Qu'est-ce qu'une mastose mammaire ?

Qu'est-ce qu'une mastose mammaire ?

Seins fibreux, granuleux, douloureux avant et pendant les règles... Une mastose caractérise un type de sein dist "dystrophiques" dont le tissu est plus dense. Il peut parfois être associé à des kystes et a un risque un peu plus élevé de cancer particulièrement en cas de mastose proliférante.

Définition

"La mastose mammaire est un type de sein : on naît avec ou pas. On appelle ça des seins dystrophiques", explique le docteur Brigitte Letombe, gynécologue. "Quand on a ce type de sein, des symptômes peuvent apparaître lors de variations ou de déséquilibre hormonale : cela peut aller des tensions mammaires aux douleurs mammaires et aux kystes", détaille le docteur. Ce type de sein, beaucoup plus dense, aura des cellules mammaires qui se développent plus facilement. Il en existe deux types : non proliférante (le plus fréquent) et proliférante. Le premier cas est généralement bénin. "Les proliférantes seront plus à risque de cancer. Les gynécologues et les médecins vont donc les surveiller davantage", ajoute le docteur Letombe. En effet, le risque de cancer augmente légèrement.

Distinguer mastose et mastodynie

Attention, il ne faut pas confondre mastose et mastodynie : la mastodynie désigne simplement une douleur au niveau des seins. Cela peut arriver au début des règles par exemple, sans qu'il y ait de la mastose.

Symptômes

La présence d'une mastose se traduit par des seins à texture granuleuse, des zones compactes et une hypersensibilité aux cycles hormonaux. "Quand on a de la mastose, donc des seins plus parlant, on aura plus facilement des douleurs dans les seins lors de l'ovulation ou au début des règles, voire, pour certaines, dès l'ovulation et jusqu'à la fin du cycle", confirme le docteur Letombe. De plus, "chez les femmes qui ont de la mastose proliférante, on peut trouver des petits kystes qui évoluent avec le temps et disparaissent tous seul en fonction de l'imprégnation hormonale. D'autres femmes peuvent avoir des petits nodules solides, qui s'appellent des fibroadénomes", ajoute notre interlocutrice.

"En général les kystes disparaissent après la ménopause"

Causes

Les seins qui ont de la mastose sont plus sensibles aux déséquilibres hormonaux, c'est-à-dire lorsque le taux d'œstrogènes est supérieur à celui de la progestérone. "Ces déséquilibres peuvent se produire au moment de l'ovulation (puisqu'il y a un pic d'œstrogènes), et perdurer jusqu'au début des règles", explique la gynécologue.

Mastose et ménopause

Avant la ménopause, les symptômes peuvent augmenter : à cette période, le taux de progestérone diminue avant le taux d'œstrogènes. Mais dès que la ménopause se fait, alors les symptômes ne seront plus parlant : "En général, les kystes disparaissent après la ménopause", confirme le docteur Brigitte Letombe. En effet, en l'absence de cycles, le sein ne reçoit plus d'hormones. Néanmoins, en cas de traitement hormonal substitutif lors de la ménopause, il faut être prudent : "Si une femme ménopausée a des bouffées de chaleur, et désire un traitement contre cela, on fera alors attention à ne pas la mettre en hyperœstrogènie. C'est-à-dire qu'il ne faudra pas donner des doses trop importantes, et lui prescrire également un progestatif. Mais ça n'empêche pas l'utilisation d'un traitement."

Mastose et Grossesse

La grossesse est un bouleversement hormonal, qui peut être le déclencheur de symptômes si la femme a de la mastose mammaire. Dans les 3 premiers mois, et après l'accouchement, le risque de développer des symptômes comme des douleurs mammaires est plus important. "Le début de grossesse entraînant une inondation hormonale, chez certaines femmes, le premier signe de grossesse est en effet des grosses douleurs aux seins, confirme la gynécologue. Mais ce n'est pas forcément de la mastose."

"Si une femme sent quelque chose, elle ne doit pas s'affoler"

Mastose et Allaitement 

L'allaitement n’entraîne pas des symptômes quand il y a une mastose : "Un sein mastosique fonctionne aussi bien qu'un sein normal. De plus, l'allaitement est une très bonne chose pour les seins, déclare le docteur Letombe. Bien sûr, toutes les femmes ne peuvent pas allaiter, certaines n'ont pas un allaitement qui fonctionne bien. On ne culpabilise pas celles qui ne veulent pas ou qui ne peuvent pas ", précise-t-elle.

Mastose et cancer

Avoir une mastose mammaire entraîne un risque cancer du sein plus important. "Les seins sont plus glandulaires et plus denses, plus difficiles à lire à la mammographie. On sait que cela entraîne un risque, donc on surveille. Le docteur Letombe conseille donc de bien les examiner une fois par mois, ou par autopalpation : "Dans ce cas, si une femme sent quelque chose, elle ne doit pas s'affoler : cela peut être aussi bien un petit adénofibrome qu'un kyste, et dans tous les cas elle doit consulter."

Stress et mastose

Le stress peut aussi avoir un effet sur les seins mastosiques, car on sait que le cycle hormonal a un effet sur la mastose. Or, le stress peut avoir des effets sur le cycle : certaines n'ont plus leurs règles en période de stress intense, ou au contraire les règles peuvent arriver plus tôt à cause d'un événement. "Or, tout est lié, rappelle le docteur, le cycle hormonal dépend d'une sécrétion au niveau de l'hypothalamus et de l'hypophyse. Ces sécrétions sont en lien avec les neurones, qui peuvent être influencés par des problèmes psychologiques". On ne sait pas encore très bien quels sont ces liens, mais "on sait qu'il y en a" déclare la gynécologue. 

Diagnostic

Le diagnostic repose sur un examen clinique, donc la palpation des seins. Mais comme elle est difficile car les seins sont denses, une échographie et une mammographie numérique permettent un meilleur diagnostic. Si besoin, une tomosynthèse, c'est-à-dire une mammographie en 3D qui analyse le sein sous différents angles, permet de mieux l'analyser.

Comment soigner ?

Dans la plupart des cas, un traitement hormonal progestatif (pilule) est prescrit afin de limiter l'accroissement de la masse et les douleurs qu'elle entraîne. D'autres traitements sont possibles comme l'application d'un gel à la progestérone sur les seins ou, en complément (éventuellement), un traitement homéopathique. "Si une femme fait une échographie ou une mammographie et voit qu'elle a des kystes, il ne faut pas qu'elle s'affole : ça varie, et peut disparaître tout seul", insiste la gynécologue. Les kystes trop importants, de 3 ou 4 centimètres et qui sont douloureux, peuvent être ponctionnés, "mais ce n'est pas fréquent, précise Brigitte Letombe. S'il y a un kyste un peu gênant, en général, on revoit la patiente dans 3 mois pour vérifier qu'il est parti" . En effet, il est nécessaire de surveiller étroitement l'évolution de ces affections.

Merci au docteur Brigitte Letombe, gynécologue.