Trachéotomie : cancer, risques, pourquoi, peut-on parler ?

La trachéotomie est une opération qui consiste à ouvrir au niveau de la trachée afin de faciliter le passage de l'air dans les poumons. Quelles sont ses indications ? Les conséquences ? Quels risques ?

Trachéotomie : cancer, risques, pourquoi, peut-on parler ?
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Quelle est la définition d'une trachéotomie ?

La trachéotomie est une intervention chirurgicale qui consiste à effectuer une ouverture au niveau de la base du cou pour y insérer une prothèse, généralement en plastique, dans la trachée. L'introduction de cette petite canule permet d'assurer la liberté des voies aériennes supérieures, en particulier au cours des pathologies qui réalisent un obstacle au niveau des voies aériennes supérieures (plan glottique en particulier). Autrement dit, la trachéotomie est un dispositif médical qui permet d'assurer la liberté et de donner accès aux voies aériennes inférieures. Elle peut être permanente ou temporaire.

Quelles sont les indications d'une trachéotomie ? 

"La trachéotomie a pour objectif de dériver les voies aériennes supérieures afin de permettre le passage de l'air dans les poumons sans passer par le nez ni la bouche", explique le Dr Maxens Decavèle. Ses principales indications sont : 

► La volonté de contourner un obstacle qui serait situé au-dessus des cordes vocales. "Les obstacles les plus connus sont les cancers ORL (cordes vocales, plan glottique, pharynx, bouche, langue, toutes les pathologies aérodigestives qui seraient situées au-dessus du plan glottique. Il arrive que ces pathologies compromettent la respiration et soient responsables d'insuffisance respiratoire aiguë haute (insuffisance respiratoire obstructive). La trachéotomie va permettre de rétablir la respiration en court-circuitant cet obstacle", développe le médecin réanimateur. 

► Permettre d'accéder aux voies aériennes inférieures de façon très pratique et d'aspirer les patients dont les capacités de mobilisation des sécrétions bronchiques, pulmonaires et distales sont drastiquement réduites. "C'est notamment le cas dans les maladies neuromusculaires dans lesquelles la force de la toux est plus faible. La trachéotomie favorise la gestion des sécrétions broncho-pulmonaires des patients", détaille le spécialiste. 

► Au sein du service de réanimation, la trachéotomie intervient dans le cadre de sevrages ventilatoires compliqués, c'est-à-dire lors d'un échec de séparation du ventilateur artificiel. "On parle de sevrage ventilatoire compliqué ou prolongé au bout de 7 jours d'essai de séparation du ventilateur", précise le Dr Maxens Decavèle. 

Comment fait-on une trachéotomie ?

On distingue deux types de trachéotomies :

La trachéotomie chirurgicale : l'intervention dure quelques minutes et se déroule sous anesthésie générale. Le chirurgien (généralement ORL ou maxillo-facial) réalise une incision au niveau de la peau et de la trachée à la base du cou, puis y insère une petite canule. 

La trachéotomie percutanée : la trachéotomie peut aussi être réalisée par voie percutanée sous anesthésie générale par les médecins réanimateurs.

Quels sont les risques d'une trachéotomie ?

Plusieurs complications peuvent survenir dans le cadre une trachéotomie chirurgicale ou percutanée : 

Un risque hémorragique, provoqué par des lésions vasculaires ;

► Une fracture des anneaux trachéaux parce que la trachée est un organe très cartilagineux ;

Des irritations au niveau de la muqueuse de la trachée liées au fait d'avoir un corps étranger dans la trachée au long cours. "Parfois, ces irritations peuvent entraîner des réactions cicatricielles aberrantes qu'on appelle des granulomes. Ces derniers peuvent évoluer vers des sténoses : le tissu se rétrécit, à tel point qu'il peut être difficile d'enlever la trachéotomie puisque toutes les voies aériennes deviennent alors encore plus rétrécies", indique le spécialiste. 

Des infections pulmonaires liées au fait que la trachéotomie favorise la stagnation de la salive au-dessus. 

Peut-on parler après une trachéotomie ?

"Une trachéotomie n'empêche pas de parler. Au contraire, elle permet aux patients de réanimation rattachés au ventilateur artificiel par une sonde d'intubation de retrouver la parole. Néanmoins, il est nécessaire de dégonfler le bâtonnet de trachéotomie et de positionner à l'extrémité de la canule soit une valve phonatoire, soit un bouchon. Les patients peuvent aussi recommencer à sentir les odeurs, à déglutir", développe le Dr Maxens Decavèle. Le recours à la trachéotomie permet aussi une très nette amélioration du confort des patients en échec de servage ventilatoire ou en situation de sevrage ventilatoire prolongé, sans pour autant que l'effet sur la durée de ventilation artificielle n'en soit significativement réduite.

Comment vit-on après une trachéotomie ?

Il existe différents modèles plus ou moins adaptés à la vie de tous les jours. Le plus souvent, la trachéotomie est temporaire, elle vise à améliorer le confort et à faciliter le processus de sevrage respiratoire en réanimation.  La trachéotomie peut être envisagée de manière définitive en cas d'insuffisance ventilatoire nécessitant une assistance ventilatoire longue durée : insuffisance diaphragmatique, tétraplégie haute, myopathies ou autres maladies neuromusculaires touchant  la fonction de ventilation. Un suivi régulier est indispensable, théoriquement la trachéotomie doit être changée tous les 30 jours (dispositif médical)", poursuit le spécialiste. 

Quelle différence entre une trachéotomie et une trachéostomie ?

La trachéotomie consiste à réaliser une incision au niveau de la trachée et à y insérer une canule pour court-circuiter les voies aériennes supérieures. Ce dispositif peut être retiré. À contrario, la trachéostomie désigne un abouchement définitif de la trachée à la peau. 

Merci au Dr Maxens DECAVELE, médecin réanimateur à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière