Clinophilie : définition, origine, comment sortir de son lit ?

La clinophilie désigne le fait de toujours vouloir rester dans son lit ou ne plus vouloir sortir de chez soi. S'il ne s'agit pas d'une maladie, elle est le symptôme de pathologies psychiatriques. Quelle en est l'origine ? Qui est concerné ? Quel est le traitement possible ? Les réponses du Dr. Patrick Lemoine, psychiatre.

Clinophilie : définition, origine, comment sortir de son lit ?
© Maridav - stock.adobe.com

Définition : qu'est ce que la clinophilie ?

"Etymologiquement, clinophilie signifie "amour du lit". Il désigne le fait de rester dans son lit et, par extension, ne plus vouloir ou pouvoir sortir de chez soi, même pour vaquer à des activités comme aller travailler, faire des courses…", précise le Dr. Patrick Lemoine, psychiatre. Peu à peu, la personne s'isole totalement. La clinophilie n'est pas une pathologie, mais elle est le plus souvent le symptôme de maladies psychiatriques. 

Quelle est la différence entre la clinophilie et la clinomanie ?

"La clinomanie désignerait un comportement plus volontaire, alors que la clinophilie est plus subie", indique le Dr. Lemoine.

Cause : quelle est l'origine de la clinophilie ?

"Elle peut se manifester en cas de divers pathologies psychiatriques comme la dépression sévère, les psychoses telles que la schizophrénie et la psychose paranoïaque, ainsi que certains troubles anxieux", explique l'expert. Par exemple, les personnes agoraphobes n'oseront plus sortir de chez elles en raison de leur phobie.

La clinophilie est elle un signe de dépression ?

Cette réaction est le plus souvent liée à une dépression sévère comme la mélancolie. "Elle en constitue même un des symptômes majeurs", ajoute le psychiatre. "Certaines personnes (et leur entourage) vont même jusqu'à être persuadées qu'elles dorment profondément alors qu'elles sont éveillées mais ne perçoivent pas leur éveil. Elle doit être distinguée de la fatigue ou de l'aboulie/apragmatisme".

Quels sont les symptômes de la clinophilile ?

La personne clinophile est allongée dans son lit une bonne partie de la journée. Elle est éveillée mais elle ne fait rien : pas de lecture, pas de télé, pas de téléphone…  

Quelles sont les personnes les plus à risque ?

"La clinophilie concerne en règle les schizophrènes et les mélancoliques. Si ce comportement apparaît, que la personne commence à annuler ses activités ou à s'isoler de ses proches et à rester au lit, c'est un symptôme grave à prendre en compte dans tous les cas", recommande le Dr. Lemoine.

Comment pose-t-on le diagnostic ?

Commencer par consulter le médecin traitant. Celui-ci pourra orienter vers un spécialiste comme un psychiatre. Grâce à un simple interrogatoire, celui-ci pourra déterminer le problème, dès lors que le patient évoque son manque d'envie de sortir de chez lui et sa propension à rester chez lui, voire même dans son lit. Seulement, n'étant pas une maladie à part entière, elle doit être considérée comme un élément parmi d'autres symptômes afin de déterminer la maladie sous jacente.  

Traitement : comment sortir de la clinophilie ?

Le traitement sera choisi en fonction du trouble à l'origine de la clinophilie. Ce pourra être des antidépresseurs en cas de dépression, d'antipsychotiques en cas de troubles psychotiques, d'anxiolytique en cas de troubles anxieux… "En parallèle, le suivi de séances de thérapies comportementales et cognitives sera un plus une fois levée cette inhibition majeure. Elles permettront d'aider le patient à prendre conscience de sa situation et de trouver les moyens de s'en défaire" précise l'expert.

Merci au Dr. Patrick Lemoine, psychiatre.