des membres supérieurs", définit l'experte. Dans la motricité fine, on retrouve de nombreux aspects : soit on se situe selon les différents types : préhension, coordinations bi-manuelles, prise d'outils, déliement digital etc. Soit on se situe en fonction des étapes : on retrouve d'abord la préhension, les coordinations similaires puis complémentaires qui permettent d'investir l'espace dans son ensemble, puis progressivement elle joue un rôle clef dans l'autonomie avec les praxies d'habillage puis dans les praxies d'apprentissages avec le dessin/le découpage.

Nos idées d'activités pour la motricité fine

Pour un bébé, des jouets à empiler, des balles à malaxer, des sachets sensoriels etc. Pour un enfant un peu plus grand, de la pâte à modeler, des Kapla, des jeux d'équilibre, coloriage et découpage. 

La motricité fine et le graphisme

"Le graphisme est une composante encore plus complexe que la motricité fine, on la dissocie souvent car ce sont vraiment des coordinations à part entière", rappelle Sandra Noel. On retrouve 3 niveaux dans ce domaine : la motricité, le perceptif (l'espace est un élément fondamental en psychomotricité, un corps se meut forcément dans un espace) et le représentatif. 

Nos idées d'activités pour le graphisme

Vous pouvez opter pour les bacs d'exploration, des pistes graphiques à reproduire à l'aide d'un crayon, le jeu des 7 erreurs, le jeu le Lynx etc.

Qu'est-ce que la motricité relationnelle ?

La motricité ne se limite pas aux activités purement motrices. D'un point de vue psycho-cognitivo-affectif, on retrouve la motricité relationnelle liée au dialogue infraverbal. "Ce sont par exemple les gestes symboliques mais aussi dès le plus jeune âge le dialogue tonico-émotionnel présent entre le nourrisson et ses parents. La motricité est aussi une source d'apprentissage avec l'imitation gestuelle qui joue un rôle très important dans le développement, notamment des fonctions cognitives", souligne la psychomotricienne. Notre motricité amène au fur et à mesure une meilleure représentation de notre corps ce qu'on appelle en psychomotricité le schéma corporel. Notre posture, nos gestes sont intimement liés à cette connaissance.

"La motricité est aussi une source d'apprentissage avec l'imitation gestuelle qui joue un rôle très important dans le développement".

Qu'est-ce que la motricité libre ou autonome ?

La motricité libre, ou motricité autonome, est un concept inventé par Emmi Pikler dans les années 60. Cette pédiatre hongroise est la première à avoir observé et théorisé le rôle primordial joué par l'activité spontanée dans le développement du bébé"C'est un concept clé pour le développement de l'enfant car cela consiste à créer un environnement favorable à l'enfant pour se développer sans avoir besoin de le solliciter passivement. C'est le rendre actif de son développement", détaille Sandra Noel.

La motricité libre est très à la mode depuis quelques années. Elle présente de nombreux avantages. "La motricité libre permet à l'enfant de ne pas passer d'étapes de développement. Elle valorise ses compétences et permet de construire chez lui une belle estime de soi et une confiance en lui. Cela crée aussi de la motivation chez l'enfant et de bonnes compétences exploratoires", ajoute Sandra Noel. Elle a également un intérêt pour les parents car, l'enfant gagnant en autonomie, elle permet d'éviter de tomber dans des dépendances inutiles où l'enfant sollicite en permanence son parent pour accomplir une action.

"La motricité libre valorise les compétences de l'enfant et permet de construire chez lui une belle estime de soi et une confiance en lui."

Quelles sont les activités motrices ?

Les activités motrices sont globalement des exercices axés sur les besoins de mouvement de l'enfant. Si ce dernier a pris de mauvaises habitudes au niveau de ses gestes ou de ses positions, le praticien va mettre en place un parcours ou une série d'exercices adaptés à l'enfant pour lui permettre de modifier ses habitudes et d'apprendre les bons gestes. 

Quel est le rôle du psychomotricien pour un enfant ?

"Chez l'enfant, on l'aidera dans son développement psychomoteur par des activités ludiques avec un climat thérapeutique contenant et valorisant. Pour les parents, nous sommes présents en guidance parentale pour les aider à aiguiser leur regard et les aider dans leur quotidien de parents par rapport aux fonctions psychomotrices de leur enfant", détaille la spécialiste.  

Cette dernière rappelle que la psychomotricité est au carrefour entre la motricité, l'affectivité et le cognitif. Le rôle du psychomotricien va ainsi de la prévention à la rééducation et concerne tous les domaines psychomoteurs : motricité globale, fine, graphisme, latéralité, schéma corporel, sensorialité, tonus, organisation spatio-temporelle, attention.

Merci à Sandra Noel, psychomotricienne à Clermont.
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