Quel est le rôle des hormones sexuelles ?

Œstradiol, œstrogène, testostérone... Les hormones sexuelles jouent un rôle important à tous les âges de la vie. Quelles sont-elles chez l'homme ? La femme ? Comment sont-elles produites ?

Quel est le rôle des hormones sexuelles ?
© lightfieldstudios - 123RF

Quelles sont les hormones sexuelles chez la femme ?

"Femmes et hommes synthétisent les mêmes hormones, mais à des niveaux différents. Du côté des femmes, l'hormone sexuelle par excellence est l'œstrogène, et plus précisément l'œstradiol (ou estradiol). Cette dernière est produite naturellement par les ovaires, et est la plus importante dans la famille des estrogènes chez les femmes, jusqu'à la ménopause", explique Sophie Christin-Maître, professeure d'endocrinologie à Sorbonne Université et cheffe du service d'endocrinologie à l'hôpital Saint-Antoine de Paris.

Quelles sont les hormones sexuelles chez l'homme ?

Chez l'homme, l'hormone sexuelle principale est la testostérone qui fait partie de la famille des androgènes. Elle est essentielle dans la vie sexuelle et reproductive d'un homme et joue aussi un rôle primordial dans son développement, lors de la vie fœtale, à l'adolescence et tout au long de la vie.

Quel est le rôle d'une hormone sexuelle ?

Le rôle d'une hormone sexuelle est très important pour de nombreux organes. Les hormones sexuelles sont impliquées dans le développement des organes génitaux chez le fœtus. Dans le cas des femmes, l'estradiol permet le développement des seins chez les jeunes filles, premier signe de développement pubertaire. De plus, l'œstradiol a une influence "au niveau de la peau, des os (il contribue à leur solidité et évite le développement d'une ostéopénie ou d'une ostéoporose)", explique notre experte, et au niveau vaginal, en empêchant la sécheresse vaginale. Il joue un rôle de protection cardiovasculaire chez les femmes avant la ménopause. Chez les hommes, la testostérone "joue un rôle sur la pilosité, la masse musculaire, la répartition entre la masse musculaire et le tissu adipeux, ainsi que sur la fonction sexuelle et le cerveau", poursuit notre interlocutrice. 

Comment sont produites les hormones sexuelles ?

Chez la femme, l'œstradiol est produit par les ovaires, qui produisent aussi des androgènes. Chez la femme, les androgènes proviennent pour 50% des ovaires et  pour 50% des glandes surrénales, qui se trouvent au-dessus de chaque rein. Chez l'homme, la testostérone est sécrétée à 95% par les testicules, et à 5% par les glandes surrénales. Elle peut être transformée en œstrogène, en particulier dans la graisse.

Quels sont les troubles des hormones sexuelles chez la femme ?

Chez la femme, un déséquilibre hormonal peut survenir lorsque les ovaires ne fonctionnent plus, ou si la commande ovarienne ne fonctionne pas, c'est à dire que l'hypophyse et l'hypothalamus, respectivement une glande endocrine et une région du cerveau, ne sécrètent et ne régulent pas les neurohormones comme il se doit. Cette classe d'anomalies de la commande ovarienne, appelées hypothalamo-hypophysaires, peuvent être causées par un manque de lipides dans l'alimentation, ou par une activité physique trop importante, qui met la balance énergétique en déficit. Une femme peut aussi souffrir d'un excès de testostérone, souvent causé par le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) et plus rarement par une tumeur bénigne ou cancéreuse. Un trop-plein d'androgène chez la femme peut se manifester par un hirsutisme (une pilosité augmentée), une acné hormonale, une perte de cheveux ou encore des troubles menstruels. A l'inverse un excès en hormones féminines est "très rare" en dehors de la grossesse, d'après la spécialiste. Les seules circonstances où il existe un excès d'hormones féminines sont lors de procédure de procréation médicale assistée (PMA), car on stimule beaucoup de follicules pour obtenir beaucoup d'ovocytes et les taux montent de façon importante pendant quelques jours.

Quels sont les troubles des hormones sexuelles chez l'homme ?

Côté masculin, ceux qui pratiquent beaucoup de musculation peuvent provoquer eux-mêmes leurs troubles hormonaux en s'injectant de la testostérone. "Cela perturbe le foie, fait augmenter le taux de globules rouges et donc le risque d'accident vasculaire cérébral (AVC), diminue les hormones créées par la personne, et engendre un défaut de production de spermatozoïdes", commente le Pr Christin-Maître.

Quels sont les troubles des hormones sexuelles mixte ?

Chez les deux sexes, des anomalies génétiques comme le syndrome de Turner chez la femme ou le syndrome de Klinefeler chez l'homme peuvent altérer la production hormonale lors du développement de la puberté ou plus tard dans la vie. "L'absence de puberté se manifeste chez les garçons par une taille testiculaire plus petite que la norme, une absence de mue de la voix et de pilosité, puis une masse musculaire faible. Il est souhaitable de consulter en l'absence de puberté à partir de 13 ans chez les filles, et 15 ans chez les garçons", explique le Pr. Christin-Maître. L'absence de puberté à l'âge de 18 ans ne peut être un simple retard pubertaire. Dans ces cas-là, il est possible d'induire la puberté par des traitements hormonaux.

Que faire en cas de troubles d'hormones sexuelles ?

Le médecin traitant peut soupçonner un déséquilibre hormonal. S'il s'avère après prise de sang que ce dernier est un déficit en œstrogènes, la première chose à faire est de compléter les analyses pour savoir si l'anomalie se situe au niveau de la gonade ou de la commande gonadique. Une IRM de la région hypothalamo-hypophysaire peut être nécessaire. En cas de déficit avéré, une pilule œstroprogestative peut être prescrite, ou un traitement à base d'hormones naturelles en comprimés, gel ou autocollants. Si le déséquilibre hormonal est relatif à la gonade, l'organe sexuel qui produit des gamètes, il faut faire un caryotype, autrement dit une analyse des chromosomes, qui permet ou non de poser le diagnostic d'une maladie génétique responsable de l'insuffisance ovarienne.

Merci à Sophie Christin-Maître, professeure d'endocrinologie à Sorbonne Université et cheffe du service d'endocrinologie à l'hôpital Saint-Antoine de Paris.