Maladie ou individu asymptomatique : c'est quoi ?

Maladie ou individu asymptomatique : c'est quoi ?

Qu'est-ce qu'une maladie asymptomatique ? Quand peut-on dire d'un individu qu'il est asymptomatique ? Comment établir un diagnostic lorsqu'on ne présente pas de symptômes ? Le point avec le Dr Laurence Legout, médecin interniste infectiologue à la Clinique des vergers, Meyrin, en Suisse.

Que veut dire asymptomatique ?

Le terme asymptomatique s'oppose au terme symptomatique et s'utilise en cas d'absence de symptôme. On dit d'une pathologie qu'elle est asymptomatique lorsque le patient ne présente aucune manifestation clinique, lorsqu'une simple observation ne permet pas de déceler un symptôme caractéristique de cette pathologie. "Beaucoup de personnes y compris les médecins confondent avec le terme ''porteur sain'' explique le Dr Legout, "Le porteur sain est porteur d'une anomalie dans son système sans être malade alors que le patient asymptomatique est malade mais il ne présente pas de symptôme".  Exemple d'actualité : un patient infecté par le Covid 19 mais ne présentant aucun symptôme est un patient asymptomatique, non un porteur sain. 

Exemples de maladies asymptomatiques

En médecine générale, nombreuses sont les maladies asymptomatiques qui sont détectées uniquement par la mesure d'un paramètre alors que l'examen clinique du patient ne détecte aucun symptôme. "C'est notamment le cas du diabète, de l'hypertension artérielle, de certaines maladies rénales, d'une maladie coronarienne et d'une manière générale, mais aussi de toute maladie infectieuse en phase d'incubation." précise l'interniste-infectiologue. Il y a donc d'une part les maladies qui ne provoquent pas de symptômes visibles, et d'autre part, par exemple, les maladies infectieuses pendant la phase d'incubation. Qu'est-ce que la phase d'incubation ? "C'est la période entre le contact avec l'agent infectieux et la déclaration des premiers symptômes de la maladie." précise l'interniste-infectiologue. Par exemple, les infections sexuellement transmissibles comme le VIH, les hépatites, la syphilis, le gonocoque, la chlamydia, le papillomavirus, enfin les maladies virales que l'on voit généralement dans la petite enfance, comme la varicelle, ont toutes une phase d'incubation pendant laquelle l'individu est asymptomatique. Il est capable de transmettre l'agent infectieux. Pour résumer, lorsqu'un agent infectieux survient dans l'organisme, celui-ci met en œuvre tous les moyens biologiques et métaboliques pour empêcher l'apparition de la maladie : "soit il arrive à combattre l'anomalie et c'est la guérison, il n'y arrive pas et la maladie se déclare avec l'apparition des symptômes." décrit le Dr Legout.

Conséquences et risques

Comme l'explique l'interniste-infectiologue, les conséquences d'une maladie asymptomatique peuvent être à l'échelon individuel ou collectif allant parfois poser un problème de santé publique important comme nous avons pu le voir dans le cadre de la pandémie du COVID-19. Cela dépend de la cause. Par exemple :

  • S'il s'agit d'une anomalie métabolique comme le diabète ou l'hypertension artérielle : les conséquences sont à l'échelon individuel. S'il s'agit d'une augmentation de la pression artérielle, la paroi des artères va progressivement se durcir et de l'artériosclérose apparait. Le cœur va devoir adapter son activité en se contractant plus fortement et plus vite pour chasser le sang dans l'aorte. En l'absence de traitement, l'évolution se fait progressivement vers une insuffisance cardiaque. L'artériosclérose est responsable d'obstruction des vaisseaux à l'origine de conséquences graves comme l'infarctus, l'accident vasculaire cérébral, l'hémorragie cérébrale, l'insuffisance rénale. 
  • S'il s'agit d'un agent infectieux, les conséquences sont aussi à l'échelon individuel mais, elles peuvent être sanitaires en fonction de l'agent. Effectivement, durant l'incubation ou la phase asymptomatique, le patient est contagieux et peut donc transmettre l'agent infectieux à une ou plusieurs personnes. "La progression de la transmission dépend de la contagiosité de l'agent infectieux, des mesures d'hygiène et des contacts sociaux " explique le Dr Legout. Si cette progression est importante, elle peut être à l'origine d'épidémie voire même de pandémie comme on peut le voir avec l'infection par le COVID-19 ou la rougeole. "Pour la rougeole, les chiffres sont bien connus puisqu'on considère qu'un individu infecté peut contaminer entre 15 et 20 personnes". 

En maladies infectieuses, le risque de développer une maladie asymptomatique est difficile à évaluer : "il dépend beaucoup de la condition physique et immunitaire de l'individu. L'évaluation du risque de transmission dépend de la méthodologie des études épidémiologiques" précise l'interniste-infectiologue.

Comment se fait le diagnostic d'une maladie asymptomatique ?

La recherche d'une maladie asymptomatique est généralement guidée par ce qu'on appelle l'anamnèse du patient (son histoire de vie, ses antécédents) et par l'examen clinique. Il arrive que la maladie asymptomatique soit découverte de façon fortuite lors d'un check up : "par exemple, Le diabète de type 2 peut être détecté uniquement sur la mesure du taux de sucre dans le sang, l'hypertension artérielle non compliquée détectée uniquement par la prise de la pression artérielle, une maladie coronarienne détectée a l'occasion d'une anomalie du bilan lipidique alors que le patient ne souffre d'aucun symptôme cardiaque."  En maladies infectieuses, les infections sexuellement transmissibles peuvent être détectées par un simple bilan sanguin (sérologie VIH, hépatites, syphilis) ou par un prélèvement d'urines ou encore par un prélèvement urétral, anal ou cervico-vaginal pour la chlamydia, le gonocoque, le papillomavirus. Pour le Covid-19, il existe des tests diagnostiques par PCR que l'on effectue sur des prélèvements nasopharyngés, ou respiratoires qui permettent de savoir s'il existe une infection aiguë. Il existe également des tests sérologiques pour le Covid-19 qui détecte la présence d'anticorps environ 2 à 3 semaines après le contact initial avec le virus.

Merci au Dr Laurence Legout, médecin interniste infectiologue à la Clinique des vergers, Meyrin, en Suisse.