Retard de croissance intra-utérin : c'est quoi, causes, conséquences ?

Le retard de croissance intra-utérin désigne un fœtus dont la taille et le poids sont insuffisants pour son âge gestationnel. Quelles sont les causes du RCIU ? Comment est-il pris en charge ? Réponses avec Céline Bernabé-Dupont, gynécologue-obstétricienne.

Retard de croissance intra-utérin : c'est quoi, causes, conséquences ?
© Serhii Bobyk-123rf

Retard de croissance intra-utérin : c'est quoi ?

On parle de retard de croissance intra-utérin lorsque les mensurations du fœtus (périmètre crânien, fémur, tour de ventre, poids, taille) sont inférieures à celles de son âge gestationnel. "Le terme de retard de croissance intra-utérin est de moins en moins utilisé, on emploie plutôt celui de petit poids pour l'âge gestationnel ou PAG. Celui-ci se définit par un poids fœtal estimé inférieur au 10e percentile et le PAG est qualifié de sévère quand il est inférieur au 3e percentile, autrement dit les courbes les plus basses", précise Céline Bernabé-Dupont, gynécologue-obstétricienne spécialisée en échographie obstétricale

Quelles sont les causes du retard de croissance intra-utérin ?

Il existe différents facteurs de risque reconnus pouvant favoriser un petit poids pour l'âge gestationnel : 

  • Les facteurs de risque maternels : l'âge supérieur à 35 ans, la primiparité ou la grande multiparité, l'hypertension artérielle, une maladie chronique, une thrombophilie, un petit gabarit, la consommation de tabac et de drogues. 
  • Les causes fœtales : le RCIU peut être constitutionnel, c'est-à-dire que le bébé a un petit poids mais ne présente pas de pathologie associée. "Souvent, la maman a déjà eu d'autres enfants assez petits ou n'a pas elle-même un grand gabarit, et il n'y a pas de pathologie sous-jacente", commente la gynécologue-obstétricienne. On peut retrouver également des causes génétiques, chromosomiques, ou une infection fœtale (rubéole, toxoplasmose, Cytomégalovirus, herpès). 
  • Les causes placentaires : la pré-éclampsie est une pathologie du placenta qui se caractérise par une hypertension artérielle, une protéinurie (perte de protéines dans les urines) et des œdèmes. Résultat, les échanges fœto-maternels ne peuvent pas se faire correctement.

Quand et comment dépister un retard de croissance intra-utérin ?

Le petit poids pour l'âge gestationnel est dépisté de façon clinique par l'obstétricien ou la sage-femme par la mesure de la hauteur utérine, à chaque visite prénatale, à partir du 4ème mois de grossesse. "Cliniquement, on peut avoir une impression de petit bébé, mais c'est l'échographie de grossesse qui va permettre de confirmer le diagnostic. Pour cela, il existe une formule de calcul pour estimer le poids fœtal (on mesure son fémur, son tour de ventre, son tour de tête) que l'on rapporte sur des courbes de poids", indique le Dr Céline Bernabé-Dupont. Celle-ci va permettre de déterminer si le fœtus est dans la moyenne, en-dessous des courbes ou très en-dessous des courbes. 

Retard de croissance intra-utérin : quelles conséquences pour la maman et le bébé ? 

Les complications vont dépendre essentiellement de la cause du RCIU"En cas de RCIU vasculaire notamment, le fœtus peut être exposé à une altération du bien-être fœtal avec, à l'extrême un décollement du placenta ou un risque de mort fœtale in utéro. Pour la mère, il peut y avoir des complications vasculaires qui peuvent être rénales, hépatiques ou neurologiques", détaille la gynécologue-obstétricienne. Un bilan très complet va donc être mené afin d'évaluer ces complications et mettre en place une surveillance materno-fœtale rapprochée. Cette surveillance va permettre de décider en fonction du contexte la nécessité d'un déclenchement du travail ou d'une extraction en urgence, c'est-à-dire une césarienne

Quelle est la prise en charge d'un retard de croissance intra-utérin ?

Un bilan complet maternel et fœtal est effectué pour rechercher la cause du PAG/RCIU : bilan sanguin vasculaire et infectieux. En cas de suspicion de maladie fœtale sous-jacente plus complexe telle qu'une maladie chromosomique, une amniocentèse pourra être proposée. "Sera également effectuée une évaluation échographique du bien-être fœtal avec étude du liquide amniotique, des Dopplers ombilicaux et utérins qui évaluent la perfusion foeto-maternelle, ainsi que la réalisation de monitorings. En cas de signes évocateurs d'une complication chez la maman ou chez le fœtus, on va orienter la maman vers une maternité de niveau 3 et instaurer une surveillance rapprochée avec toute l'équipe pédiatrique et obstétrique jusqu'à l'accouchement ", ajoute la spécialiste.

Retard de croissance intra-utérin et futures grossesses ?

Si le premier bébé a connu un retard de croissance intra-utérin, les grossesses ultérieures seront surveillées, en fonction de la cause initiale du RCIU. " Tout dépend de la cause du retard de croissance intra-utérin. S'il est d'origine constitutionnelle, cela peut signifier que l'on a tendance à faire des petits bébés, mais si cela n'entraîne pas de complications particulières, on ne s'inquiète pas", observe la spécialiste. Quant à la pré-éclampsie, on estime qu'elle peut récidiver dans environ 30% des cas à la grossesse suivante. "C'est la raison pour laquelle on va mettre en place une surveillance rapprochée pour le deuxième enfant, dès le début de la grossesse, avec un suivi échographique et maternel régulier", continue-t-elle.  Quoi qu'il en soit, en cas d'antécédent de retard de croissance intra-utérin, la vigilance reste de mise pour les grossesses ultérieures. 

Autour du même sujet