Epilation au rasoir : quels sont les risques ?

Par souci de praticité et de rapidité, de nombreuses femmes optent pour l'épilation au rasoir. Coupures, poils incarnés, boutons, infections... Quels sont les risques de ce type de rasage et comment les éviter ? Quelles précautions pour le maillot ? Conseils du Dr Isabelle Rousseaux, dermatologue et vénérologue.

Epilation au rasoir : quels sont les risques ?
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Pratique, rapide, peu coûteuse... Nombreuses sont les femmes qui optent pour l'épilation à la maison. Crème dépilatoire, cire, rasoir électrique ou manuel... Les techniques sont variées. Mais quels sont les risques d'une épilation au rasoir ? Comment éviter les coupures, les irritations, les boutons ou les poils incarnés ? Conseils du Dr Isabelle Rousseaux, dermatologue esthétique et laser et vénérologue à Lille. 

Epilation au rasoir : 4 risques chez la femme

1. Un risque de coupures et micro-blessures 

"Le rasoir est un outil muni de lames, et comme avec tout objet tranchant, il y a un risque de blessures : coupures ou lésions de la peau. Et plus la zone est étendue ou fragile, plus le risque de coupure est grand, surtout quand on veut aller trop vite et qu'on ne fait pas très attention", indique le Dr Rousseaux. Ces petites coupures sont mineures, sans gravité et cicatrisent très vite si elles sont immédiatement désinfectées avec de l'eau et du savon. Pour arrêter un saignement, vous pouvez mettre un disque de coton ou un morceau de compresse de gaz sur la plaie préalablement désinfectée, appuyer quelques secondes et mettre un pansement propre si la coupure saigne encore un peu. 

• Deux zones à risque de coupure : les demi-jambes, surtout au niveau de la cheville et du genou qui présentent des petites protubérances osseuses, et le maillot, une zone où il y a des plis et où la peau est extrêmement fine.

2. Un risque d'infection

"Il y a un risque d'infection si la lésion ou la coupure n'est pas immédiatement désinfectée. Mais le risque d'infection est quand même faible car en général, quand on se rase, on se douche ensuite avec un savon qui va désinfecte la zone lésée. Maintenant, si on se rase en vitesse sans prendre temps de se laver, la zone peut s'infecter et des microbes peuvent proliférer au niveau de la plaie", signale-t-elle.

• Attention à l'épilation intégrale du maillot "qui va détruire les glandes sébacées au niveau de la zone pubienne. Ces glandes sébacées sont rattachées au poil et sécrètent un film hydrolipidique, qui fait office de barrière de protection contre les bactéries et les infections. Donc si vous enlevez tous les poils, il y a un risque de sécheresse mais également un risque d'infection", informe la dermatologue. 

3. Un risque de poils incarnés et de boutons

Les poils incarnés peuvent être favorisés par le rasage ou tout autre technique qui arrache le poil (cire, épilateur électrique, pince à épiler). "En général, un poil normal pousse de manière perpendiculaire à la peau, tandis que le poil incarné pousse de façon horizontale et ne peut pas percer le derme. Cela se produit si la peau est trop épaisse (une peau avec une couche cornée épaisse) ou si elle a repoussé par-dessus le poil. Un rasage dans le sens inverse de la pousse du poil risque de "dégoupiller" la tête du poil et de faire un poil incarné", prévient la dermatologue. Un poil incarné mal pris en charge peut gonfler, rougir, s'infecter et entraîner la formation d'un bouton, avec du pus à l'intérieur. 

• Les zones privilégiées des poils incarnés sont les demi-jambes et le maillot chez la femme, le visage et le cou chez l'homme. 

• Le meilleur traitement contre le poil incarné est l'épilation au laser : "le faisceau laser traverse l'épiderme et va le détruire sans blessure, détaille notre interlocutrice. En revanche, si on ne veut/peut pas faire d'épilation laser (poils trop clairs, peaux trop bronzées), on conseille de ne pas toucher aux poils incarnés, mais uniquement d'appliquer une crème émolliente et de réaliser un gommage pour dégoupiller la tête du poil, puis de les laisser partir avec le temps. S'il y a une rougeur ou une petite pustule, on peut éventuellement la percer très délicatement avec une aiguille stérilisée et bien désinfecter la zone ensuite. Mais ce geste nécessite de l'expérience, il n'est pas à la portée de tout le monde !" Si vous avez une tendance à faire des poils incarnés de manière récurrente, parlez-en à votre dermatologue qui envisagera un traitement adapté. 

4. Un risque d'assèchement de la peau

"L'épiderme est recouvert d'un film hydrolipidique qui protège la peau. Si on utilise un gel moussant ou un savon sur-gras, l'épilation au rasage n'assèche en principe pas la peau. En revanche, un rasage à sec (sans eau, ni savon ni mousse) peut provoquer une irritation de la peau et détruire à terme la barrière protectrice de l'épiderme", alerte le Dr Rousseaux. 

8 conseils pour éviter les risques

  • Changez la tête de son rasoir régulièrement, en moyenne au bout de 5 à 10 utilisations. Au bout d'un moment, les lames du rasoir sont pleines de peaux mortes, de poils coincés, de savon séché ou de mousse qui sont propices à la prolifération de bactéries.
  • Utilisez un gel, une mousse à raser ou un savon sur-gras pour protéger la peau lors du rasage et bannissez le rasage à sec qui favorise les irritations de la peau et les risques de coupure. 
  • Désinfectez bien la zone rasée avec du savon après le rasage et appliquez-y une crème hydratante ou un gel hydratant. 
  • Rasez dans le sens de la pousse du poil (pour les demi-jambes par exemple, on rase du genou vers la cheville) pour éviter les irritations et la formation de poils incarnés.
  • Faites un gommage 48 heures après l'épilation. "Faire un gommage immédiatement après le rasage risque d'irriter la peau pouvant être légèrement enflammée par le passage des lames. Après un gommage, on applique toujours une crème hydratante pour renforcer la barrière protectrice de la peau", conseille notre interlocutrice. 
  • Soyez particulièrement vigilante à la zone du maillot qui comporte des plis et des zones difficiles d'accès.
  • Concernant la fréquence du rasage, "il n'y a pas de risque particulier à se raser tous les jours ou tous les deux jours, à partir du moment où on fait bien attention à ne pas se couper, qu'on utilise un savon pendant et après le rasage et qu'on hydrate bien sa peau ensuite", rassure la spécialiste.
  • Pensez aux alternatives au rasoir, comme l'épilation à la cire, à la crème dépilatoire ou au laser par exemple.

Merci au Dr Isabelle Rousseaux, dermatologue esthétique et laser, et vénérologue à Lille.