Amusie : signes et causes de cette anomalie musicale

Difficultés à percevoir et à retenir une musique, à entendre une fausse note, à chanter juste... L'amusie est un trouble souvent congénital qui toucherait 1 à 2% de la population dans le monde.

Amusie : signes et causes de cette anomalie musicale
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L'amusie est un déficit de la perception et la production de la musique. Les personnes qui en sont atteintes sont dites "amusiques". Pour certain d'entre eux, la musique est assimilable à une langue étrangère ou simplement "à du bruit". Découverte de cette anomalie très particulière avec Barbara Tillmann, directrice de recherche CNRS, au Laboratoire d'Étude de l'Apprentissage et du Développement, CNRS-UMR 5022, Université de Bourgogne.

Quels sont les symptômes d'une amusie ?

L'amusie désigne un défaut de perception de la musique qui se manifeste alors que les fonctions liées au langage, à la cognition en général et à l'audition sont normales. Une personne amusique rencontre des difficultés :

  • A distinguer la hauteur des notes (différence entre les sons graves et aigus)
  • A reconnaître une fausse note
  • A percevoir et mémoriser une mélodie
  • A chanter juste

Une anomalie rare ? Combien de cas en France ?

"On ne peut pas répondre à cette question spécifiquement pour la France. On estime – en général – que environ 1-2% de la population pourrait avoir une amusie congénitale. Les premières estimation étaient de 4% mais les estimations plus récentes indiquent plutôt 1-2%. Quant à l'amusie acquise, nous ne disposons pas de chiffres actuellement", indique Barbara Tillmann.

Quelle est la cause d'une amusie ?

L'amusie peut être congénitale (autrement dit présente dès la naissance) ou se manifester à la suite d'une lésion cérébrale (on parle d'une amusie acquise). L'amusie congénitale n'est pas due à un trouble cognitif de l'apprentissage ni à un trouble auditif ou à un manque d'exposition à la musique, mais pourrait être liée à une anomalie neuronale fonctionnelle et structurelle. En effet, des recherches comparant des groupes de personnes amusiques et non-amusiques suggèrent un traitement altéré de l'information musicale dans le cortex frontal et dans le cortex auditif dans l'amusie. Ces zones du cerveau contiendraient une quantité diminuée de matière blanche et un excès de matière grise. Une anomalie de communication entre cortex frontal et cortex auditif serait également en lien avec ces difficultés à percevoir la musique.

Quel test pour poser le diagnostic d'une amusie ?

L'amusie peut être détectée chez l'enfant et chez l'adulte au moyen de tests spécifiques, comme le test d'écoute musicale développé par le BRAMS (Laboratoire international de recherche sur le Cerveau, la Musique et le Son) de Montréal. "En revanche, l'imagerie cérébrale n'est actuellement pas utilisée pour détecter une amusie au niveau individuel", estime la chercheuse.

L'amusie, ça se soigne ?

L'amusie congénitale étant encore moins connue par rapport à d'autres troubles neurodévelopementaux, il n'existe à l'heure actuelle pas de stratégie de réhabilitation spécifique. "Mais comme les recherches permettent de mieux comprendre le phénomène, des études récentes commencent à explorer des pistes d'entrainement en perspectives de rééducation. Notre étude récemment menée au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon permet d'envisager des pistes d'entrainement du traitement des sons visant à améliorer la perception musicale", se réjouit la spécialiste.

Merci à Barbara Tillmann, directrice de recherche CNRS, au Laboratoire d'Etude de l'Apprentissage et du Développement, CNRS-UMR 5022, Université de Bourgogne