Cristaux d'oxalate de calcium (hypercalciurie) : quels signes ?

Cristaux d'oxalate de calcium (hypercalciurie) : quels signes ?

Les cristaux d'oxalate de calcium sont responsables de la majorité des calculs rénaux. On les retrouve dans les urines. Quels sont les symptômes ? La cause et les traitements ? Quelle eau boire ?

Définition : qu'est-ce l'oxalate de calcium ?

Dérivé de l'acide oxalique, l'oxalate de calcium correspond à un cristal ionique qui intervient dans près de 80% de la composition des calculs rénaux. "Il y a des cristaux d'oxalate de calcium et il y a des calculs. Les cristaux sont des dépôts dans les urines. Si ces cristaux s'agrègent cela donne des calculs. Les calculs d'oxalate de calcium sont les calculs les plus fréquents en France", indique le Dr Nadia Abid, urologue au CHU de Lyon et membre du comité de lithiase de l'Association Française d'Urologie (AFU). Il existe plusieurs types d'oxalate de calcium :

  • l'oxalate de calcium mono-hydraté, responsable de 55% des calculs en France
  • et l'oxalate de calcium dihydraté de 20% des calculs en France
  • Il existe aussi des formes mixtes de calculs qui combinent ces deux types d'oxalate de calcium

Quels sont les symptômes des calculs rénaux ?

"Les calculs localisés dans le fond des calices du rein n'entraînent pas de symptômes. Les calculs entraînent une douleur importante lorsqu'ils se coincent dans l'uretère. Les urines n'arrivent alors plus à s'écouler, le rein se dilate. C'est la colique néphrétique. Lorsque le calcul passe sans se bloquer la personne ne s'en rend pas forcément compte" décrit la spécialiste. La douleur violente de la colique néphrétique s'accompagne souvent de nausées et de vomissements, de pâleur et de sueurs.

Causes de la présence de cristaux d'oxalate dans les urines

"L'oxalate de calcium mono-hydraté dépend des oxalates. Le plus souvent, la présence d'oxalate dans les urines avec des cristaux d'oxalate de calcium est due à un défaut d'hydratation (moins de 2l d'eau par jour). Les urines sont trop concentrées. De façon moins fréquente, la présence de cristaux d'oxalate de calcium s'explique par un apport diététique trop important en oxalates : très forte consommation de chocolat, cacahuètes, blettes, oseille...", précise le Dr Nadia Abid. Plus rarement, une pathologie génétique est à l'origine de ces cristaux : l'hyperoxalurie primaire. Cette pathologie n'est pas fréquente mais il ne faut pas passer à côté car à long terme cela peut détruire les reins. "Les cristaux d'oxalate de calcium di-hydraté sont eux calcium-dépendants : ils sont liés à la présence trop importante de calcium dans les urines. Cela peut être dû tout simplement au fait de ne pas boire suffisamment mais aussi à des pathologies métaboliques comme une hyperparathyroïdie", développe notre interlocutrice.

Quelles sont les personnes à risque ?

Les personnes à risque sont celles qui ont déjà fait des calculs. C'est pourquoi il faut analyser le calcul. Souvent, la personne fait le même type de calcul, le calcul d'oxalate de calcium étant le plus fréquent.

Qui et quand consulter ?

"Que les calculs aient été vus lors d'un scanner réalisé pour une autre pathologie ou que la personne ait fait une crise de colique néphrétique, il est important de faire un bilan urinaire pour voir les calculs avec un urologue. Un bilan après une crise de colique néphrétique permet de voir si la personne a des facteurs de risque de récidive et de lui donner des conseils diététiques", explique notre urologue. Et de rappeler que "50% des personnes ayant fait une crise de colique néphrétique vont en refaire une dans les 5 ans si elles ont des calculs. Et, de temps en temps, lorsqu'un calcul est présent de façon chronique il peut grossir et bloquer le rein, ce qui peut le détruire. " Ce bilan se fait à distance d'une crise, au moins 2 mois après."

