Audition : définition, trouble, dépistage

L'audition est notre capacité à percevoir les sons grâce à notre appareil auditif, un système très sophistiqué mais également très fragile et dont il faut prendre soin. Zoom sur l'audition avec le Pr. Bruno Frachet, ORL, ancien chef de service à l'hôpital Rothschild à Paris et membre du conseil d'administration de la Fondation pour l'Audition.

Audition : définition, trouble, dépistage
© Robert Przybysz

Qu'est-ce que l'audition ?

L'audition désigne l'ensemble des processus liés à la capacité de percevoir des sons qui nous entourent. Une audition normale présente un bon fonctionnement des oreilles, notamment un conduit auditif externe dégagé, les structures vibrantes que sont le tympan, le marteau, l'enclume, l'étrier parfaitement libres, la trompe d'Eustache, bien ouverte, l'oreille interne, la cochlée et le nerf auditif sensibles et capables de transmettre l'influx nerveux vers les aires auditives du cerveau. Celles-ci analysent les ondes sonores captées par le pavillon de l'oreille. "L'audition normale est une audition automatique et irrépressible. On entend et on comprend sans effort, et on ne peut pas s'empêcher de comprendre la parole dans notre langue maternelle. Mais nous ne sommes pas égaux : on est plus ou moins fragile aux agressions sonores, en fonction de sa susceptibilité personnelle", précise Bruno Frachet.

Comment entend-on ?

"Les vibrations sonores passent par le conduit auditif externe et viennent frapper le tympan, véritable peau de tambour. Comme le marteau est attaché à cette membrane, sa mobilisation va entraîner la vibration des trois osselets de l'oreille moyenne, le marteau, l'enclume et l'étrier. L'étrier met ensuite en vibration les liquides de l'oreille interne et les cellules ciliées qu'ils contiennent. A leur tour, elles envoient un influx nerveux qui arrive aux aires auditives du cerveau via les voies nerveuses de l'audition. Tous ces mécanismes prennent du temps, le temps nécessaire pour que le message soit petit à petit élaboré, pour passer du son au sens : la compréhension du message sonore. Le message est compris en quelques 300 millisecondes", développe notre expert.

Quels sont les troubles possibles liés à l'audition ?

Presbyacousie, surdité, hypoacousie, hyperacousie et acouphènes sont les principaux troubles de l'audition. "Dès l'instant où on n'entend pas une personne parler alors que le niveau sonore environnant  n'est pas trop élevé, il y a un problème : la difficulté de comprendre la parole dans le bruit, avec un fond sonore musical ou si plusieurs personnes parlent en même temps est le premier signe d'une atteinte auditive", avance Bruno Frachet. Ces troubles peuvent être causées par :

  • Un catarrhe tubaire: "L'oreille moyenne dysfonctionne car la trompe d'Eustache, responsable de l'équilibre des pressions de part et d'autre du tympan, n'est pas en parfait état : elle s'ouvre mal chez le petit enfant. Cela peut alors provoquer une rétraction du tympan (comme la sensation lors du vol en avion ou en téléphérique), qui peut être à l'origine d'une perte d'audition. Il faut bien sûr y être particulièrement attentif car un petit enfant qui n'entend pas bien aura des difficultés dans l'acquisition du langage".
  • Une perforation du tympan : "cela ne vibre plus et l'oreille moyenne n'est plus protégée, lors des bains avec un risque d'infection chronique de l'oreille et une perte d'audition. C'est réparable grâce à une greffe de tympan."
  • Une atteinte de l'un des osselets : "une opération chirurgicale est possible avec un remplacement de l'osselet abîmé par un osselet artificiel."
  • Un blast auriculaire : "il s'agit d'une augmentation brutale de la pression, lors d'une explosion, à l'origine de lésions tympaniques et d'une perte de l'audition."
  • Les traumatismes sonores professionnels ou de loisirs : "la prévention est primordiale dans ce domaine, concernant les traumatismes sonores de loisirs particulièrement. Si vous vous exposez trop longtemps aux sons trop forts sans vous protéger, vous risquez de subir un traumatisme sonore qui abimera votre audition de manière parfois temporaire mais aussi irréversible, en fonction de votre propre sensibilité."
  • La surdité congénitale, d'origine génétique, avec des malformations plus ou moins facilement repérables en imagerie,
  • La maladie de Ménière, maladie de l'oreille interne avec sa triade classique surdité, vertiges, acouphènes, dont les causes ne sont pas encore bien établies,
  • Un traumatisme mécanique direct : "la gifle ou le coton tige !"
  • Une atteinte du nerf auditif (neurinome, sclérose en plaques)
  • Les Oreillons
  • L'otospongiose responsable d'un blocage de l'étrier. 

Comment les dépister ?

On classe ainsi les pertes de l'audition :

  • légères (perte auditive de 20 à 40 dB),
  • moyennes (perte auditive de 40 à 70 dB),
  • sévères (perte auditive de 70 à 90 dB),
  • profondes (perte auditive de 90 à 120 dB).

"L'otoscopie permet de vérifier l'oreille externe et l'oreille moyenne. On procède aussi à des tests qui permettent de mesurer l'audition (audiogramme) ou à de l'imagerie (IRM, scanner) pour voir ce qui se passe", ajoute le professionnel.

Quels tests pour mesurer l'audition ?

  • L'audiométrie tonale est le test le plus courant. Il consiste à rechercher des réactions en réponse à des émissions de sons purs, avec des fréquences allant le plus souvent de 125 Hz (graves) à 8 000 Hz (aiguës),
  • L'audiométrie vocale permet d'évaluer la compréhension. Le sujet doit répéter correctement des mots simples et courants à de différentes intensités,
  • Les otoémissions acoustiques sont des vibrations générées par les cellules ciliées externes de la cochlée suite à une stimulation sonore. Leur enregistrement permet de vérifier que ces cellules et l'oreille moyenne fonctionnent correctement. Il s'agit d'un bon outil de dépistage néonatal,
  • Les potentiels évoqués auditifs automatisés s'enregistrent grâce à des électrodes placées sur le cuir chevelu, en stimulant les oreilles avec une intensité sonore. Ce test permet de vérifier le fonctionnement de la cochlée et du nerf auditif.

Audition et âge

"Globalement on perd 1 à 2% d'audition par an", note notre expert. "Le nombre de cas (de surdité) ne cessant de progresser avec l'âge, la surdité affecte 6% des 15-24 ans et plus de 65% des 65 ans et plus", est-il encore précisé sur le site de l'Inserm. Outre les possibles traumatismes ou infections qui ont pu abîmer l'audition, la presbyacousie, baisse de l'audition liée à l'âge, touche une grande majorité de personnes dans la deuxième partie de leur vie . "La presbyacousie est bilatérale, à peu près symétrique. C'est une surdité qui prédomine d'abord sur les sons aigus. L'un des premiers signes est le fait de ne pas comprendre la parole dans un environnement bruyant. La presbyacousie est très progressive. Il n'y a pas de traitement ou de médicament mais la possibilité de la compenser par l'appareillage auditif. Mais il faut prendre soin de son audition en évitant tout ce qui est dangereux pour l'oreille afin de ne pas cumuler les risques", met en garde Bruno Frachet. Lorsque la perte d'audition est nette, mieux vaut envisager le port d'appareil auditif, plutôt que de s'isoler.

Merci au Pr. Bruno Frachet, ORL, ancien chef de service à l'hôpital Rothschild à Paris et membre du conseil d'administration de la Fondation pour l'Audition.