Flore polymorphe : que signifie sa présence ?

Flore polymorphe : que signifie sa présence ?

L'ensemble des micro-organismes qui colonisent notre corps s'appelle la flore microbienne ou le microbiote. Elle est par définition polymorphe car la variété des espèces qu'il contient est très importante.

La présence d'une flore polymorphe dans un fluide biologique analysé (urine, selles, frottis vaginal...) correspond à la présence de plusieurs bactéries. Ces bactéries sont-elles pathogènes ? Responsables de maladies ? 

Quelle est la définition d'une flore polymorphe ?

On parle de flore polymorphe dès lors qu'un examen révèle la présence de plusieurs bactéries dans un fluide biologique analysé. "Que ce soit la peau, la sphère ORL (nez, gorge, bouche), le tube digestif ou encore le vagin, tous contiennent des bactéries, virus et champignons constituant le microbiote ou flore microbienne, explique le Dr Jean-Charles Gagnard, médecin infectiologue à Antony. Ces bactéries, virus et champignons ne sont pas pathogènes (pas responsable de maladie) mais sont commensales et saprophytes, nécessaires au bon fonctionnement de l'organisme." Une flore polymorphe détectée lors d'un examen est généralement normale et signe de bonne santé. En cas d'infection, c'est une bactérie qui va ressortir à l'examen, et non pas une grande variété de bactéries. Dans les milieux habituellement stériles, comme dans les urines, la présence d'une flore polymorphe traduit généralement une contamination du prélèvement avec des bactéries extérieures. Cela nécessite de refaire un prélèvement plus soigné.

Dans quels examens peut-on retrouver des flores polymorphes ?

Plusieurs examens permettent de mesurer les flores microbiennes de notre organisme.

  • Le prélèvement de selle, ou coproculture, qui analyse la flore digestive,
  • L'ECBU (examen cytobactériologique des urines) pour détecter principalement une infection urinaire
  • Le frottis vaginal qui vérifie que la flore vaginale est équilibrée
  • Le frottis cutané

Que signifie la présence d'une flore polymorphe dans les urines ?

L'ECBU est un examen très fréquemment prescrit car il permet de diagnostiquer les infections urinaires. Pour avoir des résultats fiables, les urines doivent être recueillies dans de parfaites conditions d'hygiène, après une toilette intime et sur un deuxième jet d'urine. "Les urines étant habituellement stériles, la présence d'une flore polymorphe, correspond le plus souvent à un mauvais recueil des urines. En cas de leucocyturie significative et de symptômes urinaires associés il est nécessaire de refaire un ECBU" précise le Dr Gragnard. 

Que signifie sa présence dans les selles ?

L'intestin est sans conteste l'organe de notre corps le plus colonisé par les bactéries puisqu'il en contient près de 2 kilos soit quelques 100 milliards de bactéries, qui constituent ce que l'on appelle le microbiote intestinal. "Il y a un équilibre entre cette flore et le système immunitaire, un dialogue actif permettant le maintien du bon fonctionnement de l'organisme, précise le spécialiste, chez l'animal, en l'absence de flore microbienne, il a été mis en évidence des troubles du développement autant immunitaire que neurologique…" D'ailleurs, lors d'un traitement antibiotique, cette flore intestinale bénéfique est altérée en même temps que les mauvaises bactéries, avec à la clé de possibles inconforts digestifs ou des mycoses.

Que signifie la présence d'une flore polymorphe sur la langue ou dans la bouche ?

La cavité buccale est bien loin d'être stérile et contient même une flore très abondante avec une quantité importantes de germes différents. La présence d'une flore polymorphe dans la bouche est donc normale et non pathogène. "Lorsque la bouche est le siège d'une pathologie infectieuse, il faut effectuer un prélèvement de la zone infectée uniquement, en tachant de ne pas le contaminer avec la flore microbienne buccale. Le risque étant alors de ne pas pouvoir identifier la bactérie responsable de l'infection, comme par exemple lors d'un prélèvement pour une angine", conclut le Dr Gagnard.

Merci au Dr Jean-Charles Gagnard, médecin infectiologue à Antony.