Diagnostic et examens

Les cristaux d'oxalate de calcium se dépistent sur des urines fraîches (immédiatement après la miction). "La présence de cristaux d'oxalate de calcium avec un examen cytobactériologique des urines (ECBU) n'a aucune valeur car le plus souvent ce sont des dépôts qui se forment dans le tube" précise le Dr Nadia Abid. Les calculs rénaux peuvent être détectés avec une radiographie ou un scanner. "Le scanner permet de voir tous les calculs rénaux. Les calculs expulsés doivent être analysés au microscope. Le bilan réalisé dépend du type de calculs urinaires" poursuit-elle. Si vous récupérez un calcul dans vos urines, même si vous l'avez expulsé il y a plusieurs mois, voire plusieurs années, emmenez-le à votre urologue pour analyse. Une analyse d'urines des 24h fait partie du bilan à faire à distance dès le premier épisode de calcul.

Quels sont les traitements ?

"Quand les calculs font moins de 6mm, le traitement consiste essentiellement en la prise d'anti-inflammatoires. Lorsqu'un calcul est bloqué, il y a une réaction inflammatoire avec un bourrelet d'œdème au niveau de l'uretère. Ouvrir l'uretère permet l'évacuation du calcul" informe le Dr Nadia Abid. Des antalgiques y ont associés ainsi qu'une restriction hydrique au moment des douleurs (pour diminuer l'hyperpression dans le rein, la dilatation rénale). On recommencera les boissons abondantes dès qu'il n'y aura plus de douleur, pour faciliter l'élimination des calculs.

→ Lorsque les calculs rénaux font plus de 6mm, il existe deux possibilités de traitement :

  • La lithotritie extracorporelle est un traitement par onde de choc qui permet de fragmenter le calcul. Cette technique très peu invasive fonctionne lorsque le calcul bloqué dans l'uretère a été repéré avec une radiographie,
  • L'urétérorénoscopie permet de casser le calcul avec un laser et d'en récupérer les fragments avec une pince en passant par les voies naturelles. "Ce traitement peut être fait dans le rein si les calculs ne sont pas trop gros. S'ils font plus de 2cm, il faut employer une autre technique" explique le Dr Nadia Abid. Une néphrolithotomie percutanée permet de traiter les gros calculs situés dans les cavités rénales.

Quelle eau boire en cas de calculs rénaux ?

Le choix de l'eau dépend du type de calculs. "Les calculs d'oxalate de calcium ne sont pas PH-dépendants. Il n'est donc pas nécessaire de choisir une eau qui alcalinise ou qui acidifie. L'essentiel est de boire 2l d'eau par jour pour uriner 2l d'urine. Et cela peut tout à fait être de l'eau du robinet !" informe le Dr Nadia Abid. Mais comment contrôler que l'hydratation est suffisante ? Les urines doivent être toujours limpides. 

→ Quelle eau choisir ? "Les personnes ne consommant pas de produits laitiers peuvent boire des eaux riches en calcium de type Hépar© ou Contrex©. Un manque de calcium peut en effet favoriser les calculs d'oxalate de calcium, l'oxalate étant ré-absorbé au niveau du côlon et éliminé dans les urines s'il n,'est pas combiné au calcium. Les eaux de type Vichy Saint Yorre© ou Célestin© sont conseillée en cas de calculs d'acide urique. Cela permet de dissoudre les calculs car les urines sont alcalinisées", conseille le Dr Nadia Abid. D'où l'importance d'avoir l'analyse du calcul pour choisir son eau.

Quels aliments éviter ?

  • Le chocolat et les arachides, des aliments riches en oxalates.
  • Les aliments riches en vitamine C et en gélatine.

Plus on mange de protéines plus on a de calcium dans les urines.

  • Le sel : "les personnes ayant une hyper-calciurie doivent faire attention à leur consommation de sel car il existe des co-transporteurs sel-calcium. Ces personnes doivent aussi faire attention à la consommation de protéines car plus on mange de protéines plus on a de calcium dans les urines. Il ne faut pas consommer plus d'1g par kilo et par jour de protéines et pas plus de 9g de sel par jour. Si on a une hyper-calciurie, il est important de vérifier que l'on ne mange pas trop salé ou pas trop de protéines. Cela se voit dans le bilan des urines des 24hEn revanche, il est important de consommer du calcium pour éviter que les oxalates ne soient traités dans les urines. Il en faut 800mg à 1g par jour" recommande l'urologue et de rappeler que "l'essentiel est donc d'avoir une alimentation équilibrée"

Merci au Dr Nadia Abid, urologue au CHU de Lyon et membre du comité de lithiase de l'Association Française d'Urologie (AFU